Magazine Journal intime

Indiana Jones et le bus maudit

Publié le 29 janvier 2010 par Anaïs Valente

Prendre le bus, c'est tous les jours une nouvelle aventure.

Regardez (enfin, imaginez), aujourd'hui par exemple...

Déjà, il faut braver la tempête, la pluie, la pseudo-neige qui fait rien que fondre sur le sol et devenir molle, les trottoirs constellés d'un magma gluant aussi glissant qu'une patinoire et le vente.

Une fois à l'arrêt, il faut attendre, parmi une foule en délire qui attend aussi.  Le slogan du bus c'est « le bus, c'est pas la jungle », et pourtant, on s'y croirait.  Quand le bus arrive, tous se pressent pour entrer premiers.  Moi aussi d'ailleurs. Passque j'ai fermé mon parapluie pour pas éborgner la foule.  Donc ça pleut sur ma superbe mise en plis du matin.  Alors on pousse.  Et puis on attend, passqu'il y a toujours quelqu'un pour tenter de glisser une carte périmée dans l'appareil magique, et passqu'il y a toujours des gens qui paient en liquide.  Moi je suis pour la priorité aux abonnés, qu'on se le dise.

Une fois à l'intérieur, faut choisir un siège.  Et moi je préfère être dans le sens de la marche, passque je peux lire.  Dans le sens inverse, c'est trop vomitif pour lire.  Aujourd'hui, je devais pas être réveillée, car j'ai boudé une place unique dans le bon sens pour m'installer sur une place double dans le mauvais sens.  Place immédiatement squattée par une seconde personne (normale, c'est un siège bi-place), assez encombrante, pleine de sacs, de GSM, d'iPod et d'autres trucs.  Me voilà serrée comme une sardine dans une boîte ayant rétréci au lavage, et en marche arrière, qui plus est.

Et c'est parti mon kiki. 

Le bus, c'est l'aventure.

Mais l'aventure démarre surtout lorsque les portes refusent de se fermer.  Enfin, si, elles se ferment, mais l'ordinateur de bord (ou la boîte noire, qu'en sais-je), envoie un message « portes non fermées, alerte, portes non fermées, bus pas pouvoir démarrer ».  Le tout agrémenté d'un biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip strident.  Et le bus ne peut démarrer.  Un bus tout neuf, dixit son chauffeur.  Chauffeur qui se lève, ouvre son « guichet », le referme, vient ouvrir la porte, repart à son poste, referme son guichet (préalablement rouvert, of course), et referme les portes à distance.  Mais l'ordinateur de bord recommence.  Et le biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip aussi.

Les passagers commencent à s'inquiéter.  Moi pas, chuis à un arrêt de mon arrivée, donc je marcherai, dans le pire des cas, dans les congères, sur la neige molle et glissante, jusqu'au bureau.  Une aventure je vous dis.

Le chauffeur recommence sa tournée, ouvrir guichet, refermer guichet, ouvrir porte, fermer porte, ordinateur pas contente.

Et c'est là que son côté aventurier sans peur et sans reproche renaît de ses cendres, tel le Phoenix des hôtes de ces bois (oui, bon, là, je mélange un peu tout, c'est clair).  Il s'élance, comme un guépard le ferait sur sa proie, sur le sol du bus, devant la porte incriminée, et saute de toutes ses forces, tel un orang-outang devant un bananier plein de fruits à faire tomber. 

Et le miracle se produit.

Le biiiiiiiiiiiip s'arrête.

On démarre.

Arrêt suivant.

Je descends.

Et le bus ne redémarre pas.

Enfin pas tout de suite.

J'ai le temps de faire cinq cents mètres avant qu'il me dépasse.

Je ne saurai jamais ce qu'il est advenu de ce nouveau bus en détresse, de ce chauffeur aventurier et de ses passagers angoissés.

Je vous le disais, le bus, c'est l'aventure à chaque carrefour.



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