Seigneur, Seigneur Dieu,
au-delà de tous les noms
Délivre-nous
ainsi que l’a souhaité Maître Eckhart
Délivre-nous
non de l’amour
mais de l’image de Toi
Comme tu as délivré mes oreilles
du bruit du monde En me
rendant presque sourd
Comme tu m’as libéré du délire
de puissance et de possession En me rendant presque aveugle
Séparé, enfermé en moi-même,
ne m’emprisonne pas avec Toi
Accorde-moi la liberté
Où parfois, en m’éveillant, je te sens si proche
Il y a la tempête solaire de l’illumination,
il y a la prière, la pauvreté des cœurs
et la miséricorde
Quand le Seigneur passe devant
Élie dans les livres des Rois
Il y a le bruissement d’un silence ténu
Je n’ai pas été, je ne suis pas prêt pour ces grands accomplissements
Je suis devant Toi avec mon fagot d’écriture
et je n’ai manqué ni d’effort ni de joie
Accorde-moi, comme aux Rois mages,
de suivre l’étoile du brûlant, brûlant amour
Que je connaisse enfin la libre efflorescence qui est, qui est là, qui est Toi,
Ô silencieux, souterrain, souverain Seigneur des eaux, des plantes, des vivants
Et de la nourriture de tous.
- publié le 17/12/2009
Poème inédit d’Henry Bauchau, offert pour publication dans ' La Vie. '
'(La mise ne page, les sauts de ligne, les caractères gras ... sont de moi ...)