Je n’ai pas peur de ma mort, je sais exactement comment elle me prendra. Je sais qui veut me tuer. Mon père le fut par le général Zia, moi le serai par les dignitaires de l’ancien régime du général Zia, encore que ce sera peut-être les hommes du président Musharef lui-même qui m’assassineront pour ne pas devoir partager le pouvoir avec moi. À vous de le savoir !
À mon peuple, pardon pour avoir pris des risques inconsidérés et de vous avoir tués en me promenant ainsi dans les rues. Il y a des kamikazes partout où je passe. Votre mort à vous, c’est ma faute. Quel dommage que vous ayez à payer de vos vies à cause de mes ambitions personnelles. Soit dit en passant, briguer un troisième mandat de premier ministre du Pakistan va avoir raison de ma vie… et aussi de la vôtre !
Le 27 décembre 2007 à Rawalpindi, près d'Islamabad, à la suite d'une réunion électorale, n’y soyez pas. On va se faire exploser près de ma voiture. Aussi bien vous le dire tout de suite, je ne rendrai pas l’âme en me frappant la tête contre le toit ouvrant du véhicule, je suis beaucoup plus coriace. Je serai plutôt tuée par balles et après une énorme explosion suivra. Pour ceux qui crèveront avec moi, posez-vous la question : Qu’est-ce que ce sont que quelques centaines de vies sacrifiées pour un scrutin libre et équitable ?
Benazir Bhutto, fille de l'Orient, 1953-2007, une vie pour la démocratie et pour le pouvoir…
En visant BENAZIR BHUTTO, l'intégrisme islamiste fait son lit
On «kamikaze» Bhutto, on vise le monde occidental. On en veut aux irréligieux, aux droits égaux des citoyens et aux femmes. On assassine Bhutto à Rawalpindi, du même coup on enlève la vie d’au moins vingt autres personnes. On poignarde une nouvelle fois la démocratie. Une nouvelle fois aussi, on plonge le Pakistan dans la terreur, et plonge du même coup la campagne pour les législatives du 8 janvier dans le chaos. En visant Benazir Bhutto, l'intégrisme islamiste fait son lit.