Il avait la manie de se photographier et de photographier son reflet, pour le meilleur et pour le pire, souvent pour le pire. Elle lui demandait parfois :
- Mais pour quoi tu te prends toujours en photo ?
Il lui faisait toujours la même réponse :
- Pour m’habituer.
La photographie qu’il préférait, c’était son reflet dans le sucrier. Il s’était presque trouvé beau. Il faut dire que la distance, la déformation et l’objectif de l’appareil y étaient pour beaucoup. En regardant la photo, elle lui avait dit, charitable :
- Ah oui, tu as raison, celle-ci est réussie !
C’est d’ailleurs cette photo-là qu’elle avait choisie de mettre sur sa table de nuit, en souvenir de lui. Et tous les soirs, une fois que le chien s’était installé sur son lit, à 22 heures tapantes, elle ne manquait pas de lui dire :
- Il était beau, hein, ton maître ?
Le chien semblait opiner de la tête et s’allongeait à ses côtés en poussant de petits grognements de plaisir.
PS : Texte écrit à partir de cette photo de C. V.