La réédition du livre de mon grand-père sur le Curé d'Ars

Publié le 28 janvier 2010 par Fbruno

En 1956, Jean de Fabrègues, directeur de La France Catholique, publiait un essai sur le curé d'Ars qui fut un grand succès et qui mérite amplement, en cette «  année sacerdotale  », une prochaine réédition.

« Petit-fils de Jean de Fabrègues, ami de mon père, je vous présente tous mes vœux  ». Celui qui m'appelle tous les ans au début du mois de janvier ne se présente pas, il sait que je vais le reconnaître, que je vais associer sa voix, par ailleurs particulière, au séjour lyonnais de Grand-Père, séjour qui le conduira sur le chemin d'Ars, dix ans après, quand il écrira L'Apôtre du siècle désespéré… Soixante ans plus tard, le hasard d'une rencontre sur Internet me conduit, avec Frédéric Aimard, actuel directeur de France Catholique, à rééditer ce beau texte. Certains ont connu Jean de Fa­brègues, figure de la pensée de droite d'avant-guerre, lanceur d'idées et de re­vues. D'autres ont connu l'homme sorti d'un camp de prisonniers, revenu les cheveux devenus blancs. D'autres ont connu Fabrègues, directeur de La France Catholique de 1947 à 1969. Cinq ont connu Papa, leur père. J'ai juste connu Grand-Père.

Quelques souvenirs remontent, par­mi tant d'autres. Je me souviens de La France Catholique, rue Edmond-Valentin, de son bureau, de l'odeur de pipe, mais aussi de l'imprimerie qui tournait, du bruit, de l'odeur de l'encre. Je me souviens de la rue des Saints-Pères, de son bureau, immense et encombré de livres, imprégné de l'odeur de pipe.

Je me souviens, étudiant, d'une discussion au coin de la seule lampe allumée, sur la pilule, et l'usage qu'il pensait qu'il en aurait fait si à son époque… Je me souviens avoir parcouru avec lui Paris à la découverte d'im­meubles, appuyant sur les son­nettes… nous franchissions les portes qui s'ouvraient… et reprenions notre chemin, insoupçonnables, pour les autres, celles qui étaient restées closes.

Petit-fils de Fabrègues, en 2010, qu'est-ce que c'est  ? Peut-être trois mots… trois mots entremêlés et imbriqués… réflexion, liberté, fidélité, trois mots synonymes de choix.

Le mot réflexion, d'abord, ré­flexion sans quoi l'action n'est que réaction instinctive, réflexion qui fait de nous des hommes conscients de leur existence et de leur avenir.

Liberté, ensuite, liberté de choisir que promeut celui que nous, chrétiens, appelons Christ, liberté qui nécessite pour s'exercer pleinement de se contraindre à examiner les différentes voies, à entendre les différentes voix, à sauver ce qui peut l'être de la position de chacune. Liberté qu'une Église parfois monocorde met en exergue, mais dont d'aucuns voudraient nous préserver d'exercer, en nous recommandant de n'entendre qu'un seul message, de n'écouter qu'une seule voix, de ne suivre qu'une seule voie. Liberté qui est essentiellement contrainte, et dont la contrainte est le seul moyen de nous priver.

Fidélité, enfin, fidélité à ses idées, à ses choix. Fidélité qui ne se confond pas avec constance et qui est la répétition renouvelée d'un même choix. Fidélité qui ne se confond pas avec persistance, quand la réflexion montre que le choix n'est pas le bon. Mais fidélité qui sait se confondre avec sérénité, quand la voie est la bonne. Fidélité qui sait être l'oreille qui écoute, l'épaule qui soutient, le bras qui relève quand la réalité se rappelle à l'ordre. Fidélité qui se renouvelle par la réflexion, et le cycle est bouclé.

Jean de Fabrègues était un homme de réflexion, un homme posé. C'était un homme libre, qui a su faire le choix de tant d'aventures avant la guerre, puis d'une unique aventure, La France Catholique, à laquelle il sera fidèle jusqu'à sa mort en 1983.

Dans son introduction, Fabrègues nous raconte comment, amené à habiter Lyon par les hasards de la vie de l'immédiat après-guerre, il ne se rendra pas à Ars, malgré les instances de sa femme, qu'il ne viendra à considérer le curé Vianney que malgré moi, à travers Bernanos à qui il rendra hommage en 1963 dans son Bernanos tel qu'il était. On sent, dans ce malgré moi, la réticence de l'intellectuel vibrionnant, fondateur de revues élitistes aussi bien qu'éphémères, compagnon de route des penseurs de l'avant-guerre, on vit sa réticence devant le fait d'aller respirer l'odeur rance de la poussière d'une sacristie perdue au fond de la campagne.

On sent que pour Fabrègues qui refuse de prendre la route, la supériorité de la foi réfléchie du penseur à la foi du charbonnier, qui croit sans raisonner, qui agit sans s'interroger.

La réflexion reprend le dessus. Avec la réflexion vient l'admiration devant la puissance de la vie de Jean-Marie Vianney, puissance qui vit venir à lui ce fleuve d'âmes, jusqu'à 400 par jour, devant l'impuissance de l'écrivain. L'envie, peut-être, devant cet homme qui gagnera chaque âme une à une, qui connaîtra l'intérieur de chacune.

Peut-être cette rencontre avec Ars est-elle part de la décision de Fabrègues de se consacrer au message de la foi, de consacrer les presque 40 ans qui lui restent à vivre à La France Catholique  ?

Monsieur Vianney, comme le nomme Fabrègues, était-il un homme libre  ? Cet homme tourmenté, qui se remet perpétuellement en question, qui est en proie au doute, n'a pas d'angoisses. Cet homme qui a peur de ne pas réussir ne panique pas devant l'ampleur de la tâche.

Dans la geste familiale, L'Apôtre du siècle désespéré est un des meilleurs livres de Jean de Fabrègues. C'est celui dont les universitaires de Nan­terre, 30 ans après, regrettaient qu'il fût épuisé. C'est celui qui, quand La France Catholique peinait à nourrir une famille nombreuse, a permis de mettre du beurre dans les épinards.

Un jour, sur Facebook, Frédéric Aimard m'a demandé si, en l'Année du Sacerdoce, la famille avait l'intention de redonner l'occasion de lire ce livre… ce fut le déclic, l'occasion de rassembler les souvenirs de l'un, les photos de l'autre dans un projet commun, un projet de mémoire.

Comment aurait réagi Monsieur Vianney devant Facebook  ? Y aurait-il vu un nouveau moyen de l'Autre pour dissiper les Âmes  ? Un outil pour lui de prêcher son catéchisme à de plus nombreuses gens  ? Aurait-il refusé la communion pour cause de dissipation à la jeune fille qui aurait consulté son profil sur son mobile sur le chemin de l'église  ? Ou se serait-il adressé, par ce même outil, à l'âme de cette même jeune fille pour lui rappeler le chemin  ? Aurait-il été simplement audible au milieu du brouhaha  ? Qui peut le dire et qui pourrait être présomptueux au point d'affirmer le savoir…

Au détour de l'Apôtre du Siècle Désespéré, vous croiserez un Fa­brègues analytique qui conte et ra­conte Monsieur Vianney, en ces petits moments qui firent la vie du curé d'Ars  ; vous croiserez un Fabrègues analyste, qui cherche les intentions et les motivations de Jean-Marie Vianney, le futur saint  ; vous croiserez enfin Fabrègues prédicateur, qui s'adresse par-delà l'espace et le temps au petit curé présomptueux, qui lui rappelle qu'il doit aller, malgré ses doutes, au bout de la mission qu'il a réclamée et pour laquelle il a été choisi.

Réflexion, liberté, fidélité… choix.

G.A.F.


Jean de Fabrègues, L'apôtre du siècle désespéré, Jean-Marie Vianney, curé d'Ars. Édition France Catholique, mars 2010, 224 pages, 14,90 € + 5 € de participation aux frais de port.

Tarifs dégressifs - Souscription

1 exemplaire €14,90 2 exemplaires €26,00 3 exemplaires €36,00 4 exemplaires €44,00 5 exemplaires €50,00 10 exemplaires €95,00

Souscription avant 22/02/2010

BON DE SOUSCRIPTION A RETOURNER A SPFC 60, rue de Fontenay 92350 le PLESSIS-ROBINSON

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J'ajoute 5 euros pour la participation aux frais de port et je fais un chèque à SPFC (ne pas mélanger avec un abonnement ou une autre commande). Le livre sera disponible et expédié début mars. Merci de passer commande dès maintenant.