Amateurs
d’exotisme et d’évasion, passez vite votre chemin car ce mois en
France n'a présenté aucune de ces caractéristiques, même si, à
sa façon, il fait aussi partie d'un voyage décidément très
facécieux, géographique, mais surtout personnel...
Moi
qui pensait naivement passer un mois tranquille avec les kids, je
n'avais pas anticipé les devoirs de vacances prévus pour moi par
leur maman : la préparation en urgence d'une conciliation surprise
devant le juge des affaires familiales fin janvier. Un boulot
franchement désagréable quand on ne travaille que pour défendre
l'évidence: pouvoir passer un minimum de temps avec ses enfants et
dans son environnement, Galapiat par exemple. La requête sinueuse
de ma future-ex n'allait pas vraiment dans ce sens pour des raisons
liées «au bien être des enfants» dont un père n'est bien entendu
pas apte à juger. Seules les mères savent ce qui est bon pour
eux....
Abrégeons
mais disons juste que, dans ce domaine comme pour le reste, cette
épreuve a été particulièrement sordide et difficile à vivre. Mon
moral a chuté rapidement pour se stabiliser dans les plus basses
couches du désespoir, avant de se reprendre devant l'inéluctable
échéance kafkaienne qui se profilait. Rapprochements de dernière
minute avec avocats puis juge semblant considérer qu'il n'est pas si
perturbant pour des enfants d'être éblouis par un spectre de
couleurs vives plutôt que de se conformer à l'habituel niveau de
gris standard, ont pu sauver l'affaire de justesse. De façon
certaine maintenant, nous nous retrouverons au moins en Avril pour
remonter le Sine Saloum et jouer au foot dans la savane avec les
petits senegalais. Ensuite, une fois revenus à la « vie
normale » auprès de leur mère, Galapiat mettra le cap sur Rio
où ils me rejoindront à nouveau en Août. Pour la suite, on verra.
Le jugement est rendu bientôt.
Toute
cette période pénible se solde finalement par une sortie par le
haut. J'ai retrouvé Thao et Ewen pendant un mois ainsi que pour le
dernier week-end à Paris où ils ont pu voir en vrai, leur nouvelle
passion: le Concorde, ainsi que les autres aéronefs pour lesquels
ils se passionnent actuellement. J'ai expérimenté qu'une longue
période seul avec eux est non seulement possible mais nécessaire
pour nous trois, j'ai approvisionné les quelques pièces necessaires
et documents pour la suite du voyage, soldé ma vie de couple par la
signature du PV qui rend le divorce désormais
ineluctable et me libère officiellement de ce mariage arnaque.
J'ai aussi retrouvé vraiment mes amis car comme le chante Renaud
«une gonzesse de perdue, c'est 10 copains qui reviennent».
Solde
de tous comptes faits, je commence sereinement ma nième nouvelle vie dont je noircis les premières pages blanches depuis mon départ de France. Arrivés à Dakar hier
soir avec ma soeur Olga qui m'accompagne pour quelques temps, comme
prévu, la chambre réservée au CVD était déjà occupée et nous avons dû
nous contenter des hamacs et des moustiques; mes papiers, faute de
backchich, n'étaient pas prêts. Mais comme tout s'arrange toujours
ici, un collègue yachty croisé au Cap Vert tantôt nous loge sur
son bateau cette nuit. Quant aux papiers, je n'en ai pas vraiment
besoin. Re-tropicalisation immédiate, fluidité des relations et des
évènements. Il y a de la place sur la prochaine navette de
Zinguinchor demain. Galapiat et les zen-vibes de Casamance sont presque déjà
perceptibles.