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En retard pour l'aéroport...

Publié le 16 décembre 2009 par Elinorbird

Troix valises ouvertes autour de moi. Toujours vides. Une pile monstreuse de vêtements sur mon lit. Mes cadeaux de Noël dans un coin, entassés... Mon avion partait dans quatre heures, il fallait que j'aie quitté cet appartement dans une heure et trente minutes grand max. Et à cette heure de la journée, j'allais être coincée dans les bouchons...

Mais avant de partir, je devais vous raconter la fin de notre soirée...

Après le concert de Billie, nous étions donc allés fêter l'immense succés chez Chloe 81*. Chloe 81 faisait parti de ces petits bars secrets, sans enseigne, que l'on appelle ici des speak easy, et était niché dans une petite rue désertique du Lower East Side...

Roy, le barman, nous accueillit avec un magnum de champagne. Je soupçonnais Jack d'avoir passé un coup de fil avant notre arrivée pour passer cette commande spéciale. C'était tout à fait son genre malgré ses airs de je-navigue-sur-d'autres-eaux-et-je-m'en-moque... Je ne pouvais le quitter des yeux... Il avait l'air si triste. Je ne comprenais pas. Était ce vraiment la nouvelle de mon départ qui l'affectait à ce point? Ou bien la mention de Leo? Hummm.... Dans les deux cas, cela voulait-il dire qu'il tenait à moi plus que je ne me l'imaginais? Peut-être refoulait-il des sentiments plus forts?

Ohhh.... Suffi. Je me posais beaucoup trop de questions. Et puis de toute façon, c'était trop tard. Un peu plus tôt, j'avais enfin trouvé la force d'appeler Leo... Bon, malheureusement, j'étais tombée sur son répondeur et n'avais pas laissé de message... Mais...

- QUOI! Tu n'as pas laissé de message? me gronda Paige

Elle allait devenir folle avec moi. Je le voyais bien. Je la mettais hors d'elle avec cette histoire de Leo.

- Bah non... Pour dire quoi?

- Pour dire quoi? répéta-t-elle moqueuse... Bah pour lui dire que c'était toi au moins. Comment veux-tu qu'il devine à qui appartient ce numéro?

- Eh bien s'il est curieux, il rappelera... avais-je lancé, défiante, en m'éloignant...

Elle commençait à m'agacer avec cette histoire. Je ne savais même plus si j'avais envie de le revoir ce pauvre Leo... Ça prenait des proportions...

Je m'approchai de Billie qui se pavanait sur la canapé, entourée de ses frères, Jimi et Willy. "A votre succés!" dis-je en levant mon verre. Jimi se décala pour me faire une place à côté de sa soeur. Je m'écroulai et racontai à Billie l'immense frustration que je provoquais chez Paige, à cause de cette histoire avec Leo... Billie explosa de rire. Je pense que la pression redescendait enfin pour elle et je la retrouvais égale à elle-même, drôle et détendue. Ça faisait rudement plaisir de la voir comme ça. Billie voulait danser, nous avions dansé. Billie voulait trinquer à coup de shots de tequila, nous avions trinqué à coup de shots de tequila. Elle était la reine et nous étions trop contents pour la contrarier. Mais sur les coups de 2AM, je commençais à sacrément fatiguer. Jack s'était levé pour rentrer et j'en avais profité pour m'éclipser aussi...


***
Et le lendemain matin, dans mon appartement, au milieu des valises...
- ELI! Tu ne devineras jamais? dit Billie en rentrant en trombe dans mon appartement dévasté- Qu'est ce qui se passe? m'inquiétai-je tout de suite en voyant le mine déconfite de mon amie- Dennis est parti avec la recette du concert. - Quoi?- Il s'est taillé. Plié baggage. Bye Bye.- Quoi? répétai-je comme si l'info ne voulait pas arriver à mon cerveau
Dennis était le manager du groupe Billie & The Pickles. Billie l'avait rencontré un an auparavant. Il avait une tête patibulaire mais j'avais toujours pensé que c'était un gars honnête dans le fond. Il croyait en Billie et avait fait beaucoup pour elle. Il avait permis au groupe de trouver des fonds pour financer le local pour les répèt', orgnisé toute la production du concert et était sur le point de signer un contrat avec un label pour sortir le premier album... Non... Non... Je ne pouvais pas croire qu'il ait fait ça... Non... Mais Billie était révoltée. Cependant, loin d'elle l'idée de pleurer. Non. Billie ne pleurait jamais ou presque. Mais par contre, elle était hors d'elle...
- Mais tu te rends compte! Quel CONNARD! Quand je pense!!! hurla-t-elle- Billie... Calme toi... Il doit y avoir une explication...- Non. C'est très clair.- Mais non. Calme toi j'te dis. Et raconte moi plutôt ce qu'il s'est passé...
Et Billie reprit les faits, depuis le matin même, quand elle avait été réveillée, bien trop tôt, vu l'heure à laquelle elle s'était couchée et la quantité d'alcool ingurgitée, par un appel de Tony, le patron de la salle de concert. Elle m'expliqua que ce dernier avait découvert qu'un de ses employés avait confié l'intégralité de la recette à Dennis. Il avait apparemment lourdement insisté en disant que c'est ce qui avait été convenu entre Tony, les musiciens et lui-même... "MAIS C'EST FAUX!!!" s'insurgea Billie. "Complètement faux!" Du coup, Billie avait appelé Jimi pour le tenir au courant et ce dernier ne souhaitait qu'une chose depuis, "retrouver Dennis et lui casser la machoire"...
(ohlalala...)
- J'ai essayé d'appeler Dennis un milliard de fois et il ne répond pas... m'expliquait Billie- ...- IL NE RÉPOND PAS ELI!- Je sais... Ohlalala... C'est pas possible...
J'étais complètement perdue... Je voyais les minutes de la pendule s'écouler, ma valise qui ne se remplissait pas, et ma pauvre Billie, à bout de nerf, assise sur mon lit. Je ne savais que faire... J'allais rater mon avion... Alors, je tentais de lui remonter le moral et la rassurer tout en fourrant pulls, tee-shirts et culottes, dans mes valises... Mais elle m'interrompit:
- Dis donc. T'as dormi où?- Quoi? Mais j'ai dormi ici... mentai-je en sentant mes joues se colorer- ELI!!!- Quoi?- Je sais que tu n'as pas dormi ici. C'est pas la peine de me la faire à l'envers...- Ah oui? Et comment tu sais ça d'abord? demandai-je en la défiant- Eh bien figure toi que quand je suis rentrée, cette nuit, vers 4AM, il y avait vingt pompiers et dix flics dans le jardin... "Alerte au feu mademoiselle, on évacue le building"- QUOI??? - Oui Madame. Exactement... Alors tu penses bien que, quand j'ai entendu ça, je me suis précipitée à l'intérieur pour te sortir de ton sommeil et te sauver. Coursée par les pompiers qui voulaient m'en empêcher, j'ai escaladé les septs étages en courant, et suis arrivée chez toi, en catastrophe, pour constater que ton lit était vide et n'avait même pas été défait...
(oups...)
- ... - Les pompiers m'ont incendié (c'est le cas de le dire) et escorté jusqu'à la porte. Et comme j'avais un peu bu, tu t'en doutes, ils m'ont pris pour une ivrogne doublée d'une hystérique... Je t'épargne les détails mais j'ai du discuter avec eux pendant trois heures pour leur prouver que tout allait bien...- Désolée... dis-je, confuse...- Bref. Au final, pas de feu, fausse alerte. Il s'avère que c'était encore la folle du premier qui avait fait une fausse déclaration...- ...- Et, j'avais beaucoup bu, mais je me souviens très bien que Jack et toi avez disparu au même moment hier soir... continua-t-elle, ne perdant pas le nord...- Oh... Oui mais tu sais... C'était juste une coïncidence...- ELI?- Tu peux me passer mon pantalon noir qui est sur le lit s'il te plait? Je vais vraiment louper mon avion...- E-LI-NOR BIRD! Raconte bon sang...- Le pantalon s'il te plait... insistai-je- Si tu n'étais pas avec Jack, tu étais avec Leo alors? C'est ça? Il t'a rappelé?- Le pantalon! Et tiens. Assieds-toi sur cette valise s'il te plait, continuai-je tout en courant dans tous les sens... Il faut la fermer.- Tiens, dit-elle en me passant enfin mon pantalon et en s'asseyant sur ma grosse valise.- Merci.- Mais raconte moi Eli.... supplia-t-elle- Oui. Leo m'a rappelé mais... Ma poule, il faut vraiment que j'y aille, je vais louper mon vol... - MAIS DIS MOI AU MOINS OÙ TU AS DORMI!!!!???? s'énerva-t-elle- Non... Je ne peux pas... Pas comme ça... C'est compliqué... Si tu veux vraiment que je te raconte, il faut que je commence du début et ça prendrait trop de temps... Il faut que je file... Je devrais déjà être dans un taxi... Mais voyant la mine déconfite de mon amie, je proposai:- Je t'appelle de l'aéroport si tu veux? Ok?- Ok... se résigna-t-elle, comprenant qu'elle n'avait pas le choix. J'étais prise de panique, à essayer de fermer toutes les valises tout en les poussant en même temps dans le couloir.(Allez hop. On verra bien si j'ai oublié quelque chose ou pas... Tout dans l'ascenceur...)
Je fermai la porte de mon appartement derrière moi et pris conscience que je l'ouvrirais pas avant deux mois... Cette pensée me rendit soudain très triste et je me tournai vers mon amie:- Oh tu vas me manquer... - Toi aussi Eli, me dit Billie en baissant les yeux.- On se skype, on se mail, et surtout, si tu as envie, viens me rendre visite. Tu sais que tu es la bienvenue hein?- Oui je sais Eli... Peut être... On verra...- ...- ...Nous étions émues... Mais je n'avais pas le temps pour des pleurs...
Passeport check, carte d'embarquement check, livre de voyage check.
Arrivées dehors, il fallait encore attraper un taxi. Billie me faisait toujours les gros yeux. Je pense qu'elle était soucieuse pour cette histoire d'argent disparu et triste à l'idée de mon départ... Mais surtout fachée que je ne lui raconte pas mon secret...
"TAXI!!!!"
Je trainais mes valises tant bien que mal. J'étais en eau. Billie avait réussi à arrêter un taxi... Et elle avait enfin mis de la douceur dans ses yeux...
- Bon vol Eli. Repose toi dans l'avion. Et arrête de te prendre la tête ok? dit-elle en me serrant fort dans ses bras- Promis, articulai-je, la gorge serrée- ...- Tu as été géniale hier ma poule, continuai-je. GÉ-NIALE! Tu m'entends! Et ne t'en fais pas pour Dennis. Je suis sûre qu'il y a une explication logique. - Oui oui...- Prends soin de toi, dis-je en ouvrant le portière et en me faufilant sur la banquette arrière. - Toi aussi Eli.- LOVE YOU!!!!! Je t'appelle de l'aéroport promis et see you in two months!
Et le taxi démarra en direction de JFK....

*Chloe 81, 81 Ludlow Street, New York, NY 10079, #(212) 677-0067


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