Le débat actuel me reporte à ma propre histoire.
Cette situation n’est pas nouvelle, lorsque j’ai demandé le renouvellement de ma carte d’identité en 1997, on m’a demandé un certificat de naissance de mes parents ainsi qu’un certificat de mariage.
Mon père est né en 1899, à Kingersheim, village alsacien. L’Alsace à cette période était possession germanique depuis 1871, sous Bismarck, pour redevenir française en 1918, après la 1e guerre mondiale, puis l’Alsace est à nouveau convoitée par l’Allemagne, ce qui donne lieu à l’occupation allemande en 1939, puis l’Alsace est annexée en 1940, libérée en 1945 où elle redevient française après la 2e guerre mondiale.
Le village alsacien Kingersheim, me délivre un certificat de naissance de mon père rédigé en allemand, en écriture Sutterlingen. J’ai du faire appel à un traducteur assermenté payant, pour la rédaction de ce certificat en français. Le traducteur ignorait cette écriture, je n’en ai pas trouvé d’autre. Mon certificat de naissance, puisque j’étais née sous l’occupation/ annexion (chut ne le répétez à personne) était lui aussi était rédigé en allemand traductible celui-ci. Heureusement que la municipalité de naissance de ma mère était moins tatillonne, car née en 1903, période où l’Alsace était allemande était lui rédigé en français. Mais je n’étais pas au bout de mes peines, car il me fallait mes 2 certificats parentaux en bon français. Mes parents se sont mariés à Illzach, la municipalité d’où ma mère était originaire, ce qui était l’usage à l’époque, en principe on se mariait dans la commune de la mariée. Aussi grâce au certificat de mariage de mes parents, rédigé en français clair et précis, comportant toutes les filiations, j’avais les 3 documents qui me permettraient d’obtenir le renouvellement de ma carte d’identité. J’avais renouvelé mon passeport qui me fut délivré dans la semaine sans complication.
Interloquée par cet amoncellement de démarches, obligation d’aller dans ma mairie de naissance, me trouver devant le guichet fermé, parce que l’horaire des agents municipaux est précis, au ¼ près… cad on ferme 1/4 avant la fermeture ….. j’ai écrit au journal local pour conter mon aventure. C’est qu’à cette période, le maire de mon village natale était préoccupé de débouter un député dépité, aux élections régionales, force affiches et campagne, qu’il n’avait pas le temps de se préoccuper de ces détails administratifs et de leur mise à jour en conformité.
Le maire me répondit par voix de presse, que « je l’avais allumé, et que c’est dans un souci de véracité des faits, que la municipalité ne traduisait pas les extraits et certificats de naissance »
Je répondis que c’était un comble d’être accusée d’avoir « allumé » un maire dont la municipalité avait été condamnée à l’époque par le tribunal administratif pour incendie à titre conservatoire.
Mais de surcroît pour la véracité des écrits, je dois révéler que mon 3e prénom, Marguerite, qui avait été rajouté à mon état civil par mes parents après l’occupation, chose qui était impossible à la déclaration de ma naissance, étant donné que la dite Marguerite, trop française, habitait dans le Territoire, appelé aussi “l’intérieur” en Alsace, s’est transformé en Margarete, par les bons soins du traducteur assermenté et chèrement payé. Autant vous dire que ma réponse au maire n’a pas été publiée dans la presse…
Après la guerre de Trente Ans (1618-1648) où les Hasbourg furent chassés et l’Alsace dévastée, Le Roi Louis XIV se serait exprimé ainsi en décrivant l’Alsace :
“Voici ma province germanique … quel beau jardin !”
scan et portrait de l’Alsacienne par Jean Jacques Henner