Magazine Humeur

La débâcle liturgique (10) - la célébration de la messe (f)

Publié le 25 janvier 2010 par Hermas
4) Les Messes « TGV » (« A Très Grande Vitesse ») Mais il y a plus, il y a plus grave encore. La rapidité avec laquelle sont récitées les prières, et « célébrées » les Messes. On en est arrivé à ce que j’appelle « les Messes TGV », les Messes dites « à très grande vitesse ». Car la réalité est bien ainsi. Je dois dire honnêtement que ce n’est pas un problème qui date d’hier, ni de la Réforme liturgique. Cela dépend seulement et uniquement du prêtre, de sa foi, de la conscience qu’il a du Mystère qui se réalise par lui, quel que soit le rite qu’il célèbre, la Messe Tridentine, ou le Nouvel Ordo. Quand la Messe tridentine était alors en usage, je me souvient très bien que les prières de l’Offertoire et du Canon étaient « dites » à voix basse. La liturgie prévoyait des gestes qui se répétaient, comme les signes de Croix par exemple sur l’Hostie et sur le Calice : « Hostiam puram, + Hostiam Sanctam, + Hostiam Immaculatam, + Panem Sanctum, + Vitae aeternae, + et Calicem Salutis perpetuae ». Entre chaque expression, les rubriques prévoyaient un signe de croix ( + ) tracé par le célébrant, sur l’Hostie et sur le Calice. Ces signes de Croix, au lieu de permettre au prêtre de marquer un temps d’arrêt, une courte pause pour lui permettre de bien se pénétrer du mystère qu’il célébrait, se transformaient en une « course contre la montre » : des signes de croix tracés à toute vitesse, faisant penser que le prêtre était en train de « chasser les mouches ». D’où la réflexion de nombreux prêtres de l’époque (ils avaient déjà perdu le sens du sacré !) : « pourquoi tous ces signes de croix mal faits ? Il vaut mieux en faire un bien, que cinq mal faits ». Les pauvres (déjà à cette époque) : et s’ils avaient songé à « bien faire » ces cinq signes de Croix ? Qui les empêchaient de bien les faire, avec recueillement avec piété ? On comprend que, avec la possibilité de prières plus « courtes », le choix soit allé au plus pressé. Car, dans la Messe tridentine, le fidèle ne pouvait se rendre compte de la manière avec laquelle les prières étaient « récitées » par le célébrant. Mais, avec le Nouvel Ordo, tout est dit à voix haute : rien n’échappe aux fidèles. Ou plutôt : tout échappe aux fidèles, car les prières sont dites, récitées, avec une telle vitesse, que, bien souvent, il n’a pas le temps de prêter attention à ce que « récite » le prêtre », de mémoire souvent, en regardant les assistants. Le Sanctus à peine terminé, il se retrouve déjà après la Consécration, sans s’en être rendu compte. Et, ce qui se « faisait » à voix basse dans la Messe tridentine, se fait à voix haute dans le Nouvel Ordo. Mais ne peut passer inaperçu ! Quelle mouche pique donc les prêtres, pour qu’ils récitent les textes de la Messe avec une telle rapidité ? Comment peuvent-ils se pénétrer des paroles qu’ils prononcent ? Ils sont pressés ? Qu’ont-ils à faire d’autre, si ce n’est CELEBRER LES SAINTS MYSTERES ? « Père infiniment bon, toi vers qui montent nos louanges…Nous t’en supplions Dieu tout-puissant… Il prit-le-pain-le-donna-à-ses-disciples-en-disant-ceci-est-mon-corps-livré-pour-vous-faites-ceci-en-mémoire-moi-il-est-grand-le-mystère-de-la-foi » Le tout, dit, récité, de manière monotone, monocorde, neutre, sans pause, d’un seul trait, à peine le temps de reprendre son souffle. « Ouf, « Ite Missa est ». ça y est j’ai dit la Messe : j’ai été brave ce dimanche 35 minutes avec l’homélie » (sic ) Et les fidèles ? « Tiens, c’était la Consécration ! Tiens la Messe est terminée : « allez dans la paix du Christ! ». Le prêtre se rend-il bien compte qu’il ne récite pas un texte, une prière : IL EST EN TRAIN DE PARLER A DIEU AU NOM DU PEUPLE QUI LUI EST CONFIE ET QUI DOIT POUVOIR S’UNIR A SA PRIERE ! Non, beaucoup ne s’en rendent plus compte. Ils ne parleraient pas ainsi aux gens qu’ils rencontrent, à leurs amis : personne ne les comprendraient. Ce serait même d’une grande incorrection. Et pourtant ils parlent au Dieu Trois Fois Saint : « Sanctus, Sanctus, Sanctus ». Pas même une pause, un petit arrêt au moment de prononcer les Paroles Sacrées, quand intervient le Seigneur, au moment de la Consécration pour dire « CECI EST MON CORPS, CECI EST MON SANG » Parler à Dieu ? Agir « in persona Christi » ? Qui le dirait ? Tourné vers le peuple, le prêtre, l’hostie, dans les mains, puis le calice, tout en prononçant les paroles sacrées de la Consécration, regarde les gens, leur montre l’Hostie, tourne la tête de droite à gauche, récite les « formules » de la Consécration de mémoire (ce qui est formellement interdit, pour éviter de se tromper) comme si, à ce moment là, c’étaient les fidèles qui intervenaient ! Ne devrait-il pas être incliné, recueilli, marquer un léger temps de silence, pour manifester que ce n’est plus lui qui agit, qu’il laisse la place au Seigneur qui va se rendre présent dans l’accomplissement de son Sacrifice ? Et laisser ainsi le temps aux fidèles de s’unir à lui, dans sa prière, dans son adoration, en ce moment solennel où s’accomplit notre salut ? Il faut reconnaître aussi que le texte de la Consécration, tel qu’il est rédigé actuellement, fait plus penser à un « récit » pur et simple, où se mêlent sans distinction la partie de récit de l’Institution de l’Eucharistie à la Dernière Cène, et la partie qui est la Consécration de l’Hostie et du Vin : en raison de la ponctuation tout d’abord ( : - deux points -, qui indiquent une continuité - au lieu de . –point - qui marquait une pause et en raison de la mise en lettres majuscules de paroles concernant le simple récit de la cène, et les paroles mêmes de l’Institution de l’Eucharistie. Une confusion est facile à faire, quand on n’a pas reçu une formation suffisante pour éviter une interprétation et une attitude erronées à ce moment grandiose et sacré ! Et cela, il faut le dire et le répéter, n’aide certes pas le prêtre qui n’a pas reçu une formation suffisante, à se rendre compte de qui se passe, de ce qu’il réalise, de ce que le Christ réalise par son Ministre. (à suivre)

Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine