Magazine Journal intime

All my best wishes

Publié le 10 janvier 2010 par Lephauste

Je m'appelle Stéphane Boucherat. Je suis né le 14 Décembre 1959 à Paris, 14e arrondissement, à 21 heures 15. A l'école des sages-femmes de Port Royal, boulevard du Port Royal. Mon père ? Un homme comme tout le monde, lâche et courageux, comme tous les hommes, qui avait ailleurs femme et enfants. Ma mère ? Une femme qui pour l'occasion l'est devenue, pleine et entière, ne s'en est jamais remise tout à fait. Une fille-mère sans qu'entre les deux stades de son évolution darwinesque il y ait eu autre chose que le pensionnat, l'exil du pensionnat, la geôle amère du pensionnat. Une fleur de pavot vite cueillie, vite éclose, vite froissée. La suite pourrait faire un roman, un très très bon roman. Mais je déteste ces pavés où des centaines de pages se consacrent aux racontars, aux anecdotes où les héros s'en sortent à la fin couverts de fleurs et de regrets éternels. En gros la littérature m'emmerde et ceux qui en font profession me font honte. J'en connais tant qui n'ont de cesse que de vous vendre à prix d'or leur pain dur et font de vos deniers un capital de départ qu'ils portent chez le banquier afin de s'offrir le petit pavillon de banlieue dont ils vous conteront, contre écot, les aventures savoureuses: Mon chien a la diahrrée ! Tu devrais en faire une nouvelle ! Mes érections sont véléïtaires ! Ah le beau poème que cela va rendre!

Le petit bourgeois, celui qui constitue la vraie, la seule société dont l'économie de marché et la politique s'occupent au plus près de leurs intérêts, avec ses désirs meurtriers de classe moyenne, serait créatif ? Tiens donc. Qu'on m'en amène un seul et je vous le démonte comme une pièce de mécano TM avant de le renvoyer au rebut de ses rêves de possession. La possession, cela seul le caractérise. Avoir ! Avoir ! Avoir ! Et quand il s'occupe du reste c'est toujours en espérant ne pas perdre cet avoir qui le rend délicieusement débile et par beaucoup d'aspects fort intéressant, du point de vue entomologique. Pourtant il s'ingénie, il prend fait et cause, il se révolte aux heures prévues à cet effet, il communique, il communie bien que se déclarant et fier de l'être tout à fait agnostique. Non il n'emploie pas le mot agnostique, il n'en connaît pas le sens du fait que sur kelkon.com les enchères aux mots rares n'ont pas encore commencé. Il communie dans l'idéal des idéaux commode à rabâcher : T'as vu ce qu'ils disent qu'ils vont faire ?

Mais pourquoi donc cette haine, cette détestation de ce qui fait la force vive par l'esclave consentant de la mondialisation ? Oh pour rien ! Pour que dans le gruau de mets savoureux et bio il ne manque pas cette pincée de sable hors laquelle le brouet ressemble à la merde que cela finit invariablement par produire. Vous voulez connaître l'homme blanc, la pâle engeance invariablement coloniale ? Demandez lui combien de fois par jour il va à la selle. Le reste n'est que du discours. La classe moyenne aime le discours, il lui évite d'avoir à faire preuve d'un peu d'imagination dans son comportement quotidien, il la valide en tout ce qu'il y a de pire à faire en se convaincant que cela ne peut pas être pire puisque le voisin fait pareil.

Vous me remettrez, je vous prie les 96 000 000 ... je ne sais même pas écrire million en alignant des zéros, pourtant j'en connais des zéros, j'attends le prochain cataclysme ... millions de doses de vaccins sur le marché du tiers monde en voie de développement durable bien qu'émergeant en termes de pays.

La poésie ? La poésie ? La poésie ? La poésie ? Mais madame la poésie c'est un suicide qui ne mâche pas ses mots, une ponctuation qui ne se soulage pas sur la gueule de l'illettré, une respiration qui ne sent pas les aigreurs d'estomac. Rimbaud n'est pas la poésie. Mallarmé n'est pas la poésie. Verlaine n'est pas la poésie. Albert Camus n'est pas la poésie ni aucun de ceux des noms desquels vous vous rincer la bouche avant d'aller faire dodo papattes en rond. La poésie ? Mais c'est Hitler, votre poète favoris. Sinon pourquoi y aurait-il en Europe et autour autant de camps d'extermination par la misère? La poésie, la vraie je veux dire, ce sont ces milliards de messages promotionnels dont nous sommes abreuvés et qui font de nous de vrais petits chiens obéissant à l'injonction. Achète-moi ou tu perds ton emploi ! Achète-moi ou les chinois vont bientôt violer tes filles et égorger ton compte épargne ! Achète-moi ou alors....

All my best wishes ! C'est le moment de faire des voeux ! Les voici :

Je souhaite ardemment que ce monde basé sur l'hypocrisie schyzophrène s'éfondre dans un concert de pets aussi gras que la sanie dont depuis l'époque de la science déïfiée, reine de l'égoïsme, il se goberge en distribuant avec parcimonie les petites pièces qui lui crèvent les poches. Je fais ici le voeux solennel de voir un jour ce monde crevé de ses ulcères variqueux en un concert apeuré à l'adresse de Dieu qui bien que n'existant pas, se fout quand même pas mal de la gueule des croyants, agnostiques ou pas. Je fais aussi le voeux de ne pas en réchapper, ni par le fait de vivre encore un peu, ni par les souvenirs que je suis sensé laisser. J'aurais été meilleur que les autres ? Eh, ça se saurait!

N'empêche, pour conclure un petit poème, que j'ai plagié bien évidement :

J'ai avec moi quatre anges

Quatre anges étranges

Quatre anges dérangés

Le premier se nomme Jordan

Le second Alexandre

Le troisième Arthur

Et le dernier Gabriel

Comme il se doit.

Quatre ange Dérangés

Entre Yvelines et Essonnes

Le premier dit : Y neige !

Le second rit

quand la dame du GPS dit :

A trois cent mètres

Apprêtez vous à continuer

Tout droit!

Le troisième inspecte avec attention

La ceinture de sécurité

Et le quatrième comme il se doit sourit.

Quatre anges dérangés

Dont on me dit qu'ils sont autistes

Ça tombe bien je réponds:

Je le suis aussi!

Quatre anges dérangés

Étrangement dérangés.

Je vous souhaite pour finir, une aussi noble compagnie que celle-ci, qui chaque matin me fait me sentir d'une humanité quelconque, heureusement quelconque.


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