4e résolution : adopter la Méthode Coué.
Probabilités de succès : 50%.
Sans garantir un succès complet, cette 4e résolution répond au souci de renforcer mes chances de parvenir à honorer la première résolution. Elle doit par ailleurs m'aider à faire de même pour celle qui suit.
Mais qu'est-ce que la méthode Coué ?
Contrairement à une idée fort répandue, la Méthode Coué n'a pas du tout été inventée au tout début du XXe siècle par Emile Coué, fils d'Exupère Coué (employé des chemins de fer) et de Catherine Prévost (dont on ne sait pas trop ce ce qu'elle faisait).
Que nenni.
La méthode Coué est une expression qui nous vient du Berry, province Française bien connue des amateurs de pâté berrichon ou encore de la recette des œufs à la couille d'âne (un peu moins plébiscitée il est vrai).
A la fin du XVIIIe siècle, non loin de la commune de Chateauneuf-sur-cher (où naquît François Ernest Mallard, cristallographe et minéralogiste fort apprécié dans le coin), vivait Paolo Giacomo Benutti, prêtre d'origine italienne venu s'installer en France et reconverti dans la culture du cerfeuil tubéreux.
La racine de cette plante herbacée de la famille des Apiacées, se consommait alors comme un légume. Pour une raison qui partage encore les scientifiques du monde entier, Paolo s'obstinait à vouloir en faire pousser dans son petit jardin. Beaucoup prétendent que c'était en réalité pour la manger. Ce qui ne paraît pas totalement incongru, vu que le pauvre homme n'avait rien d'autre à béqueter.
Quoiqu'il en soit, en dépit des efforts répétés de Paolo, rien ne poussait. Pas plus de cerfeuil tubéreux, que de carotte, de pomme de terre ou de gisement aurifère dans le jardinet (shrubbery en anglais) de Paolo.
Les paysans du coin avaient pris l'habitude de se retrouver pour observer ce curieux prêtre sans soutane qui maugréait inlassablement, les deux mains posées sur les genoux et la tête inspectant cette terre berrichonne avare de cerfeuil tubéreux.
"Perché ?", "Ma perché ?" s'interrogeait le vieil homme désespéré avec son accent chaleureux, vestige roucoulant de son passé Toscan.
Peu férus de langues étrangères, les observateurs berrichons demeuraient perplexes ; ils avaient fini par penser que ces "Perqué" s'apparentaient à une sorte de formule magique visant à favoriser l'éclosion des plantes en questions.
Alors à force d'entendre l'ancien ecclésiastique entonner chaque semaine sa mélopée, les bougres surnommèrent Paolo le Père Coué.
Mais quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'un jour, les plantes tant attendues firent miraculeusement leur apparition dans le rectangle vert du Père Coué.
Les incantations quotidiennes avaient produit l'effet escompté : de magnifiques cerfeuils tubéreux étaient enfin apparus. L'obstination avait porté ses légumes fruits !
Plus tard, forte d'un succès qui dépassa rapidement le contour exigüe de sa terre berrichonne, la méthode du Père Coué fut largement exploitée comme technique de pensée positive et d'auto-suggestion dédiée à l'agronomie en général et à l'agriculture en particulier.
Étonnant, non ?
Récemment, il semblerait même qu'un homme politique Français ait utilisé la méthode du Père Coué, chaque matin devant son miroir en se rasant.
Tout porte à croire que la technique a fonctionné, puisque certains supputent qu'à force de "raconter des salades" et à défaut d'avoir fait pousser du cerfeuil tubéreux, l'individu en question, est bel et bien devenu une "grosse légume".
J'avais prévenu : en 2010, dix fois plus de conneries qu'en 2009 (3e résolution).