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Les Vanupieds (24)

Publié le 20 janvier 2010 par Plume
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Chapitre 3

Suite à ce jour où elle s’était rendue compte de sa responsabilité, France se négligea au profit de son frère et sa sœur, avec dans la tête une curieuse certitude : elle était une enfant solide, taillée aux duretés de leur vie vagabonde. Donc elle pouvait sans risque se priver. Elle l’avait fait pour Abby sans qu’il ne lui arrive rien. Elle pensa sincèrement qu’elle pouvait tout aussi bien le faire pour Adam et Alissa sans qu’il ne lui arrive rien non plus.

Dès qu’ils atteignirent la ville, plus de la moitié de l’argent passa dans l’acquisition de bottes en peau pour eux trois. Avec le reste, ils achetèrent des pierres à feu, trois sacs où ils rangèrent tout ce qu’ils transportaient auparavant dans leur ceinture, du fil et des aiguilles dont France pressentait de plus en plus l’utilité et de quoi les nourrir pendant plusieurs jours.

Alors qu’ils se reposaient dans une rue déserte en périphérie du centre, Alissa demanda, assise en tailleur entre ses deux aînés.

« Combien nous reste-t-il ? »

France retira la bourse de son cou, l’ouvrit et versa son contenu dans la paume de sa main. Alors qu’elle s’appliquait à compter, sous le regard attentif d’Adam et Alissa, un groupe de jeunes garçons surgit d’une ruelle. Alissa poussa une exclamation étouffée et sauta sur ses pieds. France et Adam se relevèrent avec un peu plus de calme bien que leur cœur battît fort et observèrent en silence les garçons en guenille, orphelins souvent hostiles des faubourgs, se rapprocher d’eux. Alissa se réfugia derrière sa sœur, effrayée, tandis qu’Adam, prudent, posait la main sur le manche de son couteau, prêt à s’en servir s’il le fallait pour les défendre. France ne paraissait nullement impressionnée par la subite apparition. Ses yeux sombres allaient d’un visage à l’autre de ces garçons, voyous affamés de la ville.

« Et toi, la balafrée ! Lança tout à coup le plus grand, qui devait être le chef de la bande. Qu’est ce que tu as dans la main ?

- Ne traite pas ma sœur de balafrée ! » S’écria Adam avec colère.

Il lui jeta un coup d’œil amusé.

« Je traiterai ta sœur comme il me plait ! Tu ne me fais pas peur, toi ! Alors la balafrée, t’es sourde ? »

France plissa légèrement les paupières et posa une main ferme sur l’épaule d’un Adam furieux se préparant à bondir sur le garçon.

« C’est une bourse que tu tiens, non ? » Interrogea-t-il en faisant tournoyer autour de son doigt le bâton qui devait lui servir d’arme.

France ne répondit pas, surveillant le moindre de ses gestes et ceux des autres enfants en réfléchissant à toute vitesse à la meilleure parade pour leur échapper.

« Je suis sûre que c’en est une ! Reprit le voyou, les yeux brillant de convoitise. Alors tu vas nous la donner, pigé ?

- Jamais ! Siffla Adam entre ses dents. C’est à nous !

- Je te cause pas à toi ! Gronda le garçon, mécontent. C’est à toi que je cause, la balafrée ! Si tu n’obéis pas, toi et les deux autres, vous allez passer un très mauvais moment ! »

Adam frémit. Alissa s’accrocha à sa sœur, terrifiée. Mais France ne bougeait pas un cil, très attentive à jauger au mieux leur chance d’éviter la confrontation physique dont ils ne se tireraient pas indemnes. Une lueur rusée brilla un bref instant dans le fond de sa prunelle.

« Attention, leur souffla-t-elle de manière à ce qu’eux seuls entendent, quand je vous le dirai, vous partirez en courant le plus vite possible ! »

Alissa se raidit aussitôt. Mais Adam la dévisagea avec surprise. Elle n’allait quant même pas céder ? France, impassible, fixait implacablement la bande de ces enfants prêts à tout qui s’avançaient lentement vers eux en ricanant, sûrs de leur avantage. Soudain, elle lança la bourse aussi loin que possible et cria :

« Courrez ! »



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