Max | Palpitation

Publié le 22 janvier 2010 par Aragon

Derrière mon oreille droite il y a une cicatrice qui palpite doucement.

Le temps lape mon énergie, boit aux sources obscures de mon cerveau. Il est patient comme un loup qui se désaltèrerait sans jamais cesser dans le courant d'une onde pure. Comme il est patient !

Ils ont ouvert ma tête un jour. Elle était en conflit, champ de bataille, vision réelle de tous les inimaginables. L'armistice est signée à présent, après 6 h de pourparlers serrés. Les morts sont enterrés, les blessés emportés. Il reste cette cicatrice incertaine traçant un doigt étrange aux marges les plus extrêmes de mon être.

Derrière mon oreille droite il y a une cicatrice qui palpite doucement, fermant la porte double battant au chant de la souffrance. Enfin, enfin, délivré des crocs, remonté des douleurs abyssales ! Reste à vivre sachant désormais que le temps surrégénérateur de vie enfantant la souffrance distille néanmoins ses espoirs au tamis si serré d'un souffle qui s'éteint.

Derrière mon oreille droite il y a une cicatrice qui palpite doucement, lentement, à jamais. La peau en sa longueur de crête est dure et boursouflée. J'avais dit au chirurgien de glisser entre l'os et la chair une poignée gracile qui facilitera la tâche de ceux qui me mettront - un jour - à l'abri sous la terre. "Facile à déplacer, dégagez la poignée", ces mots je les mettrais en testament ultime au jour de mon départ quand cette cicatrice, ma chère cicatrice, noble ennemie intime, ne palpitera plus...