Magazine Humeur

Belle, grande et chaleureuse

Publié le 16 janvier 2010 par Fbaillot

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Voici ce que j’ai déclaré lors de la traditionnelle cérémonie d’échange des vœux ce vendredi 15 janvier à Templemars

Je ne pouvais commencer mon allocution ce soir sans vous parler de la catastrophe qui frappe à nouveau Haïti. Vous le savez, ce pays qui est l’un des plus pauvres du monde vient d’être frappé par un tremblement de terre très violent. Le nombre de victimes est encore tout à fait imprécis mais tout laisse à penser qu’il sera très élevé. Et surtout, les dégâts risquent d’être amplifiés par l’absence d’infrastructures routières, sanitaires, d’organisation administrative, de gouvernement en fait. Cette catastrophe naturelle vient s’ajouter aux cyclones auxquels les Caraïbes sont régulièrement soumises, et à l’état de déliquescence dans lesquels les gouvernements successifs ont laissé ce pays.

Nous ne pouvons nous désintéresser de ce qui se passe dans cette région du monde, même si elle nous paraît très lointaine. N’oublions pas qu’on parle le français en Haïti, parce que la France y a été présente depuis le XVIe siècle. On y a exploité l’or, puis le tabac, l’indigo, la canne à sucre, la banane. On y a aussi organisé la traite des esclaves, venus d’Afrique par dizaines de milliers pour travailler la terre.

Alors, une nouvelle fois, nous faisons appel à votre générosité pour venir en aide à une population meurtrie, comme nous l’avons fait précédemment pour le tsunami de 2004 en Asie, comme nous l’avions fait en 2008 après la tornade qui avait ravagé Hautmont, Maubeuge et Boussières-sur-Sambre. Nous avons mis en place à l’entrée de la salle une urne destinée à recueillir vos dons. Nous l’installerons ensuite en mairie. Privilégiez si vous le pouvez des dons par chèque libellé à l’ordre de la Fondation de France-Solidarité Haïti. Et je demanderai au conseil municipal d’accompagner votre générosité.

Comme vous sans doute, je suis scandalisé qu’au moment où l’on bombarde la lune avec des engins planétaires pour voir ce que cela donne, au moment où l’on construit une tour de 800 mètres pour rien, on ne soit pas capable de se mobiliser pour trouver les moyens qui suffiraient à juguler la faim dans le monde et remettre des pays comme Haïti sur de bons rails. Pour d’autres raisons pas toujours très avouables, on trouve des milliards beaucoup plus facilement pour venir par exemple en aide aux banques mises en difficulté par les élucubrations des traders et leurs produits sophistiqués qui nous ont plongé dans la crise financière que vous connaissez.

Comme vous, je suis choqué que la répartition de cette aide généreuse ne soit pas toujours réalisée dans des conditions très décentes.

Comme vous enfin, je sais qu’il y a dans notre monde d’autres causes injustement délaissées, que les lumières des télévisions évitent, et qui mériteraient elles aussi qu’on s’y intéresse.

Mais nous ne pouvons nous réfugier derrière ces excuses, parce que les Haïtiens attendent tout de nous. Je me rappelle avoir accueilli dans notre région il y a quelques années des journalistes haïtiens, dont je n’ai pour l’heure aucune nouvelle. Je sais simplement que ce sont des gens courageux, conscients de l’image catastrophique que les dirigeants successifs donnent de leur pays. Ils aiment leur nation, leur peuple, leur histoire, et ils ne supportent pas d’apparaître continuellement comme des assistés. Mais aujourd’hui, il faut que nous venions massivement à leur secours, pour qu’ils puissent un jour sortir de la spirale du chaos et de la déchéance.

J’aurais aimé vous accueillir ce soir sur une note plus heureuse. Je souhaite que l’actualité ne vous empêche pas de vivre une année 2010 heureuse, solidaire, active, sereine.

Je voudrais pour commencer vous proposer quelques visages qui ont marqué pour moi l’année que nous venons de vivre.

Et d’abord, ceux de Marie et Alfreda, nos deux centenaires, que nous avons honorées en cette fin d’année. Toutes deux se portent fort bien. L’une comme l’autre ont vécu une vie de travail, simple, entourées de leur famille, et toutes deux sont encore actives, elles font leur ménage, leur cuisine, et observent la vie autour d’elles avec intérêt. Marie fait elle-même son pain ! Toutes les deux, elles nous rappellent une vérité que nous devons avoir à l’esprit : nous serons de plus en plus nombreux à traverser ainsi un siècle d’existence. Nous nous efforçons de nous y préparer, les élus, les responsables de la vie publique, mais aussi les citoyens, avec Odile Wattrelot et sa commission de l’action sociale, des personnes âgées et de l’emploi, pour que cette vieillesse soit enrichissante pour tous.

Les visages souriants de nos footballeuses ensuite, qui se sont hissées en 3e division nationale et qui s’y comportent fort bien, elles sont quatrièmes de leur division, après 13 journées. On leur souhaite de continuer sur leur lancée, parce qu’elles constituent pour notre commune un formidable drapeau. Et elles assument ce rôle avec beaucoup de cœur et un formidable esprit de fairplay et de respect de l’adversaire, des valeurs que le sport business oublie trop souvent. Et elles représentent aussi l’ensemble des sportifs de la commune, les footballeurs, mais aussi les basketteurs, les judokas, les karatekas, les joueurs et joueuses de tennis et de tennis de table, de badminton, et puis nos chers amis de la pétanque, les cyclos, les amoureux de la marche à pied, j’espère que je n’oublie personne. Tous contribuent à la bonne santé de notre commune, et j’adresse à nos sportifs, avec Jean-Jacques Vitel et sa commission de l’animation, de la culture et de la vie associative nos meilleurs vœux pour cette année, et la saison en cours.

D’autres visages encore, ceux des bénévoles de la banque alimentaire. Ils étaient venus nous voir parce qu’ils souhaitaient amplifier la collecte annuelle organisée chaque année en novembre. Nous avons fait appel à la vie associative, et une quinzaine de personnes ont répondu à l’appel pour une opération de porte à porte dans chaque maison de la commune. Résultat : une collecte pratiquement trois fois plus  importante que les années précédentes : 800 kgs de victuailles collectées en une seule journée ! Alors remercions tous ceux qui ont participé à cette réussite, les responsables, les quêteurs, qui ont pris sur leur temps, les donateurs. Mais surtout ce soir je voudrais que nous rendions un hommage tout particulier au travail que fait cette association tout au long de l’année dans la commune, et qui a permis par exemple à une vingtaine de familles de vivre un vrai réveillon dans de bonnes conditions, grâce au colis de produits frais qui leur a été remis ce soir là. Si d’aventure, certains d’entre vous souhaitent s’investir auprès de l’équipe de la Banque alimentaire, ils seront je crois les bienvenus.

Les visages des enfants aussi, au sein du « relais des assistantes maternelles indépendantes du bonheur » qui existe à Templemars depuis décembre 2008. Quelques jours avant Noël, ils étaient plusieurs dizaines à se retrouver salle Desbonnet, avec leurs parents, avec Elodie, l’animatrice de ce réseau, avec Pascale Mathelin, adjointe chargée de l’enfance, de la petite enfance, de la vie scolaire et périscolaire, et avec le père Noël qui leur remettait de petits cadeaux, après une petite animation réalisée par les nounous qui se retrouvent très régulièrement pour échanger, pour travailler mieux ensemble. Cet après-midi, les sourires n’étaient pas feints, tout le monde était heureux, petits et grands, de se retrouver.

Et puis je garde en mémoire deux visages qui nous ont quittés.

Celui de Marie Queiroga d’abord, qui accueillait le public à la mairie, et qui est partie beaucoup trop vite, victime d’une rupture d’anévrisme imprévisible, à 33 ans. Chacun a en mémoire le sourire de Marie, qui prenait un très grand soin à recevoir chaque administré avec bonne humeur et compétence, quels que soient ses propres soucis. Il nous reste le sourire de Marie, qui me paraît représenter pour nous, pour les élus et pour le personnel municipal et pour longtemps le dévouement et le service public, le service du public.

Le visage de Michèle Dejonghe, celle qui avait suivi Noël, mon prédécesseur, dans ses combats, souvent dans l’ombre, mais avec une immense persévérance, une attention sans faille pour ses amis, pour sa famille, pour sa commune, pour ses idéaux. Michèle est partie pratiquement deux ans jour pour jour après Noël, vaincue par la maladie, et dans l’espérance de retrouver dans l’au-delà celui qu’elle aimait. Nous qui sommes restés, nous pouvons penser que quelque part tous les deux, ils nous regardent. Et nous nous efforçons d’être dignes de ce qu’ils nous ont montré.

Cela fait bientôt deux ans que je suis maire de Templemars. J’y éprouve toujours le même plaisir, aux côtés de l’équipe municipale, à la tête d’une administration qui cherche chaque jour à améliorer son efficacité, à contribuer à notre vivre ensemble.

Philippe Séguin, ce grand homme d’état qui vient de nous quitter, disait que parmi les multiples fonctions qu’il avait exercées, celle de maire de la ville d’Epinal gardait pour lui sa préférence et une couleur toute particulière. Je ne partageais pas tous les combats de cet homme remarquable, mais je lui vouais depuis longtemps beaucoup de respect. Et je crois moi aussi que la place et le rôle des élus de proximité sont un élément essentiel de la vie citoyenne de notre pays.

Alors je dois vous dire que comme l’immense majorité des 36000 maires de France, je vois se profiler les réformes institutionnelle et financière en cours avec quelque crainte. Je ne veux surtout pas laisser penser que je suis hostile par principe à la réforme. Tout le monde reconnaît que le « millefeuilles » de notre vie administrative et institutionnelle est devenu incompréhensible et qu’il doit gagner en simplicité, en efficacité. Tout le monde est d’accord pour dire que la taxe professionnelle telle qu’elle était devenue n’était pas juste, frappant plus durement l’outil de travail que le capital par exemple.

Mais de tels bouleversements de notre vie quotidienne nécessitent beaucoup de doigté, et surtout l’instauration d’un grand dialogue pour renforcer ce qui constitue le ciment de notre société. Plus que jamais, nous avons besoin d’une démocratie dont les gens se sentent proches, pas de superstructures créées d’en haut, incapables d’écouter les vrais besoins d’une population, d’un quartier, d’un groupe d’habitants.

Et comme beaucoup d’autres de mes collègues, et notamment les maires des communes voisines, nous craignons que les projets actuels, engagés à marche forcée, ne continuent de déshabiller nos prérogatives et ne fassent des élus de proximité des marionnettes sans réel pouvoir.

Par exemple, le statut de métropole qui élargirait les compétences des communautés urbaines, en même temps que leur surface géographique, pourrait nous priver de toute possibilité de dynamisme financier. Vous le savez, nous faisons partie de la communauté urbaine de Lille, dont je suis conseiller communautaire. A ce titre, nous ne sommes touchés qu’indirectement par la réforme de la taxe professionnelle, puisque celle-ci est perçue par la communauté urbaine qui nous reverse une dotation annuelle, équivalant au dernier montant de TP que nous percevions en 2002, au moment où nous avons basculé en Taxe professionnelle unique.

Je crois que nous avons largement profité de notre appartenance à cette communauté des communes de la métropole lilloise. Vous savez par exemple que la réhabilitation de la rue Jules Guesde, l’artère principale de notre commune, a été menée par les services communautaires pour le plus grand bien de la commune. De même, il y a quelques années, la construction de bassins d’écoulement des eaux pluviales nous a permis de venir à bout des problèmes d’inondations récurrentes dans certains quartiers. Avec Joël Laloy et sa commission des travaux et de l’entretien du patrimoine, nous avons travaillé à ces projets en coordination étroite avec les services de la voirie communautaire, qui ont acquis dans ces domaines une très grande technicité, parce que c’est leur travail quotidien. Jamais nous n’aurions eu ni les moyens, ni les compétences pour mener seuls ces projets à bien.

Mais il est question que l’ensemble des taxes communales soient bientôt perçues par la future métropole, dont on comprend mal aujourd’hui comment les élus seront désignés.

Nous perdrions ainsi toute souplesse dans la gestion du budget municipal, et nous ne savons pas précisément comment les communes, et notamment les petites communes comme la nôtre seraient représentés dans cette superstructure. Et si, comme nous le craignons aujourd’hui avec Geneviève Lefebvre, adjointe chargée des finances et de la jeunesse, dans quelques temps ces recettes et la contribution versée par l’Etat en compensation venaient à diminuer, il y a fort à parier que nos recettes diminueraient, sans que nous ne puissions intervenir par notre dynamisme en matière de commerce local, d’implantation économique, de constructions de logements, etc…

Je ne veux pas prolonger ce soir cette réflexion, je pense simplement qu’il est indispensable de maintenir l’autonomie des communes, qui leur permet de coller au plus près aux aspirations des habitants.

Mais nous ne baissons pas les bras, et par exemple, avec mes collègues des communes voisines, nous amplifions les outils de coopération intercommunale. Les communes de la couronne sud  de Lille entretiennent depuis longtemps des relations étroites. Nous travaillons ensemble sur l’emploi et l’insertion, sur la prévention de la délinquance, sur nos projets culturels, et nous voulons amplifier encore cette collaboration intercommunale, en créant par exemple un réseau de médiathèques avec Seclin, Houplin-Ancoisne, Vendeville, Lesquin, et peut-être d’autres encore. Vous le savez peut-être, nous mettons en ce moment la dernière main aux contrats de territoire qui vont nous permettre d’envisager ensemble les grands projets qui prépareront notre avenir commun au sein de Lille métropole communauté urbaine. Et les treize communes qui composent le territoire de la couronne sud ne sont pas les moins actives dans cette élaboration. Je crois même que nous avons particulièrement bien pris ce pli du travail commun. Je vous donne une de nos idées en avant-première mais ne le répétez pas : nous voulons transformer un vieux projet de Voie des Zacs, dont personne ne voulait en voie des facs, qui permettrait de relier les facs de médecine avec celles de Lille 1 et Lille 3, en passant par le futur Grand Stade dont les travaux commencent à la Haute borne, le tout en mode doux. Peut-être qu’un jour prochain, de Templemars, nous pourrons nous rendre aux matchs du Losc à vélo, sans embouteillages !  Et vous l’avez sans doute lu dans la presse locale, quand nous l’estimons nécessaire, nous réagissons ensemble, et nous constituons ainsi une force efficace pour mieux défendre les intérêts locaux.

C’est ce que nous avons fait pour défendre notamment le projet d’échangeur sur l’autoroute A1, condition au développement économique de toute la zone. Et nous sommes bien décidés à continuer à faire entendre notre voix, pour amener tout le monde autour de la table de discussion, et avoir notre place légitime dans l’élaboration de ces projets qui concernent notre environnement proche, notre développement, notre habitat, notre mobilité.

Nous ne baissons pas les bras, et nous continuons à bâtir notre ville du XXIe siècle. Nous ne sommes pas démesurément ambitieux, nous construisons les équipements qui rendent le meilleur service à la population, à l’image de cette salle Colette Besson où nous vous accueillons ce soir, dont le taux d’occcupation est impressionnant tout au long de l’année, à l’image de la salle Desbonnet que nous réinaugurée il y a 18 mois et qui réunit de plus en plus de public. Vous l’avez vu, nous avons entamé une nouvelle aventure avec la construction de notre future médiathèque et d’une nouvelle salle associative. Tous ces bâtiments sont conçus pour respecter l’environnement, pour offrir un confort de qualité dans des conditions économiques optimum, et permettre un accès sans problème à nos amis à mobilité réduite. Nous avons d’autres projets, mais nous sommes dans l’obligation de les envisager avec énormément de prudence, parce que notre horizon financier est beaucoup trop incertain. Les communes de France sont toutes dans l’expectative, et c’est dommage parce que les collectivités locales sont le premier donneur d’ordre des entreprises du bâtiment et des travaux publics. Ce n’est pas rien dans cette période de crise.

Vous l’avez vu, vous l’avez sans doute déploré, comme moi, le sommet du climat qui s’est déroulé récemment à Copenhague n’a pas été une réussite, pour parler poliment. C’est même plutôt ce qu’on appelle un « bide ». Les grands pays de la planète ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur la réduction de nos émissions de carbone, un impératif que chacun admet pourtant comme une nécessité vitale pour nos enfants, pour nos petits-enfants. Je crois que tout le monde est d’accord pour considérer que l’exemple doit venir d’en bas. Avec Francis Wavrant et sa commission de l’environnement, du développement durable et de l’urbanisme, nous sommes particulièrement actifs sur ce sujet. Etude sur l’impact carbone des bâtiments publics, mise en place de jardins familiaux, semaine du développement durable, achat de véhicules propres, utilisation de produits non polluants, apprentissage des gestes pour devenir plus « éco-responsables », le programme n’est pas mince. Mais nous espérons être incitatifs et entraîner le plus grand nombre dans ce nouvel art de vivre.

Voilà, je ne voudrais pas prolonger davantage mon intervention, et surtout, je ne voudrais pas que vous en preniez un coup au moral. Parce que nous avons la chance d’entretenir à Templemars un micro-climat, une bonne ambiance, qui je l’espère est communicative. Alors, aux uns et aux autres je donne rendez-vous tout au long de cette année 2010 pour de nouveaux rendez-vous pleins de convivialité et de bonne humeur, parfois sur des sujets très sérieux, mais toujours avec le plaisir de nous retrouver et de partager notre vivre ensemble.

Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, je souhaite à chacun d’entre vous  une belle, grande, chaleureuse année 2010.


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