Débarquée en terre étrangère il y a 4 mois (avec l’impression que ça fait bien plus que ça), je tente d’être moi dans un milieu qui ne ressemble pas à celui dans lequel j’ai vécu les presque 500 mois (ça fout les jetons, hein ?) qui ont précédé ce voyage.
La Nouvelle-Zélande fait la moitié de la France en superficie. Une population équivalente à celle de la France serait donc de 30 millions d’habitants. Les Kiwis sont 4 millions, dont 1,5 agglutinés sur Auckland, ce qui laisse le pays tout entier aux 2,5 millions qui restent. Imaginez (et rêvez…), la France avec seulement 8 millions d’habitants, dont 3 entassés à Paris.
L’espace individuel n’est jamais menacé ici, il y a de la place pour tout le monde. En plein été (janvier est le juillet-août de l’hémisphère sud), beaucoup de plages sont quasi-désertes. Grillés sous le trou de la couche d’ozone, quelques promeneurs marchent pieds nus dans l’eau, deux ou trois courageux courent dans les vagues, des enfants font des châteaux de sable. On dirait nos plages normandes au moment des premiers rayons printaniers, lorsque seuls les amoureux fous du ressac les arpentent en bravant les derniers frimas. Il y a tant de nature disponible ici et si peu de monde... Comment ne pas être plus relax ? Comment ne pas avoir envie de sourire aux inconnus ?
Alors que jusque-là, bien que
consciente de ronchonner plus souvent qu’à mon tour, je n’avais prêté attention que d’assez loin à ma façon de réagir, au cœur d’un univers si paisible, chaque montée de « grogne »
résonne en moi comme une incongruité, une dissonance, une fausse-note qui me stoppe net dans mon élan,
Personnellement, par chance peut-être, ce genre de choix ne m’a jamais posé la moindre difficulté. Une force inconnue, toujours, me pousse vers l’avant. Râleuse invétérée, reine de la critique qui tue, me voici donc aux antipodes, étrangère à moi-même, en train d’apprendre la patience et, par voie de conséquence directe, l’indulgence. C’est-y pas beau tout ça ? Après tout, n’ai-je pas commencé cet exercice en l’appliquant à moi-même il y a quelques semaines ? (cf. « Le tyran intérieur »).
Je n’ai jamais cru à cette histoire de caractère défini une fois pour toute, parce que je l’ai toujours considérée comme injuste. Et les aléas de ma vie m’ont souvent démontré qu’en effet, cette théorie ne tient pas la route. Aujourd’hui encore, preuve est faite que rien, jamais, en nous, n’est déterminé, fini, achevé tant que nous ne sommes pas morts. Et ça vaut pour chacun de nous.
Allez, je vous confie une de mes devises secrètes : la prise de conscience d’un problème est toujours le premier pas vers sa solution.
FIN