Je n'ai pas l'habitude de ce genre d'exercice (et pourtant j'ai un bac littéraire... je devrais...), mais comme j'en ai un peu parlé (en l'attendant et quand je l'ai enfin reçu), et que je n'ai pas été déçue, je vais te causer un peu du livre "the Heroin Diaries". (ON m'a dit que je pouvais le faire sans flinguer ma ligne éditoriale consacrée au portnawak ;-)))
Tu peux partir, si tu veux.
Me voilà donc, alors que je n'ai pas 10 secondes de calme d'affilée, avec un bouquin de 413 pages et une énoooorme envie de le lire.
Ok, ce n'est pas écrit tout petit tout serré. Mais c'est en anglais. Ça compense. Il serait facilement traduisible en français, mais il faudrait encore que ce genre de livre ne soit pas considéré comme une apologie de la drogue ce qui, vu les gens qui nous gouvernent, n'est pas pour demain.
Côté look, je te laisse jeter un oeil sur la couv'. Du noir, du blanc et du rouge. Des dessins hallucinés inspirés des textes, quelques -mais vraiment pas beaucoup de- photos d'époque en n&b (ce n'est pas un livre de souvenirs ni une biographie au sens habituel), un look général entre punk et grunge en parfaite harmonie avec ce qui émane du journal de Nikki Sixx.
Ce livre raconte donc la "vie" du bassiste de Mötley Crüe de noël 86 à noël 87 (date à laquelle il a été déclaré mort... quelques minutes) à partir du journal intime qu'il tenait.
Sixx et Ian Gittins auraient pu se contenter de copier-coller les textes -retrouvés sous une pile de souvenirs d'époque, quasi par hasard- et de broder dessus, en mode "entretien". J'avoue que je craignais un peu la plongée abyssale en apnée... Lire le journal intime de quelqu'un d'autre est une chose qui me dérange, en temps normal. Qu'il ait hésité entre tout balancer à la poubelle et tout publier me semble logique. Raconter, des années après, une partie de sa vie "d'avant", régie par les drogues est une chose, mais faire ressurgir du passé des sensations et des pensées qu'on avait oubliées, voire éliminées, est un exercice périlleux: autant éviter de tomber dans la production d'une bouse tabloidesque à la Halperin, non?
Tout d'abord, le recul pris par Sixx et Gittins, qui ont choisi de tout livrer sans censure (le journal ET les réflexions qu'il a inspirées aux divers protagonistes qui ont eu les couilles -si, si- de participer au livre et n'avaient pas nécessairement des choses sympas à dire) et l'absence totale de jugement sont pour moi un atout majeur.
Ensuite, la structure même du livre permet une compréhension "en douceur" de ce qu'on lit. Ce n'est pas scolaire, mais ça pourrait très bien l'être. On est "accompagné" tout au long de la lecture du journal par des explications, des souvenirs (ou l'absence de souvenirs), des anecdotes, des mises au point (g) qui permettent de souffler et de ne pas se laisser envahir par la noirceur, la tristesse et la paranoïa qui vous sautent parfois à la figure.
Et parfois, tu pouffes. Ou tu ris. Mais rarement en lisant les textes du passé. Certains passages ne manquent pas d'humour, mais la différence entre l'humour d'un junkie de 29 ans et celui d'un mec sobre de 48 qui a maté ses démons, c'est qu'il y en a un des deux qui n'est pas pathétique.
Toute la partie "journal" est un vortex irrésistible, fait d'une succession de trash, de shoots, d'espoir, de déni, de colère, de tristesse, de lucidité, de désespoir. On a envie de croire ce qu'il dit, tellement il y croit lui-même, tout en sachant qu'il finit par mentir même à son propre journal intime. Les passages "modernes" remettent les choses en perspective, comblent les vides du journal, permettent de reprendre pied dans la réalité.
Glam-rock? Tu parles! Rock n' roll, oui, punk rock, aussi, glam, certainement pas. Aucun glamour. S'il y a un texte qui enlève toute "magie" à la drogue, c'est bien celui-là. En même temps, c'était un peu le but de sa publication. Montrer tout. Sans tabou et sans jugement (je sais, je me répète, mais ça, ça me parle!).
(Note que les bénefs de la vente de ce livre sont entièrement reversés à une assoc créée par Sixx pour l'accueil des jeunes sans domicile.)
Mais comment j'ai trop kiffé ce bouquin!!! Plus tu lis, plus tu te dis, sachant que le type est en vie à la fin, "mais comment c'est possible, bordel???". Toutes ces petites horreurs quotidiennes ajoutées les unes aux autres et qui alimentent sa dépression, à moins que ce ne soit l'inverse, et la conscience qu'il a d'appeler à l'aide par moments, tout en sachant que cette aide, il la refuserait... ça fait très sables mouvants, le vertige en plus : tu bouges, tu t'enfonces, tu ne bouges pas, tu t'enfonces quand même. Tu retiens ton souffle et tu te dis que c'est des conneries et que le type a chopé des trucs au passage, qu'il est en sursis aujourd'hui... même pas. Tu finis par te rendre comptes que c'est en fait un livre d'espoir, parce-que revenir de là, franchement, ça tient du miracle... Et revenir de là intact, c'est juste impensable.
Un prologue t'expliquera, rapidement en quelques lignes et sur 3-4 pages ce qui s'est passé entre décembre 87 et 2006, date de l'écriture du livre. Non, le miracle ne s'est pas produit alors. Le miracle a hocqueté, calé, redémarré, re-calé, re-démarré...
And now, for something a little different:
What I didn't like (no really, no big deal): the fact that the persons who knew Sixx before he was "Sixx" (mother, sister, grand-father) refer to him as "Nikki" when they bring their own memories to the piece. Back then he was known as "Frank" (or Frankie, or whatever they would call him) and there is no fucking way they can remember saying "Nikki this...", "Nikki that..." when he was a child. It's a lack of accuracy, not something out of line.
The other thing that bugs me in the book is the AA blahblah about the "greater power" that's supposed to help you outta your addictions... Refering to this (God or whatever you think there is out there that outstands you) seems to me as if you are waiting for something external to you to help you out... and blaming an outer "power" (Satan?) when you fail... Take that responsability away from me, I didn't do anything wrong, there's a greater power above me that rules everything... I am innocent... Fuck that.
Hey, I had to find something to balance all the good I think of those Diaries... ;-)
Et pour terminer sur une note inattendue et qui n'a (presque) rien à voir:
Mouah: Waow! J'ai fini le bouquin! 400 pages en moins de 36 heures, quand même!
ChériChéri: ben, t'as que ça à foutre... (sic)
Mouah: *envies de meurtres*
PS: oui, celui-dont-on-ne-prononce-pas-le-nom-en-janvier est mentionné dans le livre et franchement, aucune surprise pour moi #javaisraison