Elle s’était échouée dans ce café parce que le ciel déversait ses trombes d’eau et qu’il n’avait pas l’intention de s’arrêter. Il était 9 heures, elle n’avait rien à faire de particulier, sinon attendre que l’averse se passe. Quand elle était entrée, les hommes au comptoir s’étaient retournés d’un seul mouvement. Ils devaient déjà écluser leur deuxième verre de vin. Elle s’était assise non loin du comptoir pour mieux écouter le ronron de la vie ; le café n’était-il pas l’un des rares endroits où l’on pouvait être seul et avec les autres ? Soudain un type à la voix sonore déclara :
- Hier à trois heures de l’après midi, y faisait tellement nuit, qu’on aurait dit qu’cétait l’heure de l’apéritif !
Elle sourit et se dit que finalement la vie ne devait pas être si compliquée que ça. Elle héla le garçon :
- Un porto s’il vous plait !
Elle crut lire de la surprise dans ses yeux, mais sans doute se trompait-elle. Son congé maladie se terminait le lendemain, elle allait devoir à nouveau affronter la vie…