En lisant Entrée des fantômes de Jean-Jacques Schuhl, première partie.
C’est une immédiate magie qui marque l’atmosphère du nouveau roman de Jean-Jacques Schuhl, tenant à la fois du « film » onirique à la David Lynch, en moins flou et moins fou, ou à la Daniel Schmid, en plus noir et plus acide, poudré de neige, alors que les images sont essentiellement ici des faits (et non des effets) de langage, tout en grâce et en surprises, avec un objet transitionnel qui relève d'un désir enfantin de cinéma mental propre à fasciner l'enfant ne dormant en nous que d'un oeil...
On ne sait pas où on va mais on y va, dans la foulée d’une créature de rêve, comme on dit, se coulant à travers la nuit d’une mégalopole pour exécuter une improbable mission (elle est à la fois top et manipulée par des ficelles dangereuses) et retrouver un certain Vaughan. Il y a là un mélange de Mandiargues, en plus rilax, et de Juan Carlos Onetti, en moins glauque, mais c’est en somme du pur Schuhl avec sa musique à lui et posant à sa façon ce qui pourrait être un début de roman au sens des conventions de genre, alors que c’est hors des conventions, dans un autre genre, qu’il va poursuivre son errance de moins en moins somnambulique… (À suivre)
Jean-Jacques Schuhl. Entrée des fantômes. Gallimard, 142p.