Lu dans la presse jeudi:Emerson sous le signe de Thoreau

Publié le 23 janvier 2010 par Lauravanelcoytte

Par MATHIEU LINDON

Henry David Thoreau et Ralph Waldo Emerson Correspondance Edition bilingue établie, traduite, présentée et annotée par Thierry Gillybœuf. Editions du Sandre, 288 pp., 28 €.

L’amitié intellectuelle et sentimentale entre Ralph Waldo Emerson (1803-1882) et Henry David Thoreau (1817-1862) est aujourd’hui considérée comme un des événements de la vie littéraire et des idées du XIXe siècle américain. Comme le signale Thierry Gillybœuf dans sa riche édition de leur Correspondance, Emerson est alors, au contraire d’aujourd’hui, beaucoup plus célèbre que Thoreau qui mourra à peu près inconnu. Le philosophe et poète, en qui on voit l’auteur d’une «Déclaration d’indépendance intellectuelle» des Etats-Unis, est le créateur du transcendantalisme, doctrine qui repose sur un lien direct entre l’homme et Dieu et la nature (et dont est proche aussi Nathaniel Hawthorne, le voisin des deux hommes à Concord). «Il m’est arrivé de penser quelquefois que pour être un bon pasteur, il est nécessaire de renoncer à son ministère», écrit Emerson en juin 1832 avant de renoncer de fait à sa charge six mois plus tard. Il rencontre Thoreau en 1837, après une conférence de l’écrivain, poète et naturaliste. Très vite, les deux hommes se lient intimement. C’est sur les terres d’Emerson que Thoreau construit la cabane où il vivra deux ans ainsi qu’il le raconte dans Walden. C’est à Thoreau qu’Emerson confie sa famille quand il part en Angleterre. Il semble aussi que Thoreau ait été amoureux de la sœur de la femme d’Emerson, et que l’endurcissement de son célibat n’ait pas juste tenu à sa seule volonté.