Il paraît que ce qui favorise l'éclosion d'une dictature, c'est notamment le sentiment d'injustice, les inégalités sociales, la crise, le chômage... tiens, ça me rappelle un peu ces dernières années dans le monde, ça non ? Ajoutez à cela des jeunes ou des « déboussolés » à la recherche d'une identité, et la sauce prendra à coup sûr...
A coup sûr ?
Un peu comme la sauce d'Hitler alors ?
C'est de là qu'est née cette expérience, dans les années 60, puis ce film, plus récemment, qui s'en inspire largement.
Au départ, c'était un prof américain donnant un cours sur le nazisme. Face à des élèves ne comprenant pas que la population allemande n'ait jamais réagi à ces horreurs, il a proposé à sa classe de fonder un mouvement « la Troisième Vague », prônant l'intérêt de la discipline et de l'esprit de corps, ainsi que la destruction de la démocratie, vue comme mauvaise car privilégiant l'individu et non le groupe.
Au fil des jours, dans cette école, mais également et plus particulièrement dans le film « La vague », le spectateur voit naître devant lui un nouveau groupe, mu par des intérêts communs allant parfois à l'encontre de ceux d'autrui, s'en moquant... ou pire.
Ce film est stupéfiant, car il est totalement crédible, et c'est cela qui fait si peur. Crédible quand on voit un ado perdu se raccrocher à « La vague » comme à une bouée de secours, tombant immédiatement dans l'extrémisme le plus dangereux. Crédible quand on voit la seule réfractaire s'opposer à tous, à ses risques et périls. Crédible quand on voit le prof dépassé par sa propre expérience, au point d'en faire les frais... ou d'engendrer des drames.
Tellement crédible qu'on en arrive à comprendre ce qui s'est préparé en Allemagne dès la crise de 29, puis à l'arrivée de Hitler au pouvoir en 33...
Tellement crédible qu'on en arrive à craindre ce qui va arriver dans les prochaines années, car la situation est actuellement propice à l'éclosion de ce type de mouvements : crises économique et financière, chômage en recrudescence, recherche de boucs émissaires, inégalités et injustices.
Tellement crédible qu'il est bon de se demander comment, nous, nous réagirions si un leader nous promettait monts et merveilles pour l'avenir en échange de l'extermination de tel type de population (les blondes, les personnes dotées de lunettes, ceux dont la taille est inférieure à 1m60... que sais-je encore), qui serait décrit comme la pire racaille du monde, responsable de tous nos maux, dotés d'une méchanceté telle que nous ne devrions avoir aucuns scrupules à nous en débarrasser.
Y croirions-nous ?
Validerions-nous cette idéologie ?
Agirions-nous en ce sens ?
Serions-nous contre, tout en nous voilant la face, incapables de nous opposer à ce régime d'extermination ?
Voilà les questions que soulève cette « Vague ».
Un film réussi, qui fait froid dans le dos tout en étant tellement, mais tellement dramatiquement réaliste.