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"Orature" plutôt que "littérature orale"

Publié le 28 décembre 2009 par Contesetmerveilles
Christian Montelle [http://www.meirieu.com/ECHANGES/Oral%20et%20langue.pdf] nous enseigne que  : Le terme de "littérature orale" est un oxymore, une tournure de style qui dit quelque chose et son contraire : cette obscure clarté qui tombe des étoiles. Littérature vient du latin : littera, « lettre », puis litteratura, « écriture », « grammaire », « culture ». La lettre relève à l'évidence de l'écrit, comme le phonème relève de l'oral.
Avant l'invention de l'écriture, on utilisait le mot orature, terme qui a été remis à l'honneur par Rémy Dor et Claude Hagège. Il est aussi d'usage dans les pays anglosaxons.
On entend par orature l’ensemble des genres dont le mode d’expression est la voix, et qui s’entrepose dans la mémoire, à la fois des narrateurs et des auditeurs. Elle sollicite principalement l’ouïe, le sens global, celui de l’invisible.
Orature et littérature ne se contentent pas de figurer le monde, elles veulent le refigurer. C’est-à-dire qu’elles ont des visées esthétiques et éthiques, au contraire des textes dont l’objectif est la seule information/communication ou l’aliénation d’autrui.
L'orature (adjectif : orataire) est un élément de parole élaboré : un "texte" d'orature (même réduit à une syllabe) a fait l'objet d'une manipulation discursive. On distinguera donc soigneusement ce qui est "oralisé" de ce qui est "vocalisé" : l'orature ne relève pas du style parlé, mais d'un registre formalisé. A la suture des domaines de l'orature et de la littérature, on inscrira une "orature littéraire" (prolongements écrits de textes oraux), de même qu'une "littérature orale"(textes écrits conçus pour être dits) et une littérature oralisée (textes littéraires qui sont donnés oralement).
Bibliographie : La Parole contre l’échec scolaire, (La haute langue orale), Christian Montelle, L’Harmattan, Paris, 2005
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On croit généralement que c'est Paul Sébillot qui utilisa cette expression pour la première fois en 1881 lorsqu'il fonda avec Charles Leclerc, associé de Maisonneuve, la collection des Littératures populaires de toutes les nations, à laquelle il a donné notamment : La littérature orale de la Haute-Bretagne.
Il y eut un précédent par François-Marie Luzel en 1869, dans « Contes et Récits populaires des Bretons Armoricains », un article publié dans la Revue de Bretagne et de Vendée [t.XXV, 1869, p.103-108.]. Fanch Postic  précise [http://www.lahic.cnrs.fr/berose/spip.php?article24] qu’il divisait l’expression de « littérature orale » en « poésie, qui comprend les chants populaires de toute nature » et en « prose, qui comprend les contes, les récits, les superstitions », proposant une classification des genres qui n’est en définitive pas si éloignée de celle qui est encore généralement encore en usage.
Accéder au site officiel de Jean-Pierre MATHIAS, conteur breton professionnel

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