Joseph Sudek, La dernière des roses
Josef Sudek
Saul Leiter
Saul Leiter
Filons la métaphore de Kate Bush : la maison considérée comme l’intérieur corporel, l’intime, l’intériorité. Et pour une fois, ce n’est pas uniquement féminin : ici, on est en compagnie de Josef Sudek et de Saul Leiter qui regardent par la fenêtre.
Je ne sais pas si vous avez vu le temps, mais moi, aujourd’hui, je reste dedans, peut-être à essayer -encore- d’écrire un poème.
Une forêt de velours en automne
Vert sombre et dorée.
Les arbres ciselés, des voeux sur les feuilles moussues.
Dans un écrin d’air froid,
Je marche.
C’est plus beau que vrai, ce n’est pas un souvenir,
Je n’ai pas d’âge,
Ce n’est pas un rêve,
Je suis éveillée.
Et soudain j’entre dans la maison de la mémoire.
La porte grince sous le lierre.
J’y ai fait les tapisseries moi-même,
J’ai composé avec ses fondations de guingois,
J’allume des cierges dans mes pièces favorites.
Je ferme quelque portes et le vent m’aide.
J’essaie de perdre la clef.
Parfois en tournant trop longtemps dans les pièces chargées, baroques,
En errant de couloirs obscurs aux tentures poussiéreuses en antichambres pâlies,
Je m’étourdis, je manque d’air.
Je cherche un bout de vérité, mais je ne le trouve jamais.
Je m’y promène à toutes heures du jour et de la nuit,
Et je reviens au présent de manière invisible,
Quelques cheveux restent seuls dans le voyage.