Magazine Humeur
La débâcle liturgique (10) : la célébration de la messe (c)
Publié le 22 janvier 2010 par Hermas
CONSEQUENCES sur la célébration de l’Eucharistie et des autres sacrements 1.- la nécessité de célébrer la Sainte Messe Il faut tout d’abord bien préciser sur un point et y insister : les Sacrements, et en particulier le Saint Sacrifice de la Messe ne sont pas « l’affaire » du prêtre : il n’en est pas le « maître », il ne peut en disposer comme il veut, l’arranger selon ce qu’il pense, ce qu’il ressent, ce qu’il croit. Il a reçu un dépôt, qu’il doit transmettre intact, comme le déclare et le demande Saint Paul, sans oser y ajouter ou y retrancher quoi que ce soit, déclare avec insistance le Magistère de l’Eglise. Il est « Ministre » du Christ, « intendant » du Royaume de Dieu, il agit « in persona Christi », et non pas en son propre nom. Il est donc de son devoir de se conformer en tout, et entièrement, à la doctrine du Christ, transmise par l’Eglise, sans se permettre de toucher aux choses sacrées. Le Christ, à la Dernière Cène a dit à ses Apôtres : « faites ceci en mémoire de moi » : c’est un ordre, et pas une consigne. Et, nous l’avons vu, le Pape Jean Paul II rappelle dans l’Encyclique « Ecclesia de Eucharistia » la nécessité pour chaque prêtre de célébrer la Sainte Messe chaque jour. Le Pape Benoît XVI est revenu fréquemment sur la célébration de la Messe quotidienne, comme premier moyen indispensable de vie spirituelle pour le prêtre, avec la récitation du Bréviaire, la Lectio Divina, l’Adoration, le Chapelet, et la pratique fréquente du Sacrement de la Pénitence, de la Réconciliation, de la Confession. Avant toute autre action pastorale. Questions : - Tous les prêtres, même pourvus de plusieurs paroisses, célèbrent-ils la Messe chaque jour ? - Combien récitent chaque jour le Bréviaire (qui est une obligation « sub gravi », grave), ou prient le Chapelet, ou consacrent un temps suffisant à l’Adoration du Seigneur présent dans le Tabernacle ? - Combien se confessent fréquemment, même et surtout s’ils ne sont pas en état de célébrer dignement la Sainte Messe ? Je n’exagère pas : j’ai connu des prêtres qui ne célébraient la Messe que le dimanche, sans s’être confessés depuis plusieurs années, malgré une situation « humaine » qui était loin d’être conforme avec les engagements qu’ils avaient pris ? Inconscience ? Aveuglement ? Un prêtre, ancien collègue de séminaire, Curé d’un nombre élevé de paroisses de campagne, auquel je demandais combien de Messes il allait célébrer le lendemain dimanche, me répondit : UNE SEULE : C’EST FATIGANT. C’est désolant. Et les pauvres ouvriers, ses paroissiens, qui travaillent dans les champs plus de 12 heures par jour, et ceux qui sont au casse-fonte dans les aciéries voisines ? C’est loin d’être un cas isolé ! Hélas ! Et les pauvres fidèles ? Privés de Messe, les personnes âgées surtout, les enfants ? Il arrive même fréquemment, et c’est le comble de l’aberration, j’ai vu cela en Belgique, mais cela existe aussi en France, que, pour « la prise de possession d’une paroisse », c’est-à-dire pour l’installation d’un nouveau Curé dans une paroisse, ou d’un Doyen dans son Doyenné, tous les prêtres du Doyenné se joignent à lui pour CONCELEBRER LA MESSE, abandonnant ainsi leurs fidèles… Car, ce dimanche-là, ils ne célèbrent pas d’autre Messe ! Mais que représente la Messe pour certains prêtres ? Un exemple : Au cours d’une concélébration « de masse », dans le Diocèse de Nancy, un prêtre se trouvait au fond de l’église. Un ami lui demande : « Tu as pu célébrer la Messe d’aussi loin ? ». La réponse : « J’ai tendu le bras à la consécration, et j’ai gagné 14 euros » (le prix alors d’un honoraire de Messe en France). Un autre exemple : Dans ma paroisse d’origine, dans le Diocèse de Nancy, où il y pénurie de prêtres, c’est vrai, le Curé, qui dessert quatre paroisses a nommé des « remplaçants », des laïcs, bien sûr, des femmes, des « aumônières », qui gèrent la paroisse, s’occupent, avec beaucoup de zèle bien souvent, des « assemblées dominicales en l’absence de prêtres », des enterrements notamment. Et il n’est pas rare que le Curé en personne assiste à ces « cérémonies » d’enterrement, présidées et dirigées par cette brave personne, sans célébrer la Messe, et en disant le plus naturellement du monde : « Je célébrerai dimanche prochain la Messe pour le (ou la) défunte) (sic !). AHURISSANT, non ? POURQUOI ? Sans doute pour préparer les fidèles à voir des laïcs « remplacer » les prêtres quand il n’y en aura plus ! En vertu du sacerdoce des fidèles, bien sûr ! Notre Seigneur disait : « J’ai pitié de cette foule, car ils sont comme des brebis sans pasteurs ». Pauvres fidèles livrés aux mains de mercenaires, de « fonctionnaires du culte » ! Pauvres PASTEURS aussi, qui ne veillent pas sur ceux que le Christ leur a confiés : les prêtres dont ils ont la charge. Le Pape Benoît XVI rappelle ce point capital aux Evêques quand ils viennent en visite « ad limina », chaque cinq ans, en pèlerinage à Rome, se recueillir sur la Tombe des Apôtres Pierre et Paul, et rendre compte de la gestion de leur Diocèse. Dans le Message déjà cité, adressé aux prêtres participant à la Retraite Sacerdotale Internationale d’Ars fin septembre dernier, le Pape Benoît XVI déclarait : « Les phrases simples et denses du saint Curé sur l’Eucharistie nous aident à mieux percevoir la richesse de ce moment unique de la journée où nous vivons un face à face vivifiant pour nous-mêmes et pour chacun des fidèles. "On ne comprendra, écrivait-il, le bonheur qu’il y a de dire la messe que dans le ciel". C’est pourquoi je vous encourage à fortifier votre foi et celles des fidèles dans le Sacrement que vous célébrez et qui est la source de la vraie joie. Le saint d’Ars s’écriait : "Le prêtre doit avoir la même joie (que les apôtres) en voyant Notre Seigneur qu’il tient entre ses mains" ». « … je vous redis : "Rien ne remplacera jamais le ministère des prêtres au cœur de l’Église !" Vivants témoins de la puissance de Dieu à l’œuvre dans la faiblesse des hommes, consacrés pour le salut du monde, vous demeurez, mes chers frères, choisis par le Christ lui-même afin d’être, grâce à Lui, sel de la terre et lumière du monde. Puissiez-vous durant cette retraite spirituelle, expérimenter de manière profonde l'Intime indicible pour être parfaitement unis au Christ afin d'annoncer son Amour autour de vous et d'être entièrement engagés au service de la sanctification de tous les membres du Peuple de Dieu ». Appel angoissé du Successeur de Pierre, du Vicaire du Christ, du « Doux Christ en Terre ». Puissions-nous retrouver la fraîcheur de notre « oui », « adsum », « me voici », quand nous avons répondu à l’appel personnel de Dieu, quand, le jour de notre Ordination Sacerdotale, nous avons répondu ainsi à notre Evêque. ADSUM, et dire avec Saint Paul : « Je me dépenserai moi-même tout entier pour vos âmes » (2 Corinthiens 12, 15), que Mgr Lallier avait fait imprimer sur les images de son Intronisation à Nancy : « impendar et superimpendar pro animabus vestris »