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Beau temps

Publié le 22 août 2007 par Frédéric Joli

Fernand penaude du mocassin à glands, me prend le manteau et le huit reflets trempés. Diable de saucée que je me suis pris là en remontant l’allée du château. J’ai presque pensé à courir, c’est dire. L’été est pourri, bon, les photons tout fades, ok, mes vernis crottés, bien. On va pas non plus en faire un sujet de conversation.

- Dis-moi, Fernand, j’ai croisé sous la pluie le père Maurice, il n’avait pas l’air en forme.

- C’est pas possible, patron, il est mort y’a trois mois. Vous aurez confondu, me goître-t-il en accrochant mes effets à la patère en fonte.

- Mais non, c’était bien lui. Il était avec sa Jacqueline. On a tous levé les bras en lieu commun vers les nuages noirs s’évidant.

- Mais c’est pas possible patron, elle est morte y’a six mois. On l’a retrouvée à l’église, la tête enfoncée profond dans le bénitier, lapide-t-il, vous vous souvenez pas ?

- Diable.

La cloche d’entrée m’interrompt. Fernand, tout inquiet, hésite, sue de ces grosses gouttes qui une fois oxydées laissent traîner en épais ectoplasmes ce que le plus fin oenologue qualifierait de fragrance d’écurie. Fernand hésite encore.

- Et bien, mon bon, ouvre donc, que diable !

Un gros perrone sous la pluie dans la maigre pâleur de la lampe tempête qu’agite Fernand en frileux fanal. Le type, finalement plus bouffi que gros entre dans la lumière, s’ébroue imperceptiblement, sourit d’une demi babine tractée vers l’oeil droit. Je le connais…

- Patron, c’est Elvis Presley ! Patron c’est comme le père Maurice et sa Jacqueline. Les morts sont de retour, patron.

- Les morts ne sont pas morts, corrige-je en considérant celui qui fit tant pour l’éveil à la libido des sixtie’s. Fernand, mon bon, t’aurais pas touché à la bécane à se balader dans le temps, par hasard ?

- ….

- T’es chiant… Bon alors on fait comment, maintenant ?

- Patron, il me semble apercevoir dans le parc Marylin Monroe au bras de Mendès-France et là-bas Django Reinhardt dans les bras de Johnny Weissmuller. Y’a les Marx, patron, y’a aussi les Marx, et pis Chaplin et Paulette Godard, et Gandhi et Louise Michel et…

- Bon… On réfléchit. Asseyez-vous monsieur Presley.

Aurore et Mata Hari toute ravies de la surprise se jailhouserockent en descente d’escalier.

- Bon… On réfléchit.


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