Il a été mon acteur français préféré des années 70-80, et je l'avais oublié... Dans son roman Alain Zannini, Marc-Edouard Nabe lui rend magnifiquement hommage. Il est mort il y a dix ans, exactement.
Magazine Journal intime
[extrait] 27 décembre 1999, disparition de l'acteur Pierre Clémenti
Publié le 27 décembre 2009 par Tilly
" C'était un grand acteur maigre et magnifiquement autodétruit, avec une grâce folle. Jamais vous n'aviez touché des mains d'homme d'une telle douceur. Quand on se voyait, je les lui prenais dans les miennes, rien que pour essayer de le croire ! Pierre avait tourné avec Visconti, Bunuel, Bertolucci, Garrel l'a glissé dans le lit de la Vierge (où il jouait... Jéus) ! Le cannibale golgothant sur l'Etna dans la Porcherie de Pasolini, c'est lui ! Pierre voulait jouer le personnage d'un de mes contes (un type sur la paille qui vend ses organes un à un pour rembourser ses dettes), mais moi, je lui disais qu'il valait mieux qu'il incarne le Chevalier à la Triste Sainte Face. Pierre était le seul Don Quichotte crédible valable, splendide. Les cheveux, le regard, la bouche, la voix. Il suffisait qu'un cinéaste lui trouve une Rossinante, un Sancho Pança, trois moulins à vent et puis, c'était bon... Ah ! Pierrot ! Toujours entre deux titubements, toujours plus beau, toujours plus élégant... Un jour, avec Gérard, son toubib, on l'a ramené à l'aube rue Amélie, la petite rue où Denoël avait ses locaux dans les années trente, et où Céline avait publié son Voyage. Voyageur de nuit au bout de la rue Amélie, Pierre a disparu en zigzaguant. Et il est mort, vous ne devinerez jamais quand...