Ph. angèlepaoli
LA TERRE S’ÉVADE
Traversées de pensées
le torrent roule ses eaux lourdes
les fusils claquent dans le soleil
j’invente sous la treille
la fraîcheur de l'aube
et le chant blême de la lune
la tour là-bas
la tour de la mère protectrice
me tient serrée dans ses entrailles
― depuis quand et toujours ―
un chien jappe qui jamais ne cesse
emplit le vallon de sa gouaille
les châtaignes boguent dans la mousse
l'hiver est en suspens à la lisière
l'avant-naître et l'après-
même solitude même silence lent
je cherche l'instant pérenne
qui me détache du passé du futur
équilibre d'absence sur le fil
dans la tiédeur du jour
le vrillement incessant des insectes
je guette les signes avant-coureurs
de l'autre saison
[ les coupes sourdes dans le maquis
les rondins abandonnés
à la clairière neuve
l’odeur de bûche fraîche
le grelot qui rythme les heures
les trouées de trilles dans les chênes
les froissements d'ailes
qui brouillonnent les feuilles ]
la terre remuée s'évade
odeurs d’urine et de moisi
la mer plus proche
mer montgolfière
dure et sereine
monte à l'assaut du ciel
Immobilité du matin.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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