Quid à propos du téléchargement ?

Je reprend ce que j'ai lu récemment sur le Monde.fr en y ajoutant ma touche personnelle et compléments d'information, car finalement, même si je suis contre la Loi Hadopi telle qu'elle a été mise en place, rien n'est jamais tout blanc ou tout noir. Ce serait trop simple.
Alors voyons voir ces "assertions fréquemment posées" (par opposition aux "Question fréquemment posées" ;-) ).
Côté Pro-Hadopi d'abord :
"La France est la championne du monde du piratage" : FAUX
Cette petite phrase de Christine Albannel (dont on rappellera qu'elle confond la suite OpenOffice avec un pare-feu...) est semble-t-il erronée puisque selon l'étude Ipsos menée l'an dernier, sur 501 personnes interrogées en France, seules 15% déclarent avoir téléchargé illégalement de la musique ou des vidéos. Contre 78% (musique) et 73% (vidéos) pour la Chine (505 personnes interrogées), 64% et 45% en Russie ou encore 44% et 34% pour l'Espagne (501  personnes interrogées pour ces deux derniers également).
Nous sommes même derrière les Etats-Unis où seuls 18% admettent télécharger de la musique et 14% pour la vidéo (sur 1011 personnes).
"Le téléchargement illégal pénalise surtout les petits artistes" : FAUX
Qu'il soit question de musique, films ou jeux vidéos, les principales cibles sont les blockbusters. Ce sont donc les plus "gros" qui souffrirait de ce manque à gagner. Toutefois, il faut bien reconnaître que par effet de ricochet, les labels sont de plus en plus hésitant à produire de "petits artistes" par peur de l'effet "piratage"... mais ceux-ci bénéficiant des effets de Buzz Internet (comme Slimy par exemple avec son titre "Wake-up") finalement, se faire connaître via Internet pour se faire produire ensuite n'est pas une si mauvaise solution, non ? Et si les prix des musiques (20 € un CD de musique en moyenne), des films (entre 20 et 25 € pour un DVD ou un Blu Ray) et des jeux vidéos (autour de 60€ le jeu neuf pour Wii, Xbox ou Playstation 3...) n'étaient pas si prohibitifs (on nous bassine avec les marges, mais je suis sûre qu'il y a moyen de faire des prix plus "juste" sans que les artistes soient perdants au change).
"Le téléchargement illégal finance les réseaux terroristes et mafieux" : ?
Rien n'a vraiment été prouvé concernant les plateformes de téléchargement illégal et les réseaux illégaux mafieux ou terroristes.
Toutefois, en ce qui concerne la production et la vente de DVD contrefaits, le lien existe, notamment en Italie, Hong-Kong, Irelande ou Amérique du Sud.
Mais je dirais qu'il s'agit là d'un autre marché qui n'a strictement rien à voir avec la loi Hadopi et le téléchargement illégal.
C'est une chose de télécharger un fichier, c'en est une autre de commander / acheter des DVDs contrefaits (et encore faut-il pouvoir savoir que ce sont des "faux" ! Là, on n'est plus sur des sacs de haute couture où la différence est visible à tous points de vue !).
"450 000 films sont téléchargés chaque jour en France" : ?
Encore une affirmation de Christine Albanel, qu'il est impossible de vérifier à ce jour. Pour ce faire il faudrait prendre en compte toutes les sources potentielles de téléchargement : réseaux peer-to-peer (la mule, torrent...), directdownload, newsgroups... et si on savait faire ça, nous n'aurions pas eu besoin d'Hadopi.
"Le P2P [peer-to-peer : La Mule, Torrent...] est la seule source de réticence des internautes à payer pour des contenus" : FAUX
Une enquête de la commission Européenne a tenté de démêler le vrai du faux de cette assertion : il en résulte que seuls 20% des Internautes interrogés paieraient uniquement si tout contenu gratuit disparaissait. 30% serait prêt à payer si les prix étaient plus bas, 15 à 20% de plus seraient convaincus si la qualité, la disponibilité et un choix plus vaste étaient disponibles.
Je suis sûre, mais cette enquête ne le dit pas, qu'il y en aurait aussi bien plus d'intéressés si les plate-formes d'utilisation n'étaient pas exclusivement réservées à Microsoft et son combo Windows / Lecteur Windows Media. En tout cas, personnellement être obligée d'utiliser Windows, cela m'insupporte. Ok, je suis bien propriétaire d'une licence XP, mais j'utilise presque exclusivement Linux.
Limite ça ressemble à de la vente liée, et donc, forcée... pas très légal tout ça !
"Le téléchargement illégal nuit à l'économie" : Partiellement faux
Certes il existe un manque à gagner mais il est difficile à chiffrer, puisqu'il y a une large part de ce téléchargement où les gens n'auraient de toute façon pas acheté les contenus en question... mais il a aussi un effet positif en stimulant la demande (il arrive qu'on télécharge un artiste inconnu, qu'on aime et qu'on achète ensuite ses produits).
"A cause du piratage, les studios de cinéma créent moins de films" : FAUX
Certes les grands studios ont légèrement moins tournés de films en 2008 mais le cinéma indépendant s'est développé, résultat pour les Etats-Unis, une augmentation de 1,8% de films se sont tournés là-bas.
Et pour enfoncer le clou : le cinéma ne s'est jamais aussi bien porté qu'en 2009
avec une progression 5,7% des entrées et un record de celles-ci depuis 1982 !
Et pour finir les anti-Hadopi :
"Le téléchargement est dû au prix trop élevé des disques et des films" : VRAI
Une autre étude que celle cité un peu plus haut démontre que 36% des sondés ont déclarés avoir téléchargé un fichier de façon illégale au moins 1 fois au cours des trois derniers mois. 49% des "adeptes" (je n'aime pas ce terme, que je trouve inadéquat) du téléchargement illégal estiment que le prix de vente des fichiers en ligne devrait être moins élevé que celui des magasins surtout pour du contenu "virtuel" (on achète les fichiers mais pas la boite, pourquoi ce serait le même prix ou presque ?!).
"Le téléchargement n'empêche pas français d'aller au cinéma" : VRAI
On l'a vu pour 2009 : meilleure année du nombre d'entrées au cinéma depuis 30 ans.
L'année a vu des films de qualité mais je crois que c'est aussi grâce à la prolifération des cartes de fidélité telles que celles où vous payez environ 20€ par mois pour autant d'entrées que vous désirez, à toute séance et tous les jours. Certes, on est tenu à une chaîne de cinéma particulière mais l'avantage est intéressant si vous êtes vraiment un cinéphile.
D'autre part, ça tend à prouver que la "globalité" a tendance à fonctionner et rapporte quand même (les cinémas "perdent" peut être un peu d'argent sur les entrées si les gens rentabilisent bien leurs cartes mais beaucoup d'entre eux se rattrapent sur les friandises en vente juste avant l'accès aux salles ;-) ).
"On télécharge illégalement parce que l'offre légale est mauvaise, sorties des films en VOD beaucoup trop tard, distribution en ligne de mauvaise qualité..." :
VRAI
Une étude réalisée par l'observatoire de la Musique (que vous pouvez télécharger gratuitement et en toute légalité ;-) ICI) montre que si la part de marché de l'offre numérique musicale se monte à 8,1% des parts de marchés, elle pourrait fort bien se développer mieux si les catalogues et conditions d'utilisation des contenus étaient plus adapté au Net.
Ce constat doit pouvoir aussi s'appliquer aux films.
"Hadopi est déjà dépassée, l'avenir est à la diffusion des oeuvres en streaming" : VRAI
En terme de volume de données, et d'après le site Wired.com, serait passé entre 2007 et 2009 de 40% à 18%. Et pour expliquer cette chute, le site avance le développement  des sites de streaming comme Youtube ou Dailymotion.
En France ce marché aurait progressé de 318%. Affaire à suivre donc, en espérant que ce développement ne se fasse pas selon les préconisations du rapport Zelnik ^^"
"Le téléchargement illégale pénalise surtout les maisons de disques pas les artistes" : partiellement vrai
L'Adami estime que pour les contrats de variété française grand public (la soupe commerciale en somme) le taux moyen des "royalties" reversées est de 8%.
La perte est donc surtout encaissée par les maisons de disques mais comme celles-ci se montre plus frileuse à signer de nouveaux contrats, les "petits" artistes ont du coup du mal à décoller.
Toutefois, mais là je n'ai pas de sources à citer malheurseuement, ce devait être un reportage à la télévision, où les journalistes disaient que de plus en plus de labels indépendant se créaient. Ce qui maintient ainsi une diversité dans les genres de musique, il me semble, car les maisons de disques ont souvent tendance à rester dans le genre "soupe commerciale" ^^"
"L'industrie du disque et du cinéma est condamnée à disparaître" : FAUX
Il a bien été démontré au cours des décennies passé que ces industries savaient s'adapter : à l'apparition de la radio, de la cassette puis des dvd et des enregistreurs dvd etc...
Il n'y a pas de raison que ce ne soit pas le cas dans la configuration actuelle. Il faut juste qu'ils admettent que le modèle économique est en train de changer et qu'on ne peut rester à ce qui existait...
"Il est impossible d'interdire le téléchargement illégal" : VRAI
Il n'existe pas de moyen technique ou législatif capable (à ce jour ?) d'éradiquer complètement le téléchargement illégal. Toutefois, pour les pro-Hadopi, il ne s'agit pas ici de stopper complètement cette activité, mais de la rendre suffisamment compliquée pour dissuader une majorité d'internautes de la pratiquer.
Toutefois, je dirais qu'il ne faut pas être une lumière pour suivre quelques liens permettant de protéger ses échanges de données... et donc sa vie privée car après tout, ça me donne quand même beaucoup l'impression qu'en plus d'être surveillée dans la rue (caméras vidéo), sur la route (radars), au bureau ou à l'école/université (charte d'utilisation des outils informatique que l'on fait signer en général aux employés / étudiants), lorsque je fais mes achats (via les cartes bancaires), lorsque je me déplace (GPS) quand je téléphone avec mon mobile (il est possible de craquer ces ondes là aussi... bon moins vrai pour les 3G et consorts) ou même le fixe (ultra "facile" là ^^")... et bien même mon ordinateur et mes connexions sont encore plus fliquées.
Y'a de quoi vraiment sentir le poids de Big Brother, même sans forcément naviguer sur des sites illégaux ou pratiquer le téléchargement pirate.
Mais j'y ajoute un bémol : certes on peut trouver des sites et des services vous garantissant l'anonymat sur Internet, mais il faut faire attention à ce que ces entreprises font des données qu'elles collectent de vos surfs. Oui, vous avez l'anonymat, mais elles, elles ont les données que vous transmettez... et je ne parirais pas nécessairement sur leur honnêteté. Alors faites attention où vous naviguez avec ces outils ! (j'éviterais de consulter mes comptes bancaires par exemple...)
Bon, ce n'est pas un "super" article, néanmoins j'espère qu'il aura répondu à quelques questions que vous pouviez vous poser.