Plus de 40 ouvrages au moins sont actuellement disponibles sur le curé d'Ars. S'il fallait faire un choix parmi les nouveautés, nous dirions que celui écrit par Mgr Bagnard, actuel évêque de Belley-Ars, est incontournable (éditions Tempora). On nous apprend par ailleurs que les éditions du Cerf réédite le livre du Père Bernard Bro. Il faut le lire si vous ne le connaissez pas. Enfin, le directeur actuel de l'hebdomadaire France Catholique, nous informe de son projet de rééditer le livre de son prédécesseur Jean de Fabrègues dont l'essai sur le curé d'Ars est probablement un de ses meilleurs ouvrages. Lire ci-dessous.
Tout devait mener Jean de Fabrègues à écrire sur le curé d'Ars. Le fait d'avoir habité Lyon, son amitié admirative pour Georges Bernanos, l'auteur de Sous le soleil de Satan, dont le personnage de l'abbé Donissan est inspiré du Saint Curé, sa fréquentation, en tant que journaliste catholique, de tant de prêtres si différents les uns des autres et de leur saint patron… Mais aussi l'ampleur de sa réflexion philosophique et historique sur la France du XIXe siècle, sa profonde connaissance des enjeux de la Révolution, de la contre-révolution, des ambiguïtés de la Restauration et du Second Empire durant lesquels Jean-Marie Vianney exerça son sacerdoce.
Fabrègues laisse à d'autres les minutes notariales, la plupart des anecdotes. L'originalité de la première partie de son essai est de nous faire partager son ample interrogation : comment ce XIXe siècle de révolution industrielle, avec son culte de l'efficacité et de l'argent a-t-il pu susciter un tel héros ? Celui-ci a-t-il été un signe pour son temps ou pour le nôtre ? Fabrègues a l'impression qu'il aura fallu cent ans pour qu'on comprenne enfin le message. Nous aurions la tentation d'ajouter un demi-siècle et plus. Ce qui doit être le signe que ce message est éternellement actuel ou éternellement incompris.
On admire la finesse de l'analyse psychologique du directeur de La France Catholique, prompt à déceler et résoudre les contradictions. Par exemple : le curé d'Ars savait tout, dès le départ, sur les âmes qui viendraient à lui par milliers, mais ne saura jamais rien sur lui-même, doutera toujours de ses propres forces, se croira toujours indigne, s'abritant derrière cet autre lui-même : sainte Philomène… Fabrègues érige d'ailleurs, en moraliste, la règle générale qu'on est toujours aveuglé par ce qui nous semble le plus important dans notre vie. À méditer… C'est vrai pour les crapules comme pour les saints. Et parfois c'est heureux. Parlant des prêtres, Jean-Marie Vianney ne disaient-il pas de manière un peu énigmatique : « S'ils se comprenaient, ils mourraient » ?
Comment le curé d'Ars réussit-il à convertir un village où l'ignorance des notions religieuses les plus élémentaires régnait ? Par un combat inflexible contre les bals (ce qui nous fait peut-être sourire ou nous choque), les cabarets et, plus encore, le travail du dimanche ? Le curé d'Ars tenait à protéger par de solides barrières le jardin qu'il savait devoir fleurir ici. Mais plus que les homélies enflammées, ou les cinglantes réparties, c'est la force du témoignage - et de la prière ! - qui fit tout, transformant ce village spirituellement inerte en une « ruche de prière ».
Puis le catholique social qu'est Fabrègues commente l'œuvre d'édification non seulement morale, mais intellectuelle de ses concitoyens, pas seulement par ses homélies ou son catéchisme pour adultes, soigneusement préparés, mais aussi par la fondation d'écoles gratuites pour les orphelins.
Bref, la première partie de ce petit livre répond à la question : « Qu'est-ce qu'un prêtre ? » En montrant en pleine action celui qui n'a pas été érigé patron des prêtres du monde entier pour rien.
La deuxième partie du livre nous montre un curé d'Ars plus inaccessible, au faîte du « succès » avec 400 pèlerins nouveaux par jour, qui doivent attendre huit jours chacun pour espérer entrevoir le saint qui lit les âmes à livre ouvert, fait des miracles, discerne l'avenir… Cela donne un texte plus sensible et édifiant sur le péché et le combat spirituel. Et viennent les deux chapitres centraux placés « sous le soleil de Satan » où Fabrègues remet sur le métier la contradiction de ce petit homme sans moyens qui sauve les autres de leur désespoir, et qui semble si peu apaisé lui-même, qui a demandé à Dieu de faire venir à lui les pénitents, et qui n'aspire qu'à les fuir…
On ne peut conclure sur un tel mystère sinon en rappelant le paradoxe des brassées d'âmes sauvées par celui qui n'est au final qu' « un prêtre, rien qu'un prêtre ». Ce beau texte mérite vraiment d'être relu en cette année, et c'est la raison pour laquelle nous avons le projet de le rééditer dans les prochaines semaines.
Encore faudrait-il pour cela que nous ayons le soutien de quelques centaines de souscripteurs. Pour un prix de 14,90, ce livre de 230 pages environ, intitulé "L'apôtre du XXe siècle, Jean-Marie Vianney, curé d'Ars" (première édition en 1957, qui connut un très grand succès avec plusieurs traductions à l'étranger. Nouvelle édition, mars 2010, si vous le voulez…) On ne pourra rien faire sans vous.
Tarifs dégressifs - Souscription
1 exemplaire €14,90 2 exemplaires €26,00 3 exemplaires €36,00 4 exemplaires €44,00 5 exemplaires €50,00 10 exemplaires €95,00
Souscription avant 22/02/2010
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frederic.aimard@gmail.com