Complainte haïtienne

Publié le 24 janvier 2010 par Lephauste

"Dans ma maison vous viendrez", d'ailleurs ça n'est plus ma maison, "je suis entré là par hasard".

J'ai un peu attendu qu'on sauve les petits enfants de la télé, qu'on en envoie d'autres à destination du marché aux enfants pour les blancs (frais de ports payés), j'ai attendu que le dernier moellon écrase le dernier tibia, que les plaintes du peuple gonfle les escarcelles, j'ai attendu qu'une force monoparentale envoie des troupes fraîches et aguéries au maintien de l'ordre parmi les victimes. De même j'ai attendu qu'on évalue les parts de marché, qu'on signe les contrats, qu'on redresse tant que faire se peu les éfigies de Toussaint l'Ouverture (un nom d'ange en colère), aussi que les morts retournent aux morts, Macoutes ! Macoutes ! Tonton, terre trembler ! Que les morts enterrent les morts, les monceaux de morts vivant sur une terre pelée/dépecée par les blancs et les blancs dans l'oeuf à la coquille noire comme l'âme des charitablement commençant par soi-même. J'ai attendu que la poussière, hoquet de l'écorce qui pète en dessous de la sous-ventrière, retombe dans l'apathie des nouvelles plus très fraîches. J'ai attendu que le débat sur l'identité nationale reprenne du poil de la bête, qu'on nous envoie tout ce monde là à Vichy, que la Wermarcht se tienne prête. J'ai attendu le déluge, comme une tête de pont, une vraie tête de pont ! Mais je vous jure que si on m'avait demandé ce que je pensais de la situation en Haïti ... J'aurais eu tôt fait de dire que je m'en foutais pas mal de ce qui se passait dans ce futur BMC de l'armée du monde. Que ça se déchampigne d'abord chez les plus pauvres peut étonner que celui ou celle, sa soeur de lait, que le dégoût de sa propre vie rend chèvre. Sauvez les haïtiens ! Sauvez les haïtiens ! Sans toucher à votre niveau de vie !

Mais qu'on se rassure, personne m'a posé la question.

"Dans ma maison vous viendrez", d'ailleurs ce n'est plus ma maison, "je suis entré là par hasard", à coups de crosse.

Entre Guillemette : Jacques Prévert