Magazine Humeur
Philippe Séguin au Panthéon
Publié le 14 janvier 2010 par Hermas
Comme vont les choses, tout de même. Du temps qu'il était vivant, M. ... comment s'appelle-t-il déjà ? La presse n'en parle déjà plus... A oui, Philippe Séguin était un empêcheur de politiquer en rond, redouté ou détesté à qui mieux mieux, à qui on avait trouvé une charge qui lui permettait de parler de temps en temps, par rapport interposé, sans que personne ne l'entende. Mort, le voilà devenu un grand homme. Mieux, LE grand homme. Dans la société politicienne, on ne soupçonnait pas, à dire vrai, qu'il existât un homme d'Etat. Or voici qu'il est né par son décès. Il est dès lors de bon ton d'incliner la tête. Il n'est pas jusqu'à Radio Notre-Dame pour sacrifier, ce matin, à l'exercice cultuel. Une journaliste y est même allé jusqu'à y dire qu'il "incarnait l'identité nationale" ! C'est quand même fort. Je ne saurais vous dire la suite car, exaspéré, j'ai éteint ma radio. Mais fort quand même : il incarnait l'identité nationale et nous ne le savions pas ! Comme il arrive avec des saints - saint François d'Assise, par exemple - nous avons vécu avec lui sans savoir ce qu'il était. Et dire que l'on se creusait la tête au sujet de cette identité alors qu'elle avait, tout près de nous, un visage familier ! Grande figure du Gaullisme. Là encore, ce gaullisme n'a jamais été une telle référence, ressuscitée en particulier par Mitterand, que depuis qu'il est mort. On aime, à ce qu'il paraît, ce genre de procédé. Grand gaulliste, donc, dont il n'est pas question, en revanche de rappeler qu'il vient du socialisme ni des raisons qui l'ont rapproché du gaullisme au moment de la guerre d'Algérie. Peu nous importe tout cela, au fond, ni que l'on salue en lui un grand commis de la République. A l'heure qu'il est seul compte pour nous ce qui compte désormais seul pour lui, et pourquoi nous adressons une prière : le bien de son âme. Ce qui est étonnant, comme souvent, c'est la démesure de l'événement et le conformisme qui l'entoure, avant de sombrer, comme toujours, dans un prochain oubli.