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Vaghe stelle dell’Orsa... Le billet de Nestor

Publié le 28 décembre 2009 par Angèle Paoli
Le billet hebdomadaire de Nestor (12)




Chirico La_matin_e_angoissante__1912
Giorgio De Chirico
La Matinée angoissante, 1912
Huile sur toile, 81 x 65 cm
Museo di arte moderna e contemporanea
di Trento e Rovere
Source


VAGHE STELLE DELL'ORSA... Aux frères d'un autre temps, à ce qu'ils sont, à ce qu'ils furent, où qu'ils soient... L’image déjà s'altère, laissant le monde loin derrière nous, poison qui s'étend et déforme, nains bavards, apôtres aux bouches tordues, adulateurs fardés, morts consumés...

Des regards le prisme lointain, des voiles la patience et le don, des confins le scabreux achèvement, en nous et entre nous déplié, dernier rempart face aux blessures du monde.

Dans le présent qui ferre, rien ne soulage du don échu , ne suspend l'appel, ne sépare ce qu'on ne sait gravir, ni oubli du Retour, ni aube des feux, ni ce qui, deux fois tué, s'égale pourtant au monde.

Noms se consumant dans d'âcres feux, cosses du réel sans rédemption... Le sachant, traverser sans hâte la petite cour, prendre garde à ne pas faire crisser le gravier, ôter aux pires choses leur gravité...

Tu l'envers, le jumeau d'ombre, tu l'envol qui fait tache, ignore les sources, destitue les confins, fabrique pour nos seules parades des prothèses, des miniatures, des stèles, des proverbes, des nomades...

Aucun acte n'est du, le mystère est en nous, pas dans nos mots, soupesant sans leurre les choses et les fins, rapprochant ce que le temps durcit et sépare, démêlant ce qu'on se plut à brouiller, pétrissant l'ombre, éparpillant le miel empoisonné...

Au Malin de dire ce qu'est réel, groins dormants, esprit des lieux, flux, gisements, pistes, échos, feux, miels, voies, racolages, émeus, nids, ruses, miettes, masques, coulées et fins se renvoyant, démâtant des chevauchées comme de l'enclos le fard, le pli, l'envol, la voyance...

Le regard ne respecte pas l'autre s'il prétend ou imagine fonder ce qu'il vise : c'est pourquoi l' < étéron > des Grecs à jamais nous affranchit de toute tentation d'avilir autrui comme de nous y soumettre...


corolles éparses dans l'embrasure
au ras des tuiles le vert étouffe à
vif sur le triangle des routes menant
à l'insoumise et nos profils au seul
travail des lentes tumeurs ô lumières
galets humés que jamais plus la
bride sa propre glu et l'hameçon en
détritus de sang ne dérivèrent dans
la fêlure les fentes où le pollen des
algues reflue golfes sans débuts sans
pieuvres auxquelles nerfs des repères
nous buvions nous déplissant dans
l'aire femelle flaminaire à la petite
semaine parmi les dernières allures
de la houle fiel désossé dans l'appât
des flancs illumine nous glisse entre
leurs sexes rive spasme ignorant la
rêche âpre électrique du vent de tes
lunules en îles débit en marge des
flux sur le croissant du clair là au
noeud des crochets déménageant la
frange stalactites de la fixe pleuvante
genèse lettres du sursaut pluies de
genoux dans les menottes se cambrant
sur les rides de cendre parmi les éventrées
suintent sur les reptiles tannés repris en
battements en fin plurielles phonies au
bout des griffes que balbutient nos souples
signes à l'extrême ciel criard comme l'avant-cendre
à tête de voyages de toutes les manières l'autre
possible louve désarticule les pavillons érige
la femme enclose des bords repeint le mât en
lèvres de lèpre s'étrangle qui retient dégouline
sans bouger la fouineuse dressée en flux des
glas antennes chercheuses irriguant nos cratères
arc entre les dorsales où clignotes te délies phare
de la vaginale durable érafle les langues recluses
charcute en nous la vide clôture des sourdes
vibre dans la friable fenaison la pénètre ô soulagée
par nos incendies traverse avec ou sans nids sur
la plus chaude révulsion des dons si pesante
submerge le bas des masques percute la dispersion
avec juste autour des plis en guise d'ardoise râle
sur le givre temps des fragments sur tes cuisses nos
vues rebues t'engendrent plus ou mal polluent l'envie
des cicatrices se dissipant aux bestiaires du feu la
cireuse aspirante où du premier goût erre de toutes
les vacantes la verticale les gonds des dents sur la
plus ronde jetée la fermeture de cap en roc flanche
s'arrime directe sur la peau des gouttes dedans l'envers
en manque de prothèses si seulement nous pouvions ne pas
si seulement oui nous suffire sans le revirement des pores
sinon nous insinuant encore sables chevauchant complices
nous prend qui rôde d'emblée qui sort des crissements à
nos mesures exige dans le métal transportant les battues
alors toujours séparées couchent les villes hautes frappent
des naseaux dans les environs où habite l'assise parure
où jamais ne saignent les distances non fissures se
déridant du soleil non

L'obscur n'a pas d'ennemis, des contradicteurs seulement. Il n'en est pas de même des lumières que l'on imagine.

Tout doit s'effacer, tout s'effacera. Le reste est indécence des seuils, babil...

Se laisser apprivoiser par l'écart, jamais par l'origine, déjà perdue, toujours perdue...

Les croisés de l'Ouvert ne reculent devant rien, ni devant l'offrande, ce nom propre de l'être, ni devant les veilles du soupçon, du défi des premières clartés, de ce rien inlassablement investi dans la toute-présence...

Comment ne pas arriver à être ceux que, désormais, nous serons pour toujours, passant d'une pénombre à l'autre, la course du soleil nous rendant à nos fourmilières ?

Ô l'instant que nulle chance ne dépossède ni s'approprie, celui qui à chaque fois est < tout > le temps en < même > temps...

Cette dernière heure comment l'ériger pour qu'elle demeure, ce souvenir pour que nous ayons faim de tout changer ?

Tous les mêmes, vous chez qui la contradiction ne bute pas sur la substance, mais sur ses formules, cette réification des causes, des forces, des songes...


André Rougier
D.R. Texte André Rougier


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