Celui qui a vu l’étoile orange dans le ciel indigo / Celle qui a gravi les échafaudages pour être plus près des anges pyrotechniciens / Ceux qui ont assisté aux premiers émois lusitaniens de Miracle / Celui qui retrouve au détour de cette ruelle déserte de Lisbonne les même éclats de voix de très jeunes filles (peut-être imaginaires) que dans le même genre de venelle sévillane / Celle qui voit trouble d’un œil et sourit quand elle apprend qu’un verre des lunettes du poète Fernando Pessoa était également fêlé / Ceux qui revendent leurs trésors (dont un hippocampe séché) à l’abri du container dont ils ignorent qu’y loge une chanteuse de fado déchue / Celui qui hante le marché aux puces qu’on appelle ici le Rastro et dont le poète Ramon a si bien parlé / Celle que fascine la blancheur virginale du crâne de calao qu’on ne saurait confondre avec celui du koala d’un ton nettement plus ambré / Ceux que fascinent la jongleuse de boules de croquet dont nul ne sait laquelle contient l’explosif / Celui qui se confie à son silure avec la conviction tranquille que ça ne sortira pas de là / Celle qui retient la nuit pour la passer avec Johnny / Celle dont la seule apparition fait figure de miracle en dépit de sa minijupe assez cheap / Celle qui sème ses galants dans le dédale des draps à l’étendage sur le toit de l’hôtel ATLANTICO / Ceux qui ont le mal du pays sans même savoir qu’il n’existe plus / Celui qui rêve de tout oublier de sa vie de séditieux à l’époque des Troubles sauf la vision des jambes des lycéennes passant à la hauteur du vasistas de la cave où il se planquait / Celle qui va rendre le chien Dragon que lui a confié la SPA et propose aux employés de leur confier l’enfant Flocon pour éviter une trop cruelle séparation / Ceux qui nt rencontré la femme sans âge au visage brodé sans se rappeler où, etc.