Des pas qui se voulaient discrets se sont dirigés vers le salon, puis plus rien. J’ai fait un rapide bilan qui n’avait rien de rassurant : il y avait un intrus, un voleur, voire un terroriste dans mon appartement, j’habitais seul depuis plus d’un an et j’avais autant de talent pour les arts martiaux qu’un Teletubbies. Rien de tout cela n'offrait de résistance substantielle à l'inquiétude qui me gagnait.
Pour entrer si tard et si bruyamment chez les gens alors qu’ils dorment, le terroriste devait être hardi. Ou drogué. Ou les deux, en plus d'être affligé d'une légère débilité mentale qui lui voilait tout espoir d'empathie, et il devait sûrement posséder la musculature d'un King Kong. Comme il était sans doute venu pour se faire un petit système audio facile, je ne tarderais pas à entendre mon équipement électronique tomber dans une grande poche de hockey... Mais malgré une écoute digne des meilleures antennes de la NASA, je n'entendais plus de bruit. Rien. Niet. Aucun son, que du silence. J’ai attendu encore un peu avant de respirer. Le voleur semblait s’être évanoui. J’ai hésité sur la marche à suivre : devais-je faire le sourd? Le mort? L'endormi ou le redresseur de tort?
Bien qu’elle était de loin la moins agréable, la dernière option m’a semblé la seule valide. J’ai décidé d’aller voir, en essayant de ne pas penser aux conséquences possibles de mon geste. J’étais aussi nu que j’en étais capable, et je suis capable de beaucoup quand on parle de nudité. Mon coeur battait dans mes lobes d’oreilles. Avant de sortir de ma chambre, j’ai pris le premier objet, la première arme qui m’est tombée sous la main.