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Dreams come true...

Publié le 05 décembre 2009 par Elinorbird

En rentrant de ma balade sur l'East River, j'avais reçu un message de Jack m'informant qu'il passerait me prendre à la maison vers 7.30PM. J'avais branché mon Ipod sur les enceintes et programmé une playlist jazz incluant Mélody Gardot, Lisa Ekdahl, Diana Krall, Norah Jones, Dee Dee Bridgewater, Nina Simone, ect... Des femmes aux voix d'anges. J'avais éteint les lumières, allumé une bougie au figuier, et m'étais plongée dans un bain moussant et brûlant. J'avais besoin de me détendre et je m'étais endormie, la tête posée sur le rebord de la baignoire...

Une heure et demi plus tard, mes cheveux ondulaient sur mes épaules, ma peau était douce comme une peau de bébé et je sentais bon la camomille. J'étais prête. Je portais ma sublime robe-manteau Ungaro noire sans manches des années 1970, mes jolies petites bottines à talons marrons, chinées chez Edith Machinist*, l'hiver dernier, ma très élégante redingote en cashemire et col de fourrure, la montre de mon grand-père Jaeger-Lecoultre**, le collier de maman en tourmalines... Jack passait me prendre en voiture en bas de la maison dans cinq minutes, juste le temps de mettre une pointe de mascara et de descendre...


J'étais totalement détendue. Cela peut paraître surprenant mais ce diner était devenu comme une évidence et je me sentais complètement sereine. J'étais si heureuse de le retrouver après tout ce temps... Cela faisait presque trois semaines que nous ne nous étions pas vus. Il m'avait tellement manqué...



ting ting!


- Je suis en bas.


Jack était là. J'attrapai mon sac à main, jetai un dernier coup d'oeil à mon reflet dans le miroir, éteignis toutes les lumières, fermai la porte d'entrée à double tour, traversai le couloir, montai dans l'ascenseur qui m'attendait, descendis au rez-de-chaussée, sortis de l'immeuble et je le vis, appuyé contre la portière de sa Mercedes noire, les yeux pétillants, le sourire ravageur, une main dans la poche de son jean noir et l'autre tenant un joli petit bouquet de perce-neiges. Il était encore plus beau que dans mon souvenir, non pas parce que ses traits étaient parfaits, ni parce que ses cheveux blonds et ondulés lui tombaient légèrement sur le visage, ni parce que ses yeux, d'un vert si profond, te faisaient perdre les pédales, et encore moins parce qu'il avait des mains de pianiste... Non, il était beau simplement parce que son sourire était sincère, ses yeux étaient doux, ses bras appelaient à la tendresse et la protection, il était beau parce que la première chose qu'il me dit quand il m'aperçut sortir de l'immeuble fut "Bird, vole à moi!" et que je ne pus m'empecher de lui sauter dans les bras...


- Jack! Comme c'est bon de te voir! lui chuchautai-je dans l'oreille alors qu'il me serait si fort qu'il me décolla du sol

- Bird.... souffla-t-il

Et nous restâmes un petit moment ainsi, prolongeant le bonheur de se retrouver...

- Tu m'as manqué, avoua-t-il en me tendant le bouquet

- Oh toi aussi... Elles sont magnifiques. Des perce-neiges, comme sur le balcon de ma grand-mère... Est-ce un hasard ou tu t'en es souvenu?

Il ne me donna qu'un clin d'oeil pour réponse...

- Je ferais mieux d'aller les mettre dans l'eau tout de suite.

- Tu veux que je monte? proposa Jack. Tes vases sont toujours sous l'évier?

- Absolument, répondis-je, surprise par tant de mémoire

- J'y vais. Mets toi au chaud dans la voiture... dit-il en s'éloignant



Je ne pouvais m'arrêter de sourire. Dans sa voiture, ça sentait délicieusement bon le Vétiver, son parfum, et il faisait une chaleur agréable. Les Kings of Leon jouaient Cold Desert et je fermai les yeux.



- Tu es bien? me demanda Jack qui avait regagné la voiture et s'installait sur le siège conducteur alors que j'ouvrais les yeux

- Oh oui... répondis-je en le gratifiant d'un sourire. Je suis très bien...

- Il Buco***? J'ai réservé pour 8PM.

- Parfait.



Nous roulions dans les rues de New York en écoutant BlackBird des Beatles, puis Blindsided de Bon Iver, At Last d'Etta James, Speak French de Florence and the Machine.... Nous fredonnions en coeur nos chansons préférées, les unes après les autres, en se jetant des regards de joie, les yeux humides d'émotion. Jack avait laissé sa fenêtre entrouverte et le froid pénétrait dans l'habitacle mais le siège chauffant m'enveloppait comme une couverture et je me sentais parfaitement bien. Les rues étaients désertes, comme si la ville était à nous. Nous avions tous les feux verts et une place nous attendait devant le restaurant pour nous garer.

Jack fit le tour pour m'ouvrir la portière, et me tendit la main pour m'aider à descendre.



Le restaurant était calme bien que toutes les tables soient prises. Mais les gens parlaient tout bas... C'était comme si on les avait mis en sourdine. L'hotesse nous accueillit et nous conduisit à notre table, toujours la même, depuis trois ans. Nous avions nos habitudes ici. Le chef proposait un menu différent chaque jour ce qui permettait de ne jamais s'ennuyer... Et ce soir, le Risotto di Pomodori ai Caprino - principato di Lucedio carnaroli rice, heirloom tomatoes, goat cheese, basil, me tentait assez... Peut être des Crocchette di Cavolfiori - cauliflower & gorgonzola croquettes et un Crudo - sashimi grade fluke, turnips, tangerine oil, chervil, orseradish à partager comme entrées...



- On se prend une bouteille de Chianti? Qu'en dis-tu? intervint Jack

- Avec grand plaisir...



Dustin Hoffman était assis à la table d'à côté et, à l'autre bout de la salle, j'aperçus Natalie Portman qui dinait, entourée d'une bande de garçons tous aussi séduisants les uns que les autres... Petite veinarde...



Ce restaurant était si chaleureux, avec ses grandes tables et ses étagères en bois, ses casseroles en laiton accrochées au murs... Un mélange de rustique et d'élégance. Et une cuisine italienne familiale mais extrêmement recherchée et raffinée.



- Le vin est délicieux.

- Effectivement. Il est doux et laisse un goût en bouche absolument divin...

- Trinquons! A ton retour! Et à nos retrouvailles. Tu m'as manqué.

- Toi aussi tu m'as manqué Bird. C'est pour ça que je voulais te voir dès mon arrivée. Tu sais... J'ai beaucoup réfléchi pendant ce voyage et parfois, prendre du recul aide à y voir plus clair.

(Mon coeur battait à mille à l'heure et je commençais déjà à avoir des sueurs froides)

- J'ai beaucoup travaillé, continua-t-il. J'étais fatigué mais j'avais aussi beaucoup de soirées et de nuits pour penser, seul dans mes chambres d'hotel luxueuses... Et puis, Amy est venue passer une semaine à Tokyo avec moi, comme je te l'ai dit...




- Vous avez choisi!?

- Euh...

(Grrr les serveurs choisissent toujours leur moment pour interrompre une conversation au moment crucial...)

- Tu sais ce que tu veux Bird?

- Je crois oui. Je vais prendre le Risotto mais je voulais te proposer de partager une ou deux entrées avant...? Qu'en dis-tu?

- Tout ce que tu voudras...

- Bon très bien. Alors nous allons prendre le sashimi et les croquettes de choux-fleurs à partager et le Risotto pour moi.

- Et je prendrai le canard servi avec la purée de fève et persil. Merci.

- Très bien. Je vous remercie.


Le serveur était reparti...




- Où en étions-nous? Ah oui... Je disais que... Tu sais que tu es absolument ravissante dans cette robe-manteau. C'est tellement sexy. Et ce collier est magnifique. C'est celui que ta maman t'a offert pour tes dix-huit ans?

- Oui... bafouillai-je, émue par tant d'attention de sa part

- Tu es splendide.

- Oh arrête. Tu vas me faire rougir. Et puis, tu n'es pas mal non plus...

(Il pris ma main dans les siennes)

- Bird. J'ai beaucoup réfléchi pendant ce voyage et je me suis demandé pourquoi tu me manquais autant. J'ai vraiment pris conscience de l'importance que tu avais dans ma vie et je crois que je me suis enfin posé la bonne question. Que ferais-je sans toi? Et la réponse a été toute simple et d'une évidence. Je ne ferais rien. Je ne serais rien. Tu es celle qui me donne des ailes, qui me donnent envie de me surpasser, d'être plus fort, d'aller plus loin, tu me fais croire en moi comme personne, tu es toujours là dans mes moments de doute et tu sais mieux que personne comment me remonter le moral et me faire voir les bons côtés des choses, en toute situation. Tu es un vrai soleil pour moi, une vraie lumière, une vraie inspiration.

(Mon corps entier était au stade de la décomposition. Heureusement que j'étais en parfait équilibre sur une chaise bien solide cette fois. Il n'y avait peu de chance pour que je bascule à nouveau...) Et il continuait...

- Amy est venue. Et je sais que ça va te sembler cruel ce que je vais te dire mais, j'avais l'impression d'être avec une étrangère pendant une semaine. Je crois que nous avons évolué différemment et même si je l'aime de tout mon coeur, je crois que nous ne nous rendons pas heureux. Je ne sais même pas si nous voulons les mêmes choses... Et puis j'ai réfléchi au fait que nous étions fiancés depuis quatre ans. Quatre années Bird! Tu te rends compte. Et pourquoi n'avons nous jamais passé le pas? Pourquoi ne sommes-nous toujours pas mariés? Ça n'a aucun sens... J'ai peur de faire sans elle. Je ne te le cache pas. Mais je crois que j'arrive enfin à réaliser que, c'est pourant ce que je devrais faire. Et depuis que je l'ai accepté, les sentiments que j'ai éprouvé pour toi dès l'instant où je t'ai rencontré se sont libérés et je ne cesse plus de penser à toi. Je ne rêve que d'une chose, depuis une semaine, c'est te retrouver et t'embrasser et passer la nuit dans tes bras... Oh... Je sais... Tu dois te dire que je suis complètement fou... Et que tout ceci est extrêmement soudain... Mais je ne peux m'en empêcher... J'attendais ce moment depuis une semaine. Il fallait que je t'en parle...

(J'étais sans voix. Des larmes coulaient en silence le long de mes joues et mon coeur fut comme libéré d'un poids qu'il traînait depuis si longtemps... Je ne savais que répondre...)



Les plats arrivèrent mais nous étions dénués d'appetit. La seule chose que nous réussissions à faire était de plonger nos yeux dans ceux de l'autre et rester silencieux. Ma main était toujours bien au chaud dans les siennes et je sentais son pouls battre à tout rompre dans son poignet. Je finis par me lever, sous les yeux incrédules de Dustin Hoffman, pour aller me blottir dans les bras de mon bien-aimé et m'installer sur ses genoux. Une grande étreinte nous soulagea un peu mais Jack me murmura dans l'oreille... "Tu veux qu'on y aille? Demandons un doggie bag et allons chez moi..." J'acquiesai...



Le serveur, littéralement surpris, s'opéra et nous empaqueta notre diner avant d'aller chercher nos manteaux au vestiaire. Trente minutes plus tard, nous étions à nouveau dans sa voiture, notre bouteille de vin et notre diner dans un baluchon, prêts à aller pique-niquer devant la cheminée, dans le loft de Jack. Je n'avais toujours pas prononcé un mot. Je ne pouvais m'empêcher de penser à Amy qui, même si je ne l'avais jamais portée dans mon coeur durant toutes ces années, ne méritait pour autant pas un tel sort... Mais une autre petite voix me disait de penser à moi, et à mon bonheur, et de ne pas me rendre coupable pour quelque chose qui ne me regardait finalement pas. C'était la décision de Jack et donc à lui de l'assumer.



Nous arrivâmes chez lui et c'est dans l'ascenceur que Jack posa ses lèvres sur les miennes, pour la première fois. Des papillons multicolores envahirent le petit espace en un instant et nous nous retrouvâmes d'un seul coup dans un endroit magique que j'imaginai tout de suite comme le paradis. Son étreinte était douce et ferme à la fois. J'eus le sentiment d'avoir trouver ma maison.

Il me semble que le diner resta dans l'ascenceur... Nous avions d'autres idées en tête que de déguster un risotto et un canard... Les deux verres de vin que j'avais réussis à boire presque cul sec pendant qu'il me faisait sa déclaration me tournaient la tête avec volupté... Nina Simone me chantait He needs me et cette odeur de Vétiver se propageait partout dans la maison... Le feu de cheminée crépitait, et une vapeur épaisse sortait de la salle de bain...




- Je t'ai fait couler un bain, me susurra Jack dans l'oreille. Tu viens...

- J'arrive...





*Edith Machinist, 104 Rivington St, New York, NY 10002, #(212) 979-9992

**Jaeger-Lecoultre

***Il Buco, 47 Bond Street, New York, NY 10012, #(212) 533-1932


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