Ici, les secouristes sont tout excités: il y a trois heures ils ont trouvé une femme vivante dans un supermarché de Port-au-Prince. Sept jours après le séisme, c'est extraordinaire. Ailleurs, des chantiers ferment dans la tristesse, sous l'oeil de familles figées.
Les sauveteurs de l'ONG française Secouristes sans frontières ont accouru dès qu'ils ont su qu'il y avait un signe de vie sur le chantier d'un supermarché aux mains des seuls Haïtiens. Et trois heures après, la voilà localisée, vivante, plutôt en forme.
"C'est fou! Elle est consciente, pas trop blessée. On lui a parlé, elle nous a dit qu'elle avait discuté avec une autre victime jusqu'à hier", dit dans un flot ininterrompu Christian Mascaro.
Les secouristes essayent de la dégager par le toit et par le côté. Cela peut prendre des heures, personne ne sait. Mais, dit Thierry Cerdan, "on ne partira pas d'ici tant qu'on ne l'aura pas sortie." Un des chefs d'équipe essaye de calmer ses collègues. "Il faut prendre du recul car si on n'y arrive pas, tout le monde sera déçu", dit Bruno Besson.
Tous les secouristes le disent: extraire des survivants des décombres sept jours après le séisme relève de l'extraordinaire même si cela reste possible. Tout dépend de leur état médical, de la façon dont ils ont été piégés par le béton et s'ils peuvent boire et manger.
Mais l'armée américaine a déjà prévenu mardi que la fin des recherches était proche. Et dans de nombreux chantiers, ils savent que ce sont les toutes dernières heures.
Comme à l'hôtel Montana où 80 à 90 personnes seraient sous les décombres. "On s'accroche toujours au miracle, on continue de penser qu'il y a des poches d'air, mais au septième jour la chance est mince", dit le major chilien Rodrigo Vasquez de la Mission de stabilisation de l'ONU en Haïti (Minustah).
Ici, c'est déjà presque terminé. Lundi les secouristes ont eu le sentiment d'entendre un bruit. Mais mardi rien. "On continue jusqu'à demain et après on entame le gros oeuvre". Quand les bulldozers arrivent, c'est signe qu'il n'y a plus d'espoir - même si parfois, en dégageant le béton, des survivants sont découverts.
Au supermarché Carribean, les équipes turques et américaines sont parties. Restent des Haïtiens sans équipement. "On va quand même essayer, il reste l'espoir et la prière", répète le chef d'équipe qui ne souhaite pas donner son nom. Dans une faculté, des sauveteurs américains ont également abandonné.
Dans une université de génie civil, où plusieurs cadavres pourrissent au soleil dans une odeur insoutenable, des secouristes israéliens s'acharnent quelques dernières minutes. Lundi encore, deux femmes ont été trouvées vivantes ici.
Alors ils sont revenus, ont cherché, lancé les chiens, utilisé leur radar capable de détecter des battements de coeur à six mètres de profondeur. En vain. Soudain, ils arrêtent les machines, prennent leur barda. "C'est un sentiment de grande déception. Mais c'est notre boulot. Il y a aussi un danger de maladies avec tous ces cadavres donc on n'a pas le choix", dit un major.
En face, des familles et des proches des victimes ont attendu toute la journée. Puis se sont figés. "Pour moi il n'est pas encore mort, il est là, il faut continuer", se lamente Edy Riguer, chauffeur de 32 ans, en parlant d'un collègue.
A côté, un homme, dont le fils de 25 ans est également piégé dans ces ruines, comprend seulement que c'est la fin. "Ils sont en train d'arrêter? Il n'y a pas signe de vie? Alors il n'y a plus aucune chance?" murmure-t-il incapable de prononcer un mot de plus.
Yon gwo AYIBOBO pou ou men m zanmi m ki vizite lakou sa pou pwan nouvèl zanmi lakay ak lòt bò dlo.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 03 mai à 21:51
j'ai ete heureuse de savoir qu'il y a des gens qui pense a nous malgre nos incomprehension.merci.gros bisous