Magazine Journal intime

Partir, revenir...

Publié le 21 janvier 2010 par Tazounette
Variation sur le thème "cinq ans"... (Ceci n'est pas autobiographique)



5 ans déjà !... Putain, 5 ans que je me suis barrée !...

J’avais 17 ans lorsque j’ai fait une overdose de bourgeoisie, de principes dérisoires. J’étais anéantie sous les convenances, les apparences et tout l’toutim. J’ai claqué la porte, quelques affaires dans un sac et « Adios ».

Je pouvais plus saquer ma mère qui s’aplatissait devant mon père. Je supportais plus d’assister au spectacle, chaque jour, d’un père qui parlait à sa femme comme une sous-merde, et l’autre qui n’osait rien dire. Sûrement qu’elle avait peur d’une mandale… Peur d’une mandale. Et les mots qu’il lui répétait depuis 30 ans, n’avaient-ils pas fait plus de dégâts ?

Et puis j’en pouvais plus de tout ce fric… Mon père jouant des épaules et de sa haute taille, remettant sur le tapis, dès que l’occasion se présentait, son incroyable carrière ! Carrière, mon cul ! Il a tout reçu de son père, comme ça, sans avoir rien demandé, ni rien foutu d’ailleurs ! Ça lui est tombé tout cru dans la pogne et il en fait des caisses pour nous faire croire qu’il en a chié avant d’en être là où il est ! Il a juste manipulé tout le monde, mis dans son giron les personnes qu’il fallait, joué de ses yeux misérables pour obtenir quelque chose et puis il a fait de la lèche. Pas de quoi pavoiser…

J’ai eu le malheur de trouver ça grotesque, totalement joué ! Je suis du genre « nature », du genre à dire ce que je pense comme je le pense. Combien de dîners ai-je gâché en foutant dans la gueule de mon père des choses que j’aurais dû taire, juste pour que son masque se brise l’espace d’un instant, qu’il remarque, qu’il sache que je n’ai jamais été dupe de son petit jeu…

C’est vrai que quand je suis partie, je ne me doutais pas encore qu’on n’avait qu’une seule famille et qu’on avait beau la fuir, le passé nous rattrape toujours, qu’on le veuille ou non et nous remet la tête dans la merde à chaque fois qu’on croyait parvenir à lui tourner le dos…

« Tu verras, tu finiras bien par revenir », qu’il m’avait dit mon père, juste avant que je ne lui cloue le bec d’un claquement de porte. Je savais si bien les faire claquer, toutes ces putains de portes !

5 ans que je suis partie ! 5 ans que je n’ai pas donné de nouvelles ! 5 ans que je n’en ai pas obtenues ! Rayés de ma vie, mes vieux ! Comme s’ils n’avaient jamais existé. Ou presque. Pfff ! Un bon coup de crayon sur leur identité de nazes. Sans gomme pour effacer. Impossible de revenir en arrière. Trop fière !

Putain de fierté !

5 ans ! Pas facile de revenir ! Surtout que c’est lui donner raison. Et putain, comme ça me coûte ! Combien de fois j’ai pris le chemin du retour et j’ai rebroussé chemin, tellement je pouvais pas ! Imaginer me retrouver en face de lui et devoir accepter de baisser les yeux pour dire « Pardon, papa ».

Putain de fierté !

Mais où aller ?

J’ai tout connu : les mauvaises fréquentations, la drogue, le chômage, la rue, le froid, la faim, le désespoir. Ce désespoir qui colle à la peau et qui aurait bien fini par me faire rouler de mon trottoir sous les roues d’un camion…

Et la solitude… Celle qui ronge la tête et le cœur, celle qui rend maboule. Folle de désespoir. Celle qui rend parano, celle qui fait craindre le moindre frôlement, le moindre sourire aimable qu’on nous tend…

5 ans ! Je n’ai que 22 ans et j’en parais déjà 10 de plus. J’ai 22 ans, et je n’ai rien fait jusqu’à présent que dire merde à mes parents ! Dire merde à leur éducation et vivre ce rejet que j’éprouvais de tout mon être !

Comment leur demander pardon ? Comment revenir ?

J’ai évité leur rue et toutes celles que je savais fréquentées par mes vieux. Ne surtout pas leur donner le spectacle de ma perdition… Ne pas leur montrer que sans eux et sans leur fric je ne suis rien devenue, qu’un déchet humain, comme ceux qu’ils regardent de leur berline aux vitres fumées, d’un air dégouté avec le même regard dont ils affublent un chien qui pisse au pied d’un arbre…

Je suis maigre comme un clou. Mes cheveux n’ont pas été lavés depuis le foyer, la semaine dernière. Mon sac est vide. On m’a tout piqué alors que je n’avais rien… Je n’ai rien dans le bide. J’ai les yeux secs. Et pourtant, comme je sais…

Je sais les larmes, les sanglots qui vont exploser dès que j’aurais passé la porte de l’appartement. Tous ces sanglots, comme des chiens avides, prisonniers de ce ventre vide, qui vont surgir comme les enragés qu’ils sont. 5 ans que je n’ai plus pleuré. Et je sais. Je sais que dès que je verrai leur visage près du mien, c’est des torrents de larmes qui vont passer par mes yeux… Dès que je sentirai ce foyer me happer, m’absorber tout entière dans la chaleur ambiante.

Peut-être que mes cauchemars vont enfin cesser ? 5 ans de terreurs nocturnes, d’insomnies consécutives. Peut-être que je n’aurais plus peur chaque jour que Dieu fait… Peut-être que je leur pardonnerai de n’être que ce qu’ils sont… Peut-être accepterai-je enfin que tout ça n’est pas leur faute, à eux non plus. Qu’ils font juste ce qu’ils peuvent. Qu’eux aussi on leur a appris à être comme ça…

Si vous saviez, papa, maman, comme je vous ai haï et comme je vous aime aujourd’hui… Sans savoir que ces deux choses étaient les mêmes. De simples fluctuations, dues à la période que je traversais, à cette putain d’adolescence que je ne comprenais pas.

Putain, si vous saviez !

Laisser enfin sortir mes larmes, toutes mes larmes, toutes mes peurs. Et dormir, dormir sur un vrai lit, après une vraie douche.
Ensuite, ensuite alors, tenter de trouver qui je suis… Parce que je sais, qu’une fois revenue seulement, ce sera possible…

Putain, que ces escaliers sont durs…

Allez, j’y vais !

Juste appuyer le doigt sur la sonnette et attendre !


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