Ma tête et ma plume

Publié le 14 janvier 2010 par Tazounette


C’était tôt ce matin : des mots, des mots se pressent et frappent à ma porte !

Comment leur expliquer qu’ils ne peuvent venir en foule ainsi, sans prévenir ? Dire juste un coucou et vouloir la place à tout prix… Que dois-je faire ensuite ?

Trier, choisir, écrire, réfléchir, me raviser, en prendre d’autres, recommencer ? Quel travail !

Parfois ils viennent en cascade, on ne peut que les poser sur le papier, les uns après les autres dans un ordre qui sied à merveille. Tout semble couler de source. Dès le premier jet, on sent le résultat déjà presque là… Quelques retouches à parfaire mais l’essentiel est là.

Cependant, il arrive que rien ne vienne ! Comme une porte close soudaine ! Je l’avais pourtant laissée ouverte, qui est passé par là ? Une page blanche et cette difficulté pour la remplir. Les mots se heurtent mais ne trouvent pas leur place. Point de sens ! Ou un sens sans musique. Parfois les mots ne chantent pas et on a beau les lire, ils ne conviennent pas ! En trouver d’autres ? C’est si difficile à forcer, une plume qui ne veut pas s’exprimer… Et si on la laisse reposer, notre tête refuse cette attente ! Elle peste, elle crache, elle rue, mais pas de mots qui viennent...


Pendant tant d’années j’ai suivi ses caprices ! Suivi le flot lorsqu’il était à ma porte puis abandonné en cours de route parce que la source s’était tarie, comme ça, sans prévenir. Pfuit ! Partis par la fenêtre ! Pas de formule magique pour la réamorcer ! Regarder, impuissante, sa plume pleine hier, et si vide au matin...

Maintenant c’est assez ! Ne plus la laisser faire ! Je refuse d’être le jouet d’une plume, fusse-t-elle d’oie ou doigt sur mon clavier… Je suis décidée ! Elle ne se jouera plus de moi ! Je la laisserai épuiser son flot lorsqu’il voudra passer par moi, puis, quand elle se voudra silencieuse, je la forcerai, je la plierai pour donner malgré tout. Et avec application, sans renier à la tâche, en revenant sur mes mots aussi longtemps ou souvent que faire ce peut, parvenir, par petites touches à mettre du miracle même s’il ne veut pas.

Mon rêve est celui-là ! J’ai cette joie au cœur, cet accomplissement, quand, après le travail, je mets un point final. Un poème, un texte, un conte, une nouvelle. Rien ou bien quelque chose. Des mots, des phrases, des idées qui se battent parfois et d’autres qui désertent. Je veux comprendre cette tête qui tantôt est prolixe et tantôt se réserve.

J’ai tout mon temps. Je veux juste comprendre d’où vient cette musique dans mes mots et l’apprivoiser, un peu. Avec patience. Dorloter cette tête qui me pousse à créer.

Parce que mettre en mots (maître en mots), tel est mon rêve.