Je réponds ici à deux blogeurs qui m’ont fait savoir hier qu’ils
aimeraient bien me voir parler de moi au quotidien. Mes chéris, ce que vous me demandez est au dessus de mes moyens tant il y a peu à dire au sujet de mon quotidien. Je rectifie : tant il y a peu
que je veuille bien dire.Le quotidien, c’est aujourd’hui au jour le jour et je n’ai pas la fibre pour en faire un tricot acceptable aux mailles bien serrées, bien tenues. Si je m’y
risquais, au final ce serait sans doute un ouvrage pire que monotone car ma vie est en ce moment assez chiante et ne contient rien, je dis bien rien, que je veuille mettre sur du papier. (En
plus, rien qu’à écrire les deux mots «ma vie" je me trouve déjà trop prétentieux.) Chiante, j’accepte qu’elle le soit parce que c’est ainsi en ce moment, je n’ai pas de baguette magique pour la
transformer, ou plus exactement les batteries sont en charge. C’est comme ça, mais ce n’est heureuseument qu’un cycle passager et je l’accepte comme tel.Si ce n’est pas un peu malheureux, s’emmerder à cent sous de l’heure dans une ville ayant la réputation d’être unique, une ville pleine de musées, de trucs et de
machins, autrement dit Berlin ? Qu’on s’entende bien : dans les musées, il y a toujours des gens et pour le sauvage que je suis c’est déjà trop ; le public qui fréquente les lieux culturels me
sort par les trous de nez. La dame de la photo, qui se trouve justement dans un de ces musées, je ne suis jamais allé la voir et je peux raisonnablement affirmer que jamais je ne lui rendrai
visite. Elle qui a de nombreux admirateurs ne s’en offusquera pas. Quoi d’autre ? Je regrette profondément de parler allemand, cette langue dans laquelle je travaille et qui explique que j’habite ici. Idéalement, quitte à vivre
ailleurs qu’en France, je me verrais mieux dans le nord du Portugal parce que je connais là-bas deux ou trois coins de mer qui semblent faits pour moi - je parle évidemment de plages vides, vides
même au plus fort de l’été. Que ce soit là ou ailleurs, je sais que ma vie sera prochainement moins chiante, mais à ce moment-là je serai vraisemblament trop occupé à la vivre pour perdre mon
temps à l’écrire. Je dis bien : perdre.