Magazine Humeur
La débâcle liturgique (10) : la messe (b)
Publié le 21 janvier 2010 par Hermas
Quelques réflexions s’imposent Elles concernent ce qui se passe trop souvent dans les paroisses, et qui tend à se généraliser rapidement, malheureusement, et il faut le déplorer avec force, dans la manière de célébrer la Messe, contrairement aux prescriptions de l’Eglise et du Magistère. « Dans le Missel romain il est prescrit que ce soit le prêtre seul qui récite la Prière Eucharistique pendant que le peuple s'y associe dans la foi en silence » (cf. Ecclesia de Eucharistia, § 28). En France, en Belgique, deux pays que je connais bien, il est de moins en moins rare que le prêtre fasse réciter toute la Prière Eucharistique, y compris les Paroles de la Consécration, par les fidèles, en même temps que lui ou tout au moins les paroles finales « Per ipsum et cum ipso et in ipso » (Par Lui avec Lui et en Lui..). Pour les Messes des enfants, ou pour les Messes où l’assistance n’est pas nombreuse, le prêtre fait parfois avancer les fidèles ou les enfants, et tous se placent autour de l’autel, comme pour une « concélébration », et récitent les prières avec le prêtre. Les fidèles, dit-on, ne concélèbrent pas : ILS CO-CELEBRENT. Au nom du Sacerdoce des fidèle, bien sûr ! Désobéissance évidente de la part des prêtres, qui ne peuvent invoquer l’ignorance des textes du Magistère à ce sujet. POURQUOI CETTE ATITUDE ? POURQUOI LEURS PASTEURS, QUI NE PEUVENT PAS NE PAS ETRE AU COURANT, n’interviennent-ils pas ? POURQUOI NE VEILLENT-ILS PAS A INFORMER LEURS PRETRES DE LA NECESSITE DE RESPECTER LES REGLES PRESCRITES, EN CETTE MATIERE, PAR LE MAGISTERE DE L’EGLISE ? La question suivante se pose : n’y-a-t-il pas à la base une confusion grave entre le « Sacerdoce commun des fidèles », et le « Sacerdoce Ministériel » des prêtres ? Sans porter de jugement téméraire, d’après les réflexions entendues de la bouche de prêtres concernés, je crois que l’on peut répondre par l’affirmative. De plus en plus se répand l’idée que c’est toute la communauté qui « fait l’Eucharistie ». « Hermas » (13 octobre 2008, 28 octobre 2008, 4 novembre 2008) a cité le cas du Père Gérard Fourez, Jésuite belge. Ce Père présente en effet une perspective qui s’éloigne totalement, des théologies classiques et qui invite à s’interroger sur le sens profond de l’Eucharistie et des Ministères ordonnés. A le lire, on ne peut que se poser la question : le prêtre est-il nécessaire pour la « célébration de l’Eucharistie », pour le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang du Christ ? La réponse est : « Non, elle peut être utile, mais elle n’est pas nécessaire ! ». Il pose clairement la question, nous allons le voir, et il y répond : « C’est l’engagement de la communauté suscité par l’Esprit et par l’Evangile… qu’un prêtre soit présent ou pas ». Nous sommes en plein délire, en pleine hérésie, tout comme l’est ce Vicaire de Nancy qui déclarait un jour que, à la Messe, « il ne se passe rien, on se souvient de ce qui s’est passé il y a 20 siècles ».Voici ce texte, déjà cité par « hermas », mais qui prend toute sa place dans le cadre de cette étude : « Il est certain que beaucoup de catholiques ont eu une conception assez magique du rôle du prêtre. Les paroles de la consécration sont encore vues comme un rituel magique. De même, il était généralement admis que la présence d’un ecclésiastique ordonné donnait une valeur spécifique à l’extrême-onction ou d’autres sacrements. De même on donnait une valeur quasi magique à un évêque juridiquement successeur des apôtres. « Cependant lors du dernier Concile du Vatican, les théologiens ont rappelé qu’il y a Eglise chaque fois que quelques-uns se réunissent au nom de Jésus et de son Evangile. « Qu’est-ce qui fait qu’il y a une Eucharistie ? Est-ce la présence du prêtre ou d’une communauté qui, à la suite de Jésus, dit : “Voici ma vie que je donne ?” Ce ne sont pas les paroles de la consécration qui font qu’il y a Eucharistie et que Dieu est présent. C’est l’engagement de la communauté suscité par l’Esprit et par l’Evangile. C’est ainsi que, quand une communauté se réunit pour faire mémoire – en paroles et en actions – de la bonne nouvelle en Jésus-Christ, elle célèbre l’Eucharistie, qu’un prêtre ordonné soit présent ou pas. Les individus rassemblés deviennent une communauté d’Eglise, Corps du Christ. « Cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas des ministres (des serviteurs) de la communauté, pour la réunir, pour parler en son nom, pour proclamer le pardon de Dieu, pour animer des réunions, des célébrations… L’important c’est que la communauté soit vivante et libératrice. Le rôle du prêtre, c’est de rendre cela possible mais sans prêtre, une communauté peut aussi être vivante et libératrice. « Certaines personnes ont un charisme qui leur permet de bien animer la communauté. Elles peuvent exercer un leadership dans la communauté, pour autant que celle-ci les mandate pour le faire. « Si la communauté confère des pouvoirs à certains de ses membres, ce n’est pas pour qu’ils dominent, ou qu’ils s’estiment indispensables. Le service rendu à la communauté ne doit pas devenir un facteur de conflits, au contraire, une dynamique peut s’instaurer entre la communauté et les animateurs. « La communauté (l’Eglise) mandate certaines personnes qui alors réunissent la communauté sans s’y opposer à outrance. Et, s’il n’y a pas de ministre ordonné, la communauté peut vivre et célébrer l’Eucharistie, et ainsi vivre son Evangile ». Le Supérieur des Jésuites est-il intervenu auprès du Père Fourez, pour le faire revenir sur ses déclarations en opposition ouverte avec la Foi bimillénaire de l’Eglise, ou bien continue-t-il à diffuser et à propager IMPUNEMENT la fausse doctrine, en trompant les fidèles ? Et il n’est pas le seul dans ce cas, hélas ! Les statistiques les plus sérieuses sont affligeantes, concernant le nombre de prêtres - qui ne croient pas à la Présence Réelle du Christ dans les Saintes Espèces - qui ne croient pas en la Présence Réelle du Christ dans l’Hostie, après la Célébration de la Messe - qui ne croient pas que la Messe soit LE SACRIFICE DU CHRIST, mais un simple Mémorial de sa Passion - qui réduisent la Messe à l’Assemblée des Fidèles dans le Christ, qui a dit « là où deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis au milieu » d’eux, en enlevant ainsi de la Messe tout aspect de Sacrifice : l’accent est mis sur la « communion » en recevant le pain qui fait mémoire de ce qu’a fait le Christ à la dernière Cène, sans qu’il y ait autre chose qu’un simple souvenir des gestes et des paroles - qui nient ainsi la Présence RELLE du Christ sous les espèces du Pain et du Vin A ce propos, le lecteur se souviendra probablement de ce que j’ai rapporté, et qui s’est produit dans ma propre paroisse d’origine en 1967 (oui, 1967 déjà !). Le Jeudi Saint, à la Messe in « Coena Domini », il déclara qu’il dépendait pas du prêtre qui récitait les paroles de la Consécration que le pain et le vin deviennent le Corps du Christ, MAIS DES FIDELES. Et d’ajouter qu’il n’y avait pas de présence réelle après la Messe : un souvenir, une nourriture, un « viatique » une provision pour le « voyage », pour les mourants, les agonisants, les malades. Et il déclarait pendant le sermon « Vous ne faites pas la génuflexion devant un frigidaire, car c’est un garde-manger. Devant le tabernacle c’est de même ! »… Après la Messe, au, cours d’une longue discussion houleuse, il me déclara : « D’ici peu, chaque père de famille célèbrera l’Eucharistie chez lui pendant les repas. Et, pour préparer les gens à cela, on va introduire la communion dans la main ». Je lui répondis : « alors nous n’aurons plus la même religion, nous n’avons déjà plus la même religion ». Deux ans plus tard, les fidèles pouvaient recevoir l’Hostie dans la main… Oui, en 1967 déjà ! Un précurseur du Père Fourez ! Mais il y en avait déjà beaucoup comme cela. Je m’en était aperçu au séminaire Saint Sulpice. Je renvoie le lecteur aux récits que j’ai faits de cette époque (à suivre).