Dans cet horizon, la silhouette de Marie-Ange s’impose peu à peu. On s’attache à ce jeune garçon qui fait une entrée difficile dans la petite école de campagne mais qui, à force d’acharnement, parvient à saisir l’intérêt de la culture que lui transmet son maître. On le suit au fil des chapitres dans une aventure qui le fait quitter la terre natale et choisir son destin et « une autre migration » comme l’indique le sous-titre du roman.
Pas la migration subie par le « bégule » (jeune homme embauché pour rendre service dans une ferme du département limitrophe – le Morbihan -) mais une migration choisie, celle qui passe par Paris. Belle scène de départ en micheline de la petite gare de Loudéac : « l’odeur était particulière, une odeur de bois, de cuir, de fer mouillé et de tabac froid, c’était sans doute ça, le voyage ».
L’audace du jeune homme est
récompensée. Et cette audace gratifie le lecteur d’une aventure dans les milieux des peintres de Montparnasse. L’ouverture d’esprit de Marie-Ange et cette culture solide nourrie de bon sens
l’amène à réussir et à oser l’imprévisible… Marie-Ange a compris le message des artistes qu’il côtoie, et il semble qu’il soit aussi le message du livre : l’œuvre d’art doit chercher avant
tout à provoquer une interrogation. Qu’on relise phrase qui clôt le roman : « L’art suprême n’est pas la peinture mais l’art de montrer du
doigt ce qui serait à voir ».