C’est grave docteur ?

Ouais. Parfois je me demande si je suis normale. Mais comme la normalité est une notion floue, subjective et très controversée je vais reformuler la phrase qui précède celle qui est en train de se terminer à l’instant par le point qui va suivre expressément. C’est clair ?

Parfois je me demande si j’ai un grain, une série de connexions neuronales survoltées, si je suis folle, si j’ai un pèt’ au casque, si j’ai un cirque dans la tête, si j’ai des problèmes graves d’ordre psychologiques…

Prenons un premier exemple.  Je me fais souvent des auto-blagues, des auto-jeux de mots et de surcroit, il m’arrive de rire toute seule et d’être surprise par un individu plus ou moins de ma connaissance voir inconnu qui passe par là. Tiens, par exemple, lorsque j’avais 16 ans, c’est-à-dire il y a trop longtemps - Oui et en plus je fais la crise de la trentaine de manière précoce- je trainais à la Fnac avec ma frangine qui elle est plus vieille que moi –ah ah la vieille croûtonne ! – et j’étais tombée sur le dernier album de Patrick Fiori – même pas honte d’abord, j’étais encore jeune, vous comprenez ? – et cet album s’intitulait « Prends-moi ». Evidemment, avec un titre pareil, j’ai commencé à dire un truc du genre « Prends-moi , oh oui, prends moiiii , prends moi » avec une petite voix frôlant l’hystérie…et ce, pensant être seule ou au pire observé par le regard amusé de ma vieille sœur –t’inquiète pas, tu seras jamais aussi vieille que Mamounette-.

Mais voilà, toute fière de mon autoblague j’ai tourné la tête en rigolant bêtement et là un grand homme brun qui se retenait difficilement de pouffer de rire devant mes expansions de jeune pucelle, me regardait bizarrement. Alors pour essayer d’arranger la situation j’ai dit « Bah bah oui, « Prends-moi », le nouvel album de Patrick Fiori » - je sais, j’aurais fait une très bonne vendeuse de disques de M Fiori – j’ai posé le disque et je me suis enfuie à la recherche de ma frangine.

Prenons un second exemple. Partir en vacances à Paris, être à proximité d’une foison impressionnantes de boutiques pour filles –bon en même temps les boutiques en question sont destinées très souvent à des gros porte-monnaie, c'est-à-dire pas le mien – et revenir avec des livres sur les monuments qu’on a visité dans le but d’avoir de la documentation de base pour ouvrir un tout nouveau blog dédié à la capitale, c’est pas être un peu toquée ça ?

Ou pire, aller faire les soldes –dans le Gers cette fois-  et revenir en ayant dépensé plus d’argent dans l’achat de livres sur le Gers pas soldés qu’en fringues soldées ?

Prenons un troisième exemple. J’adore entrer dans les cathédrales emplies de soleil et partir à la chasse aux reflets colorés, OUAIS. Ou pire, j’ai trouvé une nouvelle lubie : photographier les reflets des monuments dans le pare-brise des voitures…

C’est grave docteur ?