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Cette catatrophe etait-elle previsible?

Publié le 21 janvier 2010 par 509
PRÉVU IL Y A UN AN
Subject: HAÏTI - Risque sismique élevé sur Port-au-Prince
Date: Sat, 27 Sep 2008 02:43:59 -0400
HAÏTI/ MENACE DE CATASTROPHE NATURELLE / Risque sismique élevé sur Port-au-Prince
« Toutes les conditions sont réunies pour qu'un séisme majeur se produise à Port-au-Prince . Les habitants de la capitale haïtienne doivent se préparer à ce scénario qui finira, tôt ou tard, par arriver ». Patrick Charles, 65 ans, géologue et ancien professeur à l'Institut de Géologie appliquée de la Havane, se défend d'être alarmiste. Pourtant, il n' y est pas allé par quatre chemins quand Le Matin lui a offert l'opportunité de réagir sur le dossier de menace sismique planant sur Port-au-Prince . Le vieux chercheur a répondu à nos questions avec la rigueur d'un universitaire avisé. À son avis, le danger est imminent « Dieu merci, la science met à notre disposition des instruments pouvant prévoir ces genres d'événements, tout en nous permettant de démontrer nos conclusions. C'est le temps et le hasard qui jouent en faveur de notre capitale. Une grande catastrophe plane sur notre tête », prédit-il.
Ce n'est pas tant la gravité des propos de Patrick Charles qui nous intrigue, mais sa conviction inébranlable dans sa prédiction. Pour nous convaincre, il n'hésite pas à nous exposer un cours détaillé de géologie, en se servant de cartes géologiques très précises et de son PC. « Port-au-Prince est construite sur une grande faille qui part de Pétion-Ville, traverse toute la presqu'île du Sud, pour aboutir à Tiburon. En 1751 et en 1771, cette ville a été complètement détruite par un séisme. Je parie mes yeux que cela se reproduira. La science peut aisément le confirmer », déclare-t-il.
Sur la base des connaissances et des données scientifiques qu'il a accumulées sur le sujet durant plusieurs décennies, Patrick Charles, en bon citoyen, a de quoi se révolter. L'imminence du danger se précise avec le temps et les événements. Et pour renforcer sa prédiction, M. Charles prend en exemple les dernières secousses enregistrées ces derniers jours au niveau de la capitale haïtienne. « Pendant ces dernières semaines, la terre a tremblé à plusieurs reprises au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince . Du 1er au 12 septembre, trois secousses mineures ont été enregistrées à Pétion-Ville, Delmas, Croix-des-Bouquets, plaine du Cul-de-Sacc. Le directeur du Bureau des Mines et de l'Énergie (BME), l'ingénieur Dieuseul Anglade, a confirmé ces informations. Ces secousses mineures sont inquiétantes. Elles annoncent généralement des séismes de plus forte intensité », avise-t-il.
Dieu merci, Patrick Charles n'est pas le seul intéressé par le sujet. La question de la menace sismique sur Port-au-Prince est un sujet d'actualité. Elle a été débattue, ces derniers jours, par beaucoup de personnes, dont des intellectuels de haut rang. Les conclusions sont unanimes : Port-au-Prince risque bien de se transformer, du jour au lendemain, en un amas de ruines au terme d'une violente secousse tellurique. « Durant deux siècles, aucun séisme majeur n'a été enregistré dans la capitale haïtienne. La quantité d'énergie accumulée entre les failles nous fait courir le risque d'un séisme de 7,2 d'amplitude sur l'échelle de Richter. Mieux vaut ne pas en parler, il ne faut pas paniquer. Mais ce serait une catastrophe », admet le responsable du Bureau des Mines et de l'Energie, intervenant récemment dans la presse.
Le problème est posé dans toute son acuité. Des mises en garde sont régulièrement adressées. Mais les mesures ponctuelles sérieuses tardent à venir. En cas de violent séisme au niveau de la zone métropolitaine, M. Charles évoque deux scénarios catastrophiques : un tsunami géant au niveau du Lac Azuéi, inondant la plaine du Cul-de-Sac ; la désagrégation du morne l'Hôpital. « Dans les deux cas, le mal est infini. Ce sont des choses tout à fait possibles. L'essentiel est de prendre des dispositions pour atténuer leurs effets. Je suis prêt à endosser l'habit de pèlerin pour aider mes compatriotes à sortir de leur léthargie », affirme le géologue.
Face à une telle menace, très peu de mesures préventives ont été annoncées par les autorités. La bidonvilisation du morne l'Hôpital et de la Plaine du Cul-de-Sac, l'exploitation anarchique du Sable de Laboule se poursuivent inexorablement. Il faut toutefois signaler les efforts de la BME pour installer sur toute l'étendue du territoire national des instruments permettant de mesurer l'amplitude des secousses sismiques. Rappelons, pour nos lecteurs, que deux grandes failles traversent le pays. L'une au niveau de la région septentrionale et l'autre au niveau de la presqu'île du Sud. Tous nos départements, hormis le Centre, sont exposés au séisme et au tsunami. « Les autorités sont obligés de prendre des mesures ponctuelles quoique impopulaires pour protéger certaines zones. Le bilan du passage des trois derniers cyclones sur Haïti interpelle notre conscience. Nous vivons une période très difficile et nous devons agir. Le compte à rebours a commencé. La nature nous demande des comptes. Il faut agir pour sauver ce qui peut encore l'être », soutient Patrick Charles.
Par Phoenix Delacroix
LE MATIN jeudi 25 septembre 2008
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CETTE CATATROPHE ETAIT-ELLE PREVISIBLE?
http://info.france3.fr/seisme-haiti/focus/Le-séisme-était-prévisible,-selon-certains-experts-60276053.html
Le séisme était prévisible, selon certains experts
Les probabilités que se produise un séisme comme celui qui a dévasté Port-au-Prince étaient fortes affirment des experts
Vu la structure et les lents mouvements de la faille qui court à quelques kilomètres au sud de Port-au-Prince, plusieurs experts avaient prévenu qu'une activité sismique majeure se préparait dans la région de la capitale haïtienne.
Selon leurs analyses, ce tremblement de terre, le plus important à Haïti depuis 1770, devrait être suivi de répliques.
"C'est le séisme le plus important que nous ayons enregistré dans une zone de 200 km depuis 1770", a indiqué John Bellini, géophysicien de l'Institut géologique américain (USGS), rappelant que le tremblement de terre historique qui détruisit Port-au-Prince le jour de la Pentecôte 1770 n'avait pas été mesuré de manière scientifique.
Tout les séismes ultérieurs n'ont pas dépassé une magnitude de 6.0 hormis la secousse de 6.7 de juin 1984 en République dominicaine. Le séisme de mardi avait une magnitude de 7.
Patrick Charles, ex-professeur à l'Institut géologique de La Havane, a assuré en octobre 2008 que "les conditions étaient réunies pour une activité sismique majeure à Port-au-Prince". "Les habitants de la capitale haïtienne doivent se préparer à un événement inévitable", écrivait ce professeur dans le journal haïtien Le Matin.
L'ingénieur et géologue haïtien, Claude Prépetit, avait averti, lors d'une conférence en octobre 2009, qu'"Haïti est un lieu à haut risque". "Plus la période de récurrence est longue, plus les risques sont énormes", avait alerté ce conseiller technique au Bureau des mines et de l'énergie de Haïti, selon le journal haïtien Le Nouvelliste. "L'énergie élastique s'accumule très lentement dans le sol au point que plusieurs générations d'hommes et de femmes en arrivent à ignorer les activités sismiques survenues dans le passé", soulignait-il encore dans un rapport récent.
Selon John Bellini, de l'Institut géologique américain, la structure de la faille est similaire aux failles de Turquie ou de San Andreas en Californie. "En l'occurrence, ici les plaques se déplacent de 7 millimètres par an mais le mouvement n'est pas constant, parfois cela bloque, l'énergie s'accumule jusqu'au point où la croûte terrestre craque. C'est un tremblement de terre", a expliqué John Bellini.
Ce séisme était attendu à défaut d'être prévisible en raison de la proximité d'une faille "décrochante" qui traverse les Caraïbes, selon un chercheur de l'Institut de physique du globe de Strasbourg. "On sait que Port-au-Prince a été détruite en 1751 et en 1771 par des séismes. Si c'est la même faille qui a rompu, 250 ans après, on a accumulé suffisamment de contraintes pour produire un séisme de telle magnitude", a expliqué Jérôme van der Woerd, qui est également chercheur au CNRS. "Il s'agit d'une faille décrochante ou de coulissage horizontal qui traverse seulement la croûte et permet à la plaque Caraïbe de se déplacer vers l'est par rapport à la plaque nord-américaine", a-t-il précisé.
Une ile secouée par de multiples secousses depuis 1673
Les secousses telluriques ne manquent pas dans l'histoire de l'île, qui repose au sud sur une faille d'est en ouest dite "Enriquillo-Plantain Garden" entre les villes de Pétionville et Tiburon. Des séismes ont ainsi été recensés, entre autres, en 1673, 1751, 1860, 1918, 1922, 1956, 1962.
La très faible profondeur du tremblement de terre de mardi, à 10 km dans la croûte terrestre alors que certaines secousses telluriques peuvent intervenir à 700 km de profondeur, a causé davantage de dégâts qu'un séisme plus profond "car la secousse est plus forte", a expliqué M. Bellini. "Un tremblement de terre de même magnitude situé à 200 km de profondeur n'aurait pas fait autant de dégâts", assure-t-il.
De multiples répliques sont encore à attendre "dans les semaines voire les mois qui viennent", ajoute cet expert de l'USGS qui, moins de 24 heures après la secousse originale, a déjà enregistré 35 répliques, toutes d'une magnitude supérieure à 4.2.
La faille d'Enriquillo
Au contraire des séismes résultant de la plongée verticale d'une plaque tectonique sous une autre, ceux résultant des mouvements latéraux des failles décrochantes restent superficiels. La faille qui a bougé est connue sous le nom de faille d'Enriquillo. Orientée est-ouest et longue de 300 km, elle traverse Haïti et la République Dominicaine, les deux Etats qui se partagent l'île d'Hispaniola, et avance d'environ 8 mm par an.
Cette analyse ne rendait pas pour autant le séisme prévisible, selon Jérôme van der Woerd, des séismes de plus faible amplitude pouvant se produire dans des intervalles de temps plus rapprochés. "On est incapable de dire si ce sera dans quelques mois, quelques jours ou quelques années, mais le potentiel est là", estime le chercheur qui note que la faille n'a rompu "que" sur 50 km. "Les contraintes, aux extrémités de la rupture se sont accrues et il y encore de la place pour d'autres séismes de magnitude 7", conclut-il.
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