Prêtre : Là où je t'emmène, tu iras.

Publié le 23 janvier 2010 par Fbruno

Pendant l'année sacerdotale, la rédaction du site diocésain de Lyon propose chaque mois le témoignage d'un prêtre

Huitième rendez-vous avec Gilles Vadon, ordonné en 1989, curé de l'ensemble paroissial Saint-Augustin - Sainte-Elisabeth depuis 2009, aumônier diocésain de l'ACI (Action catholique des milieux indépendants) depuis 2005.

Écoute et regarde

Ma vocation s'est éveillée progressivement comme une évidence au cours d'un parcours, une prise de conscience de chaque jour. Un peu comme si Dieu me disait : c'est là que je te veux !

Déjà à l'âge de huit ans, je voulais être prêtre. Toute mon enfance a été marquée par ce désir qui bien sûr devait mûrir et se construire et rejoindre celui-là même de Dieu.

Aîné d'une famille de six enfants, mes parents, tous deux chrétiens pratiquants, ont eu l'audace de me confier très tôt des responsabilités. J'ai débuté ma scolarité dans l'école publique de la rue Robert dans le 3e arrondissement de Lyon. Là, j'ai rencontré un milieu social plus diversifié que celui de ma famille plutôt bourgeoise. Pierre, d'origine espagnole, était mon meilleur ami, son père tenait un restaurant populaire dans le quartier de la Part-Dieu. Nous passions tous nos jeudis ensemble tantôt chez l'un tantôt chez l'autre sans que cela ne pose difficulté à mes parents. Cette ouverture d'esprit a toujours été un témoignage pour moi.

Petit et timide, pas très costaud, j'étais souvent la « tête de turc » de mes camarades. Lorsque j'étais chahuté, je me disais intérieurement, comme une prière, que je serais un jour plus fort qu'eux, mais autrement que par la violence ou la moquerie. J'étais persuadé que cette attitude m'était donnée par Dieu. C'est ainsi que l'Esprit me travaillait.

J'écoutais, je regardais…

Nous avions pris l'habitude d'aller le dimanche en famille dans une paroisse de Villeurbanne, celle de mon grand-oncle Hubert. Il y célébrait des Messes très vivantes et adaptées aux enfants. J'écoutais, je regardais, je le voyais parler, célébrer, habillé de beaux vêtements. Les gens l'écoutaient. Ils étaient de tous les milieux et de tous les âges. C'était simple et joyeux : j'étais heureux. Je me disais qu'un jour je serais prêtre comme lui pour mettre l'Évangile à la portée de tous.

En classe de sixième, mes parents m'inscrivent chez les Chartreux. C'est là, que pour la première fois, j'écris sur les fiches qu'on nous demandait de remplir en début d'année mon désir d'être prêtre. Je sentais que dans cet environnement je serais écouté. J'allais à l'aumônerie et à la Messe entre midi et deux heures. Je participais à un groupe de théâtre, ce qui m'a permis de nouer des amitiés solides que j'ai toujours et de sortir de ma timidité.

L'injustice me révoltait. Je me souviens que le jour de la rentrée en sixième je me suis assis volontairement à côté d'un élève seul et rejeté. Ce rapprochement d'avec l'exclu était pour moi un signe de Dieu et de sa volonté de me voir au service de mes frères en humanité.

Au cours d'une retraite de profession de foi, le père Varenne nous avait montré un montage sur les merveilles de la création. Le lendemain, pendant un temps personnel, une parole forte s'est imposée à moi : Écoute et regarde ! Paroles qui resteront gravées à jamais dans mon cœur et qui reviennent souvent comme un refrain.

Un jour - je devais avoir 13 ou 14 ans - où nous devions réaliser un montage diapo sur la Passion et la Résurrection, la lecture de ces textes m'a touché aux larmes. Ce fut un tournant sur le chemin de ma vocation. Je découvrais la toute puissance de Dieu dans son humilité et son effacement. J'écoutais, je regardais, je me laissais rencontrer comme le centurion romain. Je voulais vivre comme Jésus et voilà qu'il venait me dire qu'il voulait vivre avec moi. Je découvrais Dieu venant chercher les plus rejetés, les mal aimés, les oubliés. J'ai compris ce jour-là que l'amour de Dieu était universel et qu'aucun lieu de cette terre n'était oublié de Lui. Non seulement il était le Créateur de mon enfance mais encore le « tout proche » !

J'écoutais et je regardais la Croix…

Cette Croix me parlait comme elle avait parlé à François d'Assise.

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