La musique dans la tradition amérindienne a un statut très particulier ; en effet, dans notre tradition, tout est rempli de la puissance de la « médecine ». Le mot « médecine », dans le vocabulaire amérindien, est utilisé pour désigner quelque chose ou quelqu’un remplissant un rôle de communication entre le monde visible et le monde invisible ». « Médecine » veut dire à la fois image, mystère et magie. C’est l’esprit du son, l’intention avec laquelle il est émis, qui transmet la force vitale. La musique tire sa puissance de la terre et des étoiles. Ce qui lui donne alors une vibration, facile à ressentir, remplie de l’esprit de guérison et de paix. La transmission des sons sacrés requiert une formation sur de longues années.
Il faut noter que, bien que la musicothérapie puisse être efficace sur tous les niveaux d’être, elle est traditionnellement utilisée en conjonction avec plusieurs autres approches thérapeutiques.
Les Amérindiens ont une façon holistique, globale, de comprendre le monde, et une vision inclusive de l’univers. Dans cette vision du monde, toutes les choses sont en relation, les animaux sont de notre parenté et il en est de même avec les roches, les arbres et les nuages. Tout peut être compris dans son rapport avec le Grand Tout. Par exemple, la musique peut être une façon d’exprimer les rapports mathématiques intimes qui soutiennent le monde. Si j’apprends à battre la pulsation de la terre sur mon tambour, j’accorde mon propre cœur sur ce rythme fondamental.
Notre spiritualité et notre musicothérapie sont donc étroitement liées et ne peuvent être séparées sans perdre l’essence des principes thérapeutiques. La maladie et le mal-être sont souvent causés par un désaccord avec le monde ou un déséquilibre avec la nature. Nous pouvons ré-accorder, par les sons sacrés, les aspects de notre être qui sont en dissonance avec les lois fondamentales de la Création. La loi d’harmonie illustre ce principe selon lequel lorsque les choses sont créées sur une même fréquence, ou forme-pensée spirituelle, si une d’entre elles est mise en mouvement, l’autre vibre aussi par résonnance harmonique. Ce principe explique pourquoi nos instruments de musique ont un plus beau son chaque année, comme si le bois s’alignait sur la vibration de l’instrument. De la même manière, la musique en harmonie avec les lois de la nature ré-accordera l’être avec la santé inhérente à sa nature fondamentale.
Pour les Amérindiens, la musique est également très importante dans l’éducation. Si vous essayez d’enseigner l’alphabet à un enfant avec une chanson, il l’apprendra rapidement et se le rappellera pour toujours. Si vous l’enseignez sans chanson, cela deviendra un processus laborieux, avec possibilité d’oubli. Dans l’enseignement traditionnel, nous commençons toujours par un chant, et souvent ce chant est aussi une prière pour ouvrir nos cœurs à l’abondance et à l’harmonie dans le monde. Toutes les mères, pour aider les premiers jours d’un bébé, utiliseront la musique, chantant et chantonnant à l’enfant, naturellement, sans attacher un quelconque concept à cette activité.
Le silence avant et après la musique est aussi important que la musique elle-même. Dans le premier moment avant le flux des sons, l’inspiration, comme un vent tendre, sera sentie et nous serons capables d’entrer dans l’atmosphère que le musicien essaie de transmettre. Après que l’on a entendu le dernier son vient le moment précieux de silence qui capte tout ce qui a été exprimé et donne ce sentiment global d’unité et d’achèvement nécessaire à la compréhension, à la guérison et à l’appréciation. J’ai remarqué que le public applaudit assez rarement après que j’ai fini de jouer ma musique. J’encourage mes étudiants à ne pas applaudir, car cela détruit ce précieux moment de compréhension globale. Le silence fait partie intégrante de l’activité d’écoute. Si vous écoutez vraiment, vous vous rendrez compte qu’il y a toujours un son qui vibre de façon continue dans l’atmosphère, sur une fréquence élevée.