Je ne sais pas ce
que j'ai en ce moment, je rôde autour de ce blog avec l'air d'un chat qui aurait vu un canari en cage et qui ne saurait pas comment l'attraper. J'ai des idées d'articles, même des phrases
entières prêtes à s'écrire et pourtant je recule, je louvoie, je biaise et je finis par me dire "mouarf, demain, j'écrirais demain".
Parfois je suis dans le train, dans mon lit, dans le métro et j'ai envie de poser ces mots, ces mots qui
trottinent, ces mots qui tournent. J'ai pensé à un dictaphone, car rien que de sortir mon carnet, parfois ça me bloque l'inspiration.
Mais ce soir elle est là, l'Inspiration, alors je la saisie, je lui prends la main et je la guide jusqu'à moi,
jusqu'à vous.
Je crois que je fuis un peu l'introspection en fait. J'ai tellement peur de rabâcher encore et toujours sur ma
pauvre situation de fille sans emploi que je préfère me taire. Si vous saviez comme mon entourage en a marre. Si si, ils ne disent rien mais je le sais. Ils en ont marre de me payer le
restaurant, marre de me soutenir, de me dire que ça va aller, marre de me dire de croire en moi, que eux y croient, que ça va aller, que ça va bouger.
Je vous parlais la dernière fois de la lutte contre le célibat et ses idées noires qu'il peut déclencher. Grande
nouvelle, le chomâge, c'est pareil, c'est une lutte au quotidien.
Parfois je brûle de dynamisme, de vitalité, j'ai envie de renverser le monde, j'ai des fourmis dans les jambes et
des idées plein la tête. Surtout le matin en fait, je me rends compte que je suis vraiment une fille du matin. Mais quand arrive 15-16h, je me foutrais en l'air, je me tailladerais les veines
avec les bords de ma carte pôle emploi et je mettrais du sang partout sur mon CV imprimé en triple exemplaire ! Bouh !
Et puis ce manque d'argent, qui t'angoisse, qui t'opprime, qui te bloque.
J'en ai marre de me regarder le nombril depuis deux mois, j'en ai marre de n'écouter que ma pauvre petite voix qui
marmonne à l'intérieur. J'ai envie d'être surbookée à nouveau, de n'avoir le temps de rien, de me lever tous les matins avec un but.
C'est bon là, c'était cool deux mois de vacances mais je peux y retourner maintenant ?
J'ai le contre coup de mon année passée, la nostalgie de ma petite start up. Je pensais que la rupture s'était
assez bien consommée, que j'avais dépassé tout ça assez facilement et je me prends à rêver que j'y retourne. Les gens me manquent et j'ai l'impression que la dizaine de mois qui vient de
s'achever est passée comme un rêve.
Je me sens coincée à l'intérieur de moi, j'ai l'impression que rien de concret ne pourra sortir de mes mains et de
mes tripes tant que je n'aurai pas remis le pied à l'étrier.
Je lis des polars à la pelle, tous plus nuls les uns que les autres, je m'envoie des séries et des émissions comme
on pioche dans un paquet de chips, sans retenir ni l'odeur ni la couleur.
Parfois je me sens morte. Morte à l'intérieur mais pas comme quand j'avais mis mon coeur sous glace. Non là je
sens que ma créativité est morte, que mon cerveau s'endort.
J'aurais envie pourtant, de faire des tonnes de choses, j'ai des projets qui me viennent mais je suis incapable de
mettre les bouts du puzzle en place. Je me plaignais de n'avoir le temps de rien. Aujourd'hui je l'ai mais j'ai le sentiment que chaque minute consacrée à autre chose qu'à de la recherche de
boulot est du temps perdu.
Sauf passer du temps avec les gens que j'aime. Ca, ça va, j'arrive à ne pas culpabiliser.
J'ai toujours fonctionner comme ça. En prépa pour préparer mes concours, en école pour réviser mes partiels et
même dernièrement pour mon mémoire. Je suis une fille extrême, une fille qui a besoin de mettre son âme, son corps, ses tripes au service de ses objectifs, sans quoi elle aura le sentiment
qu'elle aurait du faire mieux, qu'elle devrait faire mieux et vlan, un petit coup de fouet pour la peine.
Pas très constructif tout cela !
Et étrangement, je ne ressens plus cette détresse immense, ce gouffre impossible qui semblait s'ouvrir sous mes
pieds à chaque fois que quelque chose d'important semblait m'arriver.
Comme je constatais l'autre fois que si l'amour fuyait ma vie, je m'en remettrais sûrement, et bien je reste
convaincue au fond de moi que je suis plus forte que tout ça, plus forte que tout ce qui peut m'arriver à ce niveau.
Je vis une passade, une sorte de rêve éveillé. Un cauchemar parfois, mais finalement rien de plus difficile que la
vie elle-même.
Je me tiédis avec l'âge. C'est bien, c'est plus reposant.
En fait, je fais des réserves de projets, des réserves d'idées pour l'avenir. Je monte des bouts de plan, des
bouts de futur et tout se mettra en place quand j'aurais retrouvé ma place dans la société. Car oui oui, ne nous mentons pas, sans travail ni argent, l'exclusion du système est assez
rapide.
Mais un jour, je reviendrais celle que j'étais et je me lancerais à nouveaux dans des millions de projets en me
plaignant que je n'ai le temps de rien.
Vous verrez, je n'arrêterai jamais de râler :-)