Les personnes âgées se sentent quelque peu oubliées

Publié le 24 janvier 2010 par 509
Infirmes et souffrants avant même le violent séisme du 12 janvier, les 71 retraités pensionnaires de l'Asile Communal de Port-au-Prince vivent l'un des moments les plus terribles de leur longue existence et attendent toujours qu'on leur vienne en aide.
"Au moins deux personnes âgées ont tenté de se hisser dans le bâtiment depuis le séisme, mais c'est dangereux", raconte Jean Emmanuel, l'un des responsables de cette maison de retraite, très endommagée par la secousse qui a fait plus de 111.000 morts.
L'aide internationale qui afflue vers Haïti, pays le plus pauvre des Amériques, n'est toujours pas arrivée jusqu'à eux. Plus de dix jours après le séisme, les vieillards attendent des vivres, des soins et des médicaments.
Ils dorment dans des draps souillés dans un jardin situé à proximité des ruines de leur ancien foyer, utilisant des pots de chambre et se lavant dans un espace exigu et dépourvu d'intimité.
Le plafond du bâtiment réservé aux femmes s'est effondré pendant la secousse. L'édifice administratif a été détruit, tandis que le foyer pour hommes a été sévèrement endommagé, mais tient encore debout. C'est dans ce dernier bâtiment que certains pensionnaires veulent retourner.
Cinq personnes ont péri dans le bâtiment des femmes. Deux autres pensionnaires sont morts dans leur lit de fortune depuis le séisme. Un corps est toujours sous un drap à proximité des survivants.
"Nous avons eu de la chance. Nous avons eu de la chance de perdre si peu de gens", affirme Jean Emmanuel.
Deux membres du personnel ont été emmenés en République dominicaine pour y être soignés. Beaucoup d'autres, leur existence brisée, manquent à leur poste.
Un grand nombre de victimes du séisme campent dans le jardin de la maison de retraite. Des enfants nus courent dans les ruines, entre les lits et les fauteuils roulants des pensionnaires.
Alors que des pillards circulent dans les rues, le personnel de l'Asile Communal est inquiet en permanence pour la sécurité de ces patients vulnérables.
"Nous n'avions pas beaucoup de moyens avant, mais maintenant, nous n'avons rien", déplore Jean Emmanuel.
Avant le séisme, des infirmières et un centre médical aidaient les vieillards, transportant les malades vers les hôpitaux aujourd'hui dévastés par le séisme ou submergés de victimes.
Quelques organisations non gouvernementales ont récemment découvert ces oubliés du séisme.
"Ces gens sont dans un état désespéré. Il faut donc que nous les aidions", a dit à l'AFP Margaret Chilcott, responsable de l'organisation HelpAge International, dédiée aux personnes âgées.
"Souvent, les gens se concentrent sur les enfants ou les femmes enceintes et les personnes âgées sont oubliées", a-t-elle relevé.
Son organisation, aidée par des dons privés et de l'aide médicale fournie par la Croix-Rouge Internationale, entend aider le centre à se remettre sur pieds.
Assis au milieu des mouches, presque entassés les uns sur les autres, de nombreux pensionnaires expriment leur colère envers les autorités locales, accusées de les abandonner à leur sort.
"Nous n'avons toujours pas vu le maire ou l'un des ses représentants. Nous avons reçu (jeudi) quelques bouteille d'eau données par des étrangers mais c'est tout", s'indigne Exumi Fleurant, un aveugle de 67 ans en fauteuil roulant.
Dans un coin du jardin, une vieille dame fait un signe montrant qu'elle a faim. "Je veux juste de la nourriture", dit Clotilde Guerrier. Sous le soleil tropical, elle se penche en avant sur son lit métallique et annonce son âge : 100 ans.Yon gwo AYIBOBO pou ou men m zanmi m ki vizite lakou sa pou pwan nouvèl zanmi lakay ak lòt bò dlo.