La poésie a toujours été un
obscur objet de la littérature pour moi. Sacrilège, criez-vous, mais j’avoue, je n’ai jamais rien entendu à cet art de mettre les mots à l’envers dans les phrases pour faire une rime à la fin.
Blasphème suprême, je n’ai jamais lu Les Fleurs du Mal, et je m’en tape le coquillard ! Moi ça m’énerve la poésie. Pour moi, strophe rime avec récitation rougissante et tremblante devant la
classe qui ricane en douce, et mon pire souvenir en matière de poésie restera toujours les Djinns de Victor Hugo (http://www.victor-hugo.info/poemes/25.html). Oui, oui, défoulez-vous : Outrage majeur ! Honte sur
Je suis injuste, je le sais. Je sais qu’il existe des pièces magnifiques, des poèmes de grande beauté, des œuvres bouleversantes et brillantes, dont ces fameux Djinns entre autres, paraît-il. C’est comme l’art contemporain, tiens. Je n’y comprends rien, mais après tout je n’essaie pas de comprendre : ça ne me touche pas, voilà tout. Que l’on s’extasie donc sur les vers de Verlaine, mais qu’on me laisse mon indifférence.
Alors imaginez, de la poésie en anglais ! Sainte Mère de la Rime ! Assez vite, je commençai à m’ennuyer. J’avais mal au dos, mal au derrière sur mon minuscule tabouret, je voulais partir mais je n’osais pas bouger. J’attendais donc poliment que ça se termine en lorgnant la longue liste des poètes annoncés, et en me répétant mentalement un mantra punitif : « Ces gens sont formidables, sois positive, profite de ce moment de partage, etc. » Enfin, ce genre de conneries, ces trucs qu’on lit dans les magazines et qui ne marchent jamais ! Et qui non seulement ne marchent jamais, mais me culpabilisent, évidemment. Car ils sous-entendent assez clairement que si je m’ennuie à la soirée poésie, à écouter des rimailleurs du dimanche (du mercredi en l’occurrence) débiter leurs sonnets en anglais dans tous les accents de la terre, c’est parce que je suis grincheuse. Flagellation, honte, doute, mal au cul. Je me tais, j’attends sagement la fin.
À suivre…