Un livre aux saveurs d'un temps passé, révolu et de l’enfance. Celui où l’on regarde avec le monde des adultes avec de l’innocence plein les yeux.
Avec « Le café de l’Excelsior », on replonge dans l’ambiance des estaminets aux rideaux décolorés par le soleil, aux banquettes usées où l’on buvait dès le matin un verre de vin blanc. Bien plus qu’un débit de boisson, c’était le lieu où l’on venait pour causer après sa journée comme un passage obligé avant de rentrer chez soi.
Philippe Claudel nous parle avec tendresse et respect d’un grand-père, qui élève son petit fils entre les bouteilles d’alcool, la solidarité et l’amitié de ses clients.
On retrouve le style limpide de Philippe Claudel et des clins d’œil malicieux remplis de poésie. Je vous laisse juger … :
« Grand-père était pauvre de trop boire. Il aimait son métier qu’il pratiquait comme un art. Et comme pour tout art, même si l’artiste possède des dons insolents déposés au berceau par quelque fée prévoyante, il lui convient de les entretenir en se livrant à la plus austère des disciplines : Grand-père ne faillissait pas à cette règle et chaque jour faisait ses gammes dès le petit déjeuner ; assis en face de lui, mes jambes ne touchaient pas le sol en planches, et je le regardais tremper sas tartines dans un bol de muscadet (…) ».
Une lecture aux odeurs de souvenirs délavés sans relent de la vinasse aigre et écœurante.