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La terre s’évade

Publié le 29 décembre 2009 par Angèle Paoli


La terre s'évade
Ph. angèlepaoli

LA TERRE S’ÉVADE

Traversées de pensées

le torrent roule ses eaux lourdes
les fusils claquent dans le soleil

j’invente sous la treille
la fraîcheur de l'aube
et le chant blême de la lune

la tour                                  là-bas
la tour de la mère protectrice
me tient serrée dans ses entrailles

― depuis quand et toujours ―

un chien jappe qui jamais ne cesse
emplit le vallon de sa gouaille
les châtaignes boguent dans la mousse
l'hiver est en suspens             à la lisière

l'avant-naître et l'après-

même solitude même silence lent

je cherche l'instant pérenne
qui me détache du passé       du futur
équilibre d'absence sur le fil

dans la tiédeur du jour
le vrillement incessant des insectes
je guette les signes avant-coureurs
de l'autre saison

[ les coupes sourdes dans le maquis
les rondins abandonnés
à la clairière neuve
l’odeur de bûche fraîche
le grelot qui rythme les heures
les trouées de trilles dans les chênes
les froissements d'ailes
qui brouillonnent les feuilles ]

la terre remuée s'évade
odeurs d’urine et de moisi

la mer plus proche
mer montgolfière
dure et sereine
monte à l'assaut du ciel

Immobilité du matin.

Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli


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