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Mercedes Roffé/Les Lanternes flottantes

Publié le 26 janvier 2010 par Angèle Paoli
Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme »
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LAS LINTERNAS FLOTANTES 1
Ph., G.AdC


LAS LINTERNAS FLOTANTES

VII.

He llegado hasta aquí.
A la herida del ala.
Contradicción perfecta
donde todo es posible
donde todo danza su danza-vórtice
de silencio y vacío.

La luz apenas
juega a deslumbrarnos.
A idear las formas que nos guían
rotundas e ilusorias
   — mesa, silla, espejo.... : rama del paraíso…
rama
del sueño en la vigilia
— abierto y entregado.

No entres por ahí.
No acerques tu mano tibia y trémula
al dorado picaporte.
Verás la escena que te fue destinada
—precisamente aquella que debías
ver y no ver.
Tu Alejandría siniestra y familiar.
Roma bombardeando la casa de tu infancia.
Una Babel de mutismos.
No entres.
No abras los ojos.

Desnudeces.
¿Quién dice cuerpo?
¿Quién dice eros o amor?
Ágape
   interrupto en su descenso.

Todo vuelve.
Como aquí,
todo vuelve.
¿Pero a qué?

Oh loto bienoliente salpicado
de sangre y barro.
Escombros, miembros, esquirlas, ojos
infectando
el sagrado
   estanque de la vida
su corriente sagrada y estancada
en una fosa común.

En las paredes de la caverna,
entre estalactitas de sangre y barro, esquirlas y miembros cercenados,
un jazmín proyecta su sombra blanca trémula.
Oh jazmín bienoliente y perfecto,
abierto y entregado.

Mercedes Roffé, Las linternas flotantes (fragmento), Buenos Aires, ediciones Bajo la luna, 2009.

LES LANTERNES FLOTTANTES
Ph., G.AdC


LES LANTERNES FLOTTANTES

VII.

On est arrivé jusqu'ici.
À la blessure de l'aile.
Contradiction parfaite
où tout est possible
où tout danse sa danse-tourbillon
de silence et de vide.

La lumière joue
presque à nous aveugler.
À figurer les formes qui nous guident
rotondes et illusoires
   – table, chaise, miroir... : branche du paradis
branche
du rêve dans la vigile
– épanoui et offert.

N'entre pas par là.
N'approche pas ta main tiède et tremblante
du loquet doré.
Tu verras la scène qui te fut destinée
– justement celle que tu devais
voir et ne pas voir.
Ton Alexandrie funeste et familière,
Rome bombardant la maison de ton enfance.
Une Babel de mutismes.
N'entre pas.
N'ouvre pas les yeux.

Nudités.
Qui dit corps ?
Qui dit éros ou amour ?
Agape
   interrompu dans sa descente.

Tout revient.
Comme ici,
tout revient.
Mais à quoi ?

Ô lotus odorant éclaboussé
de sang et de boue.
Décombres, membres, esquilles, yeux
infectant
l'étang
  sacré de la vie
son courant sacré et stagnant
dans une fosse commune.

Dans les murs de la caverne,
entre stalactites de sang et de boue, esquilles et membres rognés,
un jasmin projette son ombre blanche tremblante.
Ô jasmin odorant et parfait,
épanoui et ouvert.

D.R. Traduction inédite de l’espagnol (Argentine) de Nelly Roffé
pour Terres de femmes



MERCEDES ROFFÉ

Mercedes_ter

Source

Voir aussi :

- (sur Terres de femmes) Mercedes Roffé/Naître à nouveau (+ bio-bibliographie établie par Cécile Oumhani) ;
- (sur Terres de femmes) Mercedes Roffé/Paysage ;
- (sur Terres de femmes) Nelly Roffé/Argia.



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