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Terrassette

Publié le 11 janvier 2010 par Deathpoe

Je jette ma clope et entre dans le café sous les prières. Etrange, ça me rappelle quelque chose, pourtant d'assez récent. A la télévision, l'enterrement de Séguin. Effectivement, le ton est donné. Pas de quoi sauter au plafond, pas de quoi non plus ramener plus de monde dans ce bistrot. A part peut-être vicelards et inconditionnels.


C'était l'enterrement de ma grand-mère, à la mi-décembre. Pour ne pas changer, j'étais à la bourre et était arrivé peu de temps après le début de la messe, longeant l'allée gauche pour ne pas trop me faire repérer. S'ensuit un ennui conséquent, je ne suis là que par respect et politesse, autres noms que prend le principe d'obligation, mais sous une meilleure tournure. En gros, la même chose que de se présenter à un partiel ou un repas de famille, question de commodités.
La cérémonie était chiante, hypocrite. Le curé la présentait comme une femme pleine de bonté et de gentillesse, alors que je l'avais toujours connue aigrie, le regard méchant. Le dernier souvenir que j'en ai, c'est celui d'une vieille qui se verse un autre verre de vinasse infecte, et qui ne s'égaille que lorsque l'on sort le champagne.
Eh mère-grand, t'as rien vu venir, fait péter la bouteille!
Anonyme, politicien ou artiste, le dernier voyage a tout l'air d'être toujours aussi chiant. Tant mieux si vous avez fait quelque chose de votre vie, la messe durera encore plus longtemps. Sinon tant pis pour vous, on vous oubliera d'autant plus vite. Après coup, on vous fait disparaître des répertoires téléphoniques, des registres de la mairie et des impôts. Votre compte en banque est encore la chose qui perdure le plus de temps après vous. Factures à payer, mort ou pas, tu raques.
Peut-être que je flippais complètement ces dernières semaines. Juste une avancée funeste, je ramasse mon cercueil en y rangeant mes papiers. Que l'attente soit longue ou non, la fin aura toujours son dernier mot. Plutôt réjouissant, non?
Cette nuit, après un joint plutôt corsé, j'étais out, je décollais de mon propre corps et allais fouiller les strates temporelles supérieures. Si j'y mets du mien, peut-être que tout roulerait à peu près correctement. Et puis je me suis endormi, ni sérénité ni peur au ventre. Rien. Si ce n'est la vision du fantasme de ma propre mort.

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